Hier 9 juin, le président des États Unis s’est adressé à l’Association Catholique de la Santé. Oui, même si des dérapages d’Obamacare ont inutilement violé des libertés catholiques, tentent de redéfinir le domaine de santé des femmes en y incluant l’avortement et autres pratiques, et, échappant à tout contrôle, cherchent à subordonner au gouvernement fédéral ces associations à caractère médical, l’Association Catholique de la Santé (Catholic Health Association) a souhaité la bienvenue au Président lors de son rassemblement annuel.
Mais laissons celà de côté pour l’instant — et laissons aussi de côté la complicité dans l’adoption de la loi sur la protection sociale d’une honteuse liste de catholiques avec des noms tels que Pelosi, Sebelius, Biden, Mary Landrieu [Ndlr : Démocrate, négociatrice du « Louisiana Purchase » (achat de la Louisiane) nouveau style, obtenant pour la Louisiane des subsides vingt fois supérieurs à la norme en échange de son vote au Sénat — allusion à la vente de la Louisiane par la France en 1803], et des innocents tels que le député Bart Stupak, un pro-vie catholique qui croyait que la nouvelle loi sur la santé allait tenir compte les préoccupations des catholiques — et a démissionné du Congrès peu de temps après, désabusé.
Mais nous ne devrons pas oublier Sœur Carol Keenan, Fille de la Charité et directrice générale de CHA, qui pourrait bien être la première à recevoir un Prix du Suicide Catholique. En effet, c’est elle qui a offert à Obama l’occasion de parler, alors qu’il a certainement à son débit d’être l’un des présidents américains les plus anti-catholiques qui ait jamais existé. Elle s’est extasiée sur le « privilège » d’avoir pu « travailler avec » notre despotique chef de l’exécutif.
Les gens qui travaillent dans le domaine de la santé publique veulent faire progresser le système. Mais Soeur Carol n’est pas la seule parmi les catholiques a ignorer que les accords avec le gouvernement devraient avoir une contrepartie. Il se peut aussi que ces gens-là ne considèrent pas comme important en échange un retour qui irait dans le sens de l’Église catholique. En tout cas, nous aurions pu — et pourrions encore — avoir des réformes concernant la santé sans violer systématiquement les libertés religieuses. Et peut-être même sans avoir à tolérer l’intrusion du gouvernement fédéral dans tous les coins et recoins d’une activité qui touche l’intimité de nos vies — ce qui va certainement se radicaliser, étant donné l’implication croissante du niveau fédéral au cours du temps.
Mais venons en aux faits. Quels furent les propos du Président lors de la réunion de l’Association Catholique de la Santé. Et pourquoi ? À son idée, il venait présenter Obamacare comme un « succès moral et concret ». Pour d’autres, le point de vue est bien différent et ils ont raison.
Comme les 55% d’Américains qui n’y croient pas non plus. Le premier déraillement du monstre concocté à la hâte et promulgué en catimini s’est produit avec le désastreux lancement du site internet, puis des retards successifs à élaborer différentes « règles » qui auraient entrainé de nouveaux déraillements, des embouteillages gigantesques et des catastrophes aériennes.
Tout celà était supposé rendre les soins médicaux plus accessibles et abordables, deux objectifs louables. Mais dans la hâte de faire passer quelque chose, n’importe quoi, ce qui en est sorti n’est pas net, avec un système de contrôle tout-à-fait byzantin. Les mutuelles américaines, loin de pratiquer des prix raisonnables, vont devoir encore augmenter leurs tarifs, de plus de 50% dans certains États comme le Minnesota, pour compenser leurs pertes depuis que la loi a été mise en vigueur.
Et ce 9 juin, juste avant que la Cour Suprême ne fixe la règle des aides de l’État (on en dira plus ci-après), le Président, s’est rendu auprès d’une association catholique de protection de la santé, plus ou moins pour y trouver un appui, et, soyons francs, afin de menacer la Justice si les juges mettaient tout le système par terre.
Plus tôt cette semaine, il a déclaré que la Cour suprême ne devrait même pas s’occuper de l’affaire, comme si les hommes et les femmes de la Cour n’avaient pas leurs propres prérogatives constitutionnelles et le droit de les utiliser comme ils l’entendent.
Si vous n’avez pas suivi la polémique, l’acte économique de protection sociale (« Obamacare ») a encouragé les États a mettre en place une couverture sociale de substitution pour les personnes non couvertes par une compagnie d’assurance. Si les États refusent ce « système » — et 37 sur 50 ont choisi de ne pas l’appliquer — ils devraient renoncer aux subventions fédérales pour leurs citoyens. Les 37 Etats ont refusé car le contrat n’était pas si avantageux. L’États fédéral payerait moins et les États davantage avec le temps. Donc, le « système fédéral » a été mis en place dans ces États. Cependant, le « système fédéral » n’est pas assimilable à des subventions selon les termes du projet de loi sur la protection sociale.
Nous faisons si peu attention que, dans l’attente de la décision [de le Cour Suprême], presque tous ont oublié le Professeur Jonhatan Gruber, de MIT (Institut de Technologie du Massachusets), conseiller de l’Administration sur les questions de protection sociale, qui clamait que diverses tromperies avaient été pratiquées, en pleine connaissance de la Maison Blanche, « en raison de la stupidité des électeurs Américains ». Insistant là-dessus, il reconnaissait : « L’important en politique est de se rappeler que si un État ne met pas le système en œuvre ses citoyens n’auront pas de détaxes.» Ce qui montre que l’intention est bien ficelée.
Quant à la sentence, il est difficile de dire ce que la Cour Suprême va décider, on le saura dans quelques semaines. Si elle accorde une gigantesque importance à « Obamacare » ou si elle renvoie cette question spécifique au Congrès, dans tous les cas, cela renforcera l’opinion publique selon laquelle l’administration américaine a été soumise à l’un des changements les plus fondamentaux dans l’histoire récente de ses lois. Combien sommes-nous à présent à vivre sous un système dans lequel le Président utilise capricieusement son pouvoir non seulement contre les véritables traditions américaines comme la liberté de religion, mais de façon éhontée refuse d’avouer ce que son propre peuple sait être de ses intentions en imposant l’Obamacare, quand cela l’arrange.
On cite souvent la main-mise par le gouvernement d’au moins un sixième de l’économie avec l’Obamacare. Mais les questions économiques sont loin d’être les plus graves. En promulgant les règles obligatoires du Ministère de la Santé qui contraignent les organismes religieux à couvrir des procédures médicales considérées comme contraires à la morale, le Président — ancien professeur de Droit Constitutionnel — trouve que la « santé » des femmes est fondamentale, apparemment plus importante que le Premier Amendement pour la protection de la liberté de religion. Le Ministère de la Santé a cependant insisté sur ces législations absurdes qui contraignent des organismes tels que les Petites sœurs des pauvres. Selon sa revue interne, les « systèmes » fédéraux devraient faire partie de la loi originelle sur la protection sociale, bien qu’aujourd’hui aucun mot ne le mentionne dans le texte écrit à de la loi.
Mais rien de tout cela n’importe puisque notre président se sent moins concerné par les règles de loi que par le pouvoir de la parole contre la vérité.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/10/mr-obama-speaks-power-to-truth/
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Photo : Sœur Carol Keehan accueille le Président Barack Obama.