Réunis en session les députés catalans de toutes appartenances ont participé au congrès provincial cette semaine pour désigner le candidat potentiel à la Présidence du Gouvern catalan en vue des prochains jours.
Carles Puigdemont semble admettre son incapacité à mener le combat politique depuis la Belgique avec un réseau local de députés désignés pour représenter le Gouvern en exil ou un gouvernement insolite de la Catalogne à distance et hors des frontières espagnoles.
Le choix de Jordi Sanchez, second et proche de Carles Puigdemont pour l’heure en prison préventive depuis octobre 2017, est retenu pour une élection prochaine au sein du parlement catalan.
Une manière de sauver la mise sans se démarquer de Carles Puigdemont ni se confondre avec sa personne.
Mais pour les constitutionalistes espagnols représentés par le PP, Cds et le PSOE, la proposition semble irréelle, virtuelle ou utopique.
Les régionalistes de Junts per Cat, de la gauche républicaine, de la Cup qui disposent de la majorité des voix au parlement catalan pour assurer cette élection au final se maintiennent dans leurs choix premiers pour assurer un soutien formel au président en exil, et une disposition favorable à Jordi Sanchez.
Mais ce dernier en prison effective disposera-t-il du droit d’aller au parlement soutenir son programme politique ?
Non jugé mais toujours soumis aux accusations judiciaires ayant conduit plusieurs députés réélus mais sous main de justice à rester en prison, Jordi Sanchez semble poser un problème aux politiques qui l’ont choisi, et aux juges qui ne souhaitent mêler la procédure en cours et les déclarations politiques de cette semaine.
Une situation étrange d’immobilité institutionnelle que le Tribunal Pénal ne veut entériner pour ne pas être accusé à son tour d’entraver la liberté des députés élus au parlement le 21 décembre 2017, mais qui laisse aux juges le pouvoir de décision ultime pour faciliter le cours et la marche du parlement catalan sans renoncer à leur travail et aux procès en cours des prévenus en Espagne et à l’étranger.
Dans cette lutte pour la gouvernance catalane aucun parti ne veut céder ni chez les constitutionalistes ni chez les indépendantistes mais les deux blocs s’unissent lors des votes contre leurs adversaires pour se diviser encore entre eux quand il s’agit de désigner les députés susceptibles d’obtenir les portefeuilles des ministères du gouvernement catalan.
Depuis quelques heures des noms sont cités pour tous suite à d’âpres discussions entre les partis, sans antécédent judiciaire avec le référendum interdit du premier octobre et les élections tenues le 21 décembre dernier.
Les anciens titulaires de ces fonctions politiques sont remplacés, pour les raisons judiciaires en cours, et le champ des perspectives probables de désignation des nouveaux élus entre dans le cours des semaines à venir.
A Madrid la Vice Présidente du Gouvernement espagnol Soraya de Santamaria parle de “victoire acquise par l’Espagne” sur les tentatives sécessionnistes des indépendantistes les plus radicaux.
Mais nul n’est dupe qu’au delà du scénario catalan en cours de solution, les prochaines batailles électorales en Espagne se profilent déjà entre Ciudadanos en nette progression et le PP, le PP et le PSOE, qui se toisent ouvertement sur les plateaux de télévision en vue des campagnes politiques à venir de 2019.
Ainsi va l’Espagne dans son rapport centralisateur et décentralisé du pouvoir à l’aune des partages des tâches et des ambitions des partis, qui jouent ainsi leur propre avenir !
Pour aller plus loin :
- Election du Président de la Catalogne - du virtuel au réel...
- Le jour de l'élection du Président de la Catalogne
- Une vieille histoire partagée entre la Belgique et la Catalogne
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Justice et Politique, en dissonance en Catalogne