Le Permis de tuer n'est pas passé - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Le Permis de tuer n’est pas passé

Le jeudi 19 novembre à l’Assemblée Nationale, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, a demandé « la réserve du vote », mesure technique qui a reporté une partie du débat au mardi 24 novembre en le mettant ainsi à l'abri de tout problème de majorité. Les députés socialistes ont quitté l'hémicycle pour protester contre cette décision. Même si on peut comprendre que l'Opposition n'apprécie pas d'être ainsi frustrée de l'usage des nouveaux droits que lui a accordés la dernière réforme de la Constitution, on doit se féliciter de la fermeté du gouvernement en une matière où le Parti socialiste a vraiment eu le grand tort, comme a dit Christine Boutin, de vouloir « se refaire une santé en fragilisant toute notre société ». F.A.
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Le 19 novembre dernier a été présenté à l’Assemblée Nationale un nouveau projet de loi pour légaliser l’euthanasie dans notre pays, porté par le député du socialiste Manuel Valls. A la « loi Léonetti » sur les soins palliatifs du 22 avril 2005, que beaucoup considéraient comme un point de maturité sur la façon de traiter les malades en fin de vie, veut ajouter la possibilité de demander une « assistance médicalisée pour mourir dans la dignité ». Autant dire le « suicide assisté », c’est-à-dire, pour parler net, instaurer dans la loi un « droit de tuer ».

Cet acharnement à vouloir à toute force ajouter dans la loi la possibilité de l’euthanasie active est parfaitement illégitime, et en plus tout à fait étonnante. Il repose sur une prétendue attente de l’opinion publique, exprimée à travers des enquêtes d’opinion qui doivent sans doute leur résultat bien plus à l’émotion suscitée par quelques situations très tragiques et très médiatisées, qu’à une réelle demande de faire entrer dans la loi la possibilité de demander à quelqu’un de vous tuer. Mais cet acharnement se nourrit bien plus encore de quelques torsions inacceptables.

Une conception de la dignité humaine faussée, pour commencer. Cela a d’ailleurs été rappelé pendant les débats. Deux idées s’affrontent ici : celle selon laquelle la dignité humaine serait inconditionnellement attachée à la personne humaine, quelles que soient ses conditions de vie, et celle selon laquelle des conditions de vie détériorées pourraient affranchir le patient lui-même et celui qui met fin à ses jours de toutes les obligations habituellement attachées à la personne. Il faut ici marteler que la dignité est une qualité intrinsèque à l’espèce humaine, un point c’est tout, et que c’est au nom de cette qualité que nous devons à tout homme la protection morale et juridique de sa propre vie.

Une confusion dans l’organisation de la santé publique, pour continuer. Le rapporteur socialiste s’est évertué à démontrer que l’euthanasie active est compatible avec la propagation des soins palliatifs, qui constitue un objectif important de la santé publique. C’est un mensonge : comment concilier accompagnement et provocation de la mort ? comment faire cohabiter dans les mêmes bâtiments, parfois les mêmes couloirs, des chambres d’accompagnement et des chambres à euthanasie ? comment former les mêmes personnels de santé publique à ces deux attitudes parfaitement contradictoires ? Non : l’euthanasie active est contraire à tous les principes et à toutes les pratiques de soins palliatifs. Il faut le répéter.

Un troisième problème très lourd concerne la responsabilité de ce  « permis de tuer » : qui portera celle-ci, du personnel médical, du médecin spécialiste ou généraliste, de l’entourage familial en cas d’incapacité de discernement de la personne malade ? Qui sait ce qu’une telle décision engendrera de culpabilité, de détresse personnelle devant un tel acte à assumer, avec le cortège des conséquences psychiques probables ? Il est surprenant que de telles questions n’aient été que très peu traitées dans le débat du 19 novembre : à considérer l’euthanasie active comme un complément normal de l’offre de santé publique, les socialistes ont trouvé normal de missionner les médecins pour mettre fin aux jours des patients. C’est peut-être cohérent, mais c’est inacceptable !

D’autres pays ont effectivement légalisé l’euthanasie. Mais l’on dispose aujourd’hui d’un « retour sur expérience » qui prêche en faveur d’un refus catégorique d’une telle loi. Des dérives constatées, des peurs engendrées chez les personnes malades ou diminuées qui craignent pour leur vie et se voient obligées d’écrire des « testaments de vie » !!! Est-ce cela que nous voulons pour la France ?

Raisonnablement non. L’excellente loi sur les soins palliatifs a apporté des réponses satisfaisantes pour accompagner les malades et leur fin de vie. Il reste que la loi Léonetti demande à être mieux comprise, mieux appliquée par les médecins et le personnel soignant, qui doivent être mieux formés pour accompagner ceux qui souffrent. C’est là l’enjeu de notre humanité, de pouvoir faire face jusqu’au bout, à notre condition d’homme.

J.F. P.

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Nous invitons nos amis à consulter l’intégralité des débats parlementaires du 19 novembre en cliquant ici :

http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2009-2010/20100059.asp