La principale information d’hier, d’évidence, c’était la condamnation de Nicolas Sarkozy a trois ans de prison dont deux avec sursis. Quels que soient les motifs de cette condamnation que je n’analyserai pas ici, sa seule symbolique est terrible. Il y a, bien sûr, le précédent de Jacques Chirac lui aussi condamné, alors qu’il avait quitté la politique. Mais le cas Sarkozy frappe beaucoup plus l’imagination, parce qu’il n’est pas vraiment un retraité de la chose publique et parce qu’il demeure une des figures de proue parmi nos responsables de premier plan. Et les choses s’aggravent lorsqu’on précise comment il pourrait être dispensé de la prison. Quelle incroyable humiliation pour un ancien président de la République que de devoir porter un bracelet électronique, qui le mettrait sous surveillance judiciaire comme n’importe quel délinquant ordinaire !
Quiconque a la moindre conscience civique, le moindre respect de l’intérêt général, devrait lui-même ressentir comme une humiliation le fait qu’une personnalité qui a assumé les responsabilités nationales suprêmes, soit exposé, notamment face à l’étranger, comme quelqu’un de déshonoré. Je sais bien qu’il y a l’appel qui donne la possibilité de recouvrer au moins provisoirement sa présomption d’innocence. Le coup porté n’en est pas moins rude.
Reste, il est vrai, la raison de la condamnation. Est-elle pleinement justifiée ? Si un second jugement abolit le premier, on pourra gloser sur les incertitudes de la justice. Et s’il s’agit d’une confirmation, on pourra s’interroger sur la toute puissance d’une instance supérieure au pouvoir politique. L’affaire Fillon donnait déjà beaucoup à penser sur le sujet. On peut, certes, se féliciter de la primauté de l’État de droit. Mais lorsque l’ancien premier magistrat se trouve au banc du condamné, ce n’est pas une belle journée pour le pays.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 mars 2021.
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