Le drame qui s’est produit à Stains, en Seine-Saint-Denis, le dimanche de Pâques, a forcément impressionné l’opinion pour diverses raisons, la première étant qu’on ne s’attend pas à cela un tel jour où la vie se trouve exaltée et en un tel lieu consacré. Il est vrai que le même jour, au Nigeria, d’autres tragédies entraînait la mort de plusieurs dizaines de chrétiens dans deux églises à la suite d’un attentat islamiste pour l’une et d’un violent orage pour l’autre. Mais cet accident qui s’est produit chez nous a attiré l’attention sur l’existence d’un mouvement évangélique devenu ces dernières années une réalité massive à l’intérieur de la mouvance protestante. À l’heure où j’écris cette intervention, on déplore deux victimes, un enfant et une adulte, et on s’interroge sur la responsabilité du pasteur et du propriétaire de l’immeuble dans l’effondrement du plancher, sous le poids de la centaine de participants de ce culte de Pâques.
La fédération protestante de France est venue soutenir cette communauté qui est pourtant marginale, même à l’égard des évangéliques. Ce n’est pas la première fois que l’attention des pouvoirs publics est sollicitée à propos de la difficulté de trouver des lieux appropriés pour la prière et le rassemblement de ce type de chrétiens. Puisqu’il s’agit de la Seine-Saint-Denis, il est vraisemblable que beaucoup de maires se trouvent désorientés par ce phénomène inédit de nature religieuse, surgi spontanément là où on ne l’attendait pas. J’ai souvenance d’un ancien édile d’une ville très importante du 9-3 qui avait eu maille à partir avec des évangéliques auxquels il avait rendu une visite plutôt brutale. Eh oui, il n’y a pas que l’islam à poser des problèmes d’implantation dans ce qu’on appelle les quartiers, il y a désormais ces chrétiens improbables. Ceux de Stains sont pour la plupart d’origine haïtienne et ils ont retrouvé chez nous des formes de convivialité religieuse pratiquées dans leur ancien pays.
Il s’agit évidemment de prévenir ce genre d’accident, en trouvant des lieux d’accueil dignes de leur fonction. Par ailleurs, les protestants « classiques » sont bousculés par ces nouveaux venus, mais nous aussi, catholiques, devrions l’être par le dynamisme de ces chrétiens qui mordent en certains pays, comme le Brésil, sur les fidèles de notre Église. Le problème est moins celui d’une concurrence gênante que celui d’une foi vivante et de communautés accueillantes.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 11 avril 2012.
Pour aller plus loin :
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