La pentecôte romaine a été marquée par une mémorable rencontre de Benoît XVI avec le peuple rom dans la grande salle Paul VI du Vatican. Le Pape a exprimé toute sa sollicitude à l’égard d’un peuple dont le passé tourmenté se prolonge encore par une existence difficile dans l’Europe d’aujourd’hui. On se souvient des polémiques de l’été dernier en France, lorsque certains propos du Pape avaient été interprétés comme une condamnation des expulsions annoncées par notre gouvernement. Ce qui est certain c’est que l’Église catholique porte une attention particulière à cette population qui se réclame massivement du christianisme. Le pèlerinage annuel des Saintes-Maries de la Mer s’est inscrit depuis le XIXe siècle dans l’imaginaire comme le signe d’une appartenance culturelle manifeste.
La rencontre de dimanche a été l’occasion pour le Pape de signaler à l’attention de l’Europe des devoirs qui lui incombent ne serait-ce qu’en raison du drame vécu par les Roms durant la Seconde Guerre mondiale. La présence d’une survivante d’Auschwitz, Ceija Stojka, ne donnait que plus de relief à la parole papale : « La conscience européenne ne peut oublier une telle douleur. Que plus jamais votre peuple ne soit l’objet de vexations, de refus et de mépris. » Certes, les obligations sociales sont réciproques, et le Pape a rappelé que les Roms avaient aussi à pratiquer les commandements et à s’insérer dans le cadre général, en respectant la légalité. Reprenant ses formules de l’été dernier sur « les diversités des peuples et des cultures », Benoît XVI a formulé, une fois de plus, la conception qu’il a d’une Europe réconciliée et plurielle, capable de réussir l’accueil de tous dans son tissu social.
Le fait que la communauté rom a été à nouveau accueillie au centre visible de l’Église catholique constitue un symbole fort de fraternité évangélique. Au-delà des difficultés qui restent à résoudre, la communion ecclésiale offre à tous la garantie supérieure d’une reconnaissance au-delà des frontières géopolitiques et culturelles.