Ajouter mon commentaire à tous ceux qui se sont accumulés, depuis les résultats des élections d’hier, n’ajoutera pas grand-chose aux enseignements politiques à en tirer. Simplement, les bouleversements qui ont eu lieu et qui modifient très sensiblement les équilibres institutionnels, sont surtout significatifs de mutations profondes du pays. Pour la première fois, le président de la République ne profite pas des conséquences de sa victoire. Le côté positif de cette contre-performance est sans doute une représentation plus équitable du pays, qui correspond à sa sociologie réelle. Cela nous promet d’ailleurs de belles joutes oratoires, entre les représentants du bloc de gauche mélenchoniste et du bloc souverainiste de Marine Le Pen.
Ceux qui se plaignaient de l’effacement du Parlement et du pouvoir législatif vont sans doute prendre leur revanche. En l’absence de l’écrasante majorité macroniste de la dernière législation, l’exécutif va se retrouver dans l’obligation de négocier âprement ses projets, ses budgets, et même les orientations régaliennes en matière de politique étrangère. Oui, il va être très difficile à Emmanuel Macron de gouverner dans de telles conditions. Il est aussi à noter qu’il va se trouver privé de quelques unes des personnalités les plus fortes de son entourage et de son parti, ce qui n’arrangera rien. Paradoxalement, les partisans du scrutin proportionnel viennent d’avoir satisfaction, puisque, pour cette fois, la représentation nationale va correspondre assez exactement à la sociologie politique et sociale du pays. Mais du même coup, nous risquons de retrouver les conséquences du régime d’assemblée d’autrefois.
Finalement, j’avouerai mon inquiétude personnelle quant au traitement futur de ce qu’on appelle les questions sociétales, avec le renforcement des tendances idéologiquement les plus extrémistes. Une nouvelle page de l’histoire de la Ve République s’ouvre dans un contexte de crise internationale. Moins que jamais l’esprit civique et l’esprit de la résistance spirituelle ne doivent nous faire défaut.