Voici un an déjà que Benoît XVI annonçait sa renonciation à sa charge et que le processus de désignation de son successeur se trouvait ipso facto amorcé. Il s’est passé beaucoup de choses depuis lors avec un nouveau pontificat qui a pu surprendre, séduire, mais qui se définit surtout par une inflexible volonté de s’attaquer aux obstacles qui empêchent l’Église de poursuivre librement sa mission. Comme presque toujours, c’est à une image superficielle du pape François que se sont attachés les médias, voulant tout réduire à un pseudo-style « new look », qui transformerait l’évêque de Rome en super-communicant, plus populaire que le président Obama. Que François sache communiquer, c’est une affaire entendue. Sa spontanéité lui ouvre le chemin des cœurs. Mais elle est au service d’une volonté d’évangélisation qui se rapporte à tous les aspects de la vie. Ce qui frappe chez le nouveau pape, c’est son radicalisme évangélique dont la charge est toujours d’une exigence extrême. Là où certains croyaient qu’il s’accommoderait des divagations « sociétales » pour mieux s’ouvrir au monde contemporain, il y a toute chance qu’il s’affirme encore plus « extrême » que ses prédécesseurs.
L’avenir du mariage et de la famille le préoccupe vivement. Il l’a indiqué, de façon lapidaire, dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium : « Dans le cas de la famille, la fragilité des liens devient particulièrement grave parce qu’il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants. » François a trouvé dans la fête de saint Valentin l’occasion de déployer une catéchèse du mariage, et son mode d’intervention est très caractéristique de son charisme pastoral. Cette fête très commerciale se distingue le plus souvent par sa vacuité vaguement sentimentale. Le Pape veut lui donner un sens, en convoquant à Rome une vingtaine de milliers de jeunes gens qui pensent unir leurs destinées, sans que cela corresponde toujours à un projet approfondi. D’où l’utilité de ce moment de réflexion intense, où tout peut être mis en perspective pour donner un contenu à un engagement devant Dieu.
C’est un des paradoxes de l’époque. L’amour humain est partout exposé, il se trouve décomposé sous le scalpel de spécialistes qui entendent démythologiser ses représentations mais n’aboutissent qu’à renforcer le caractère chaotique et labyrinthique des existences. De là un formidable défi que relève déjà l’Église avec des expériences de préparation au mariage. Celles-ci mobilisent nombre de jeunes qui ne se résignent pas au non-sens des vies détruites. Magnifique entreprise que le Pape entend confirmer et propager aux dimensions du monde.
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