Un prêtre à la tête de l’université de Strasbourg ? Eh oui, le père Michel Deneker, professeur de théologie et prêtre catholique, a de très bonnes chances d’être élu aujourd’hui président d’université, ce qui serait une première en France. La séparation de l’Église et de l’État n’est nullement un obstacle à une telle décision. Il est vrai que nous sommes en Alsace, qui ne vit pas sous le régime de la loi de 1905, ce qui explique qu’il y ait une faculté de théologie dans le cadre de l’université de Strasbourg, comme c’est la règle générale en Allemagne. Voilà qui déplaît d’ailleurs à toute une opposition qui se dresse contre la nomination du père Deneker. Ce serait, selon le syndicat national de l’enseignement supérieur, « une entorse supplémentaire au principe de la neutralité des services publics ».
Mais ce type d’objection est purement idéologique. Même hors d’Alsace, il ne pourrait pas être invoqué à titre juridique. Selon les spécialistes, les principes de la laïcité n’interdisent nullement l’accès des prêtres à des fonctions universitaires. Et cela vaut autant pour des pasteurs protestants, des rabbins ou des imams. D’ailleurs, l’intéressé est vice-président de son université depuis huit ans et exerce la fonction de président par intérim depuis septembre, sans aucune difficulté. Mais ce cas singulier est bien intéressant à considérer dans le climat actuel, où la question de la laïcité est sans cesse soulevée dans le débat public.
Interdire une fonction publique à un ecclésiastique ce serait attenter au principe de neutralité, invoqué par certains. Et il est proprement ridicule de dénoncer une prétendue allégeance au Vatican, qui nuirait à l’université publique. Pourquoi alors ne pas interdire toute appartenance politique, intellectuelle, forcément de nature partisane ? Que dirait-on d’une bronca dirigée contre un président d’université au titre de son appartenance à la franc-maçonnerie ? Les mêmes qui protestent aujourd’hui seraient les premiers à s’indigner. Prêtre ou pas, la seule question est de savoir si le président de l’université de Strasbourg remplira ses fonctions avec la compétence nécessaire.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 décembre 2016.
