La mort du père Denis Sonet, à l’âge de 89 ans, a endeuillé les personnes innombrables qui ont eu recours à son ministère : couples de tous les âges, célibataires, adolescents… Qui, dans l’Église de France, n’a pas entendu au moins une fois, sinon lors d’une session du CLER (Centre de liaison des équipes de recherche – Amour et Famille), du moins sur les radios catholiques, cette voix amicale, proche, chaleureuse, parfois gouailleuse ? Denis Sonet savait faire passer son message avec les ressources étonnantes des dons qu’il avait reçus et cultivés. J’ai moi-même le souvenir d’une session où j’ai fait inopinément sa rencontre. Sans doute était-il déjà un nom dans ma tête, mais sa présence s’est imposée de telle façon qu’elle est restée gravée en moi. Il n’était déjà plus tout jeune, mais précisément, tout le poids d’expérience de son ministère conférait une autorité à ses propos ainsi qu’une densité qui tenaient en haleine. De plus, il avait un talent d’orateur qui lui permettait de passer d’un registre à l’autre avec une facilité déconcertante. Un de ses collaborateurs expliquait en riant qu’il était tout à fait capable de rivaliser avec de Funès, ce qui ne l’empêchait pas dans la séquence suivante d’emmener son auditoire dans une envolée de la plus authentique mystique.
Le père Denis Sonet donnait le sentiment d’un sacerdoce pleinement accompli, alors qu’il avait vécu dans une période de crise. Crise à laquelle il n’avait pas échappé lui-même, mais qu’il sut traverser, en comprenant que sa vocation lui conférait la grâce d’accomplir pleinement son humanité. Passer de l’enfance à la maturité sans abolir l’esprit d’enfance, comme le pensaient Thérèse de l’Enfant-Jésus et Bernanos. Quant à l’amour dont beaucoup de ses frères se pensaient frustrés au moment de la vague des départs de l’après-soixante-huit, lui en découvrait toute la beauté et la richesse, en vertu de sa situation de médiateur, de pasteur, de confident. Son charisme personnel lui permettra de se saisir de toutes ses harmoniques dans l’éclairage de la foi et d’une connaissance des sciences humaines. Aussi est-ce un sentiment de gratitude profonde qui entoure le départ au Ciel du père Denis Sonet. Lui qui dans une jolie confession avouait que l’enfant qu’il était resté avait gardé « le besoin fou de se jeter dans les bras du Père ». Père évidemment avec une majuscule.
Pour aller plus loin :
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies