À la fin de l’audience générale d’hier matin, le Pape a mentionné la Journée mondiale des Nations unies contre le sida, qui sera célébrée samedi. « C’est une occasion de rappeler, a-t-il déclaré, que cette maladie cause la mort de millions de personnes et entraîne de grandes souffrances, aggravées dans les régions du monde les plus pauvres où l’accès des médicaments efficaces est très difficile. Mes pensées vont en particulier au grand nombre d’enfants contaminés par leurs mères alors qu’il existe des thérapies pour bloquer cette contagion. Je désire encourager toutes les initiatives qui, dans le cadre de la mission de l’Église, incitent à combattre ce fléau. » Il ne faudrait pas croire que ces propos soient purement circonstanciels ou qu’ils constituent un exercice obligé de nature formelle. La lutte contre le sida est une tâche permanente de l’Église, notamment en Afrique, où elle mobilise des forces importantes, supérieures à celles de toutes les ONG réunies.
Je sais bien qu’à propos du sida, on a voulu mettre en accusation l’Église en général et le pape en particulier, en cachant soigneusement cette réalité. Ce n’est pas la première fois que Benoît XVI plaide en faveur des thérapies pour les enfants, mais aussi pour les adultes. Il est directement renseigné sur le sujet par des congrégations comme les Camiliens qui luttent chaque jour auprès des malades, et sont au fait des besoins médicaux les plus urgents des populations.
Mais je voudrais revenir un instant sur un autre aspect de cette terrible pandémie, l’aspect moral et psychologique au sens fort. Il y a un avant la pandémie, et un après, depuis qu’elle a exercé ses ravages. Il a fallu un certain temps pour qu’on prenne conscience de sa gravité et de son ampleur. Le philosophe Michel Foucault, qui devait en mourir, ne s’était pas aperçu de l’enjeu au début des années 80. On peut dire que le sida a donné au phénomène homosexuel une dimension sociale inconnue jusqu’alors. C’est à ce moment là qu’est née toute une militance pour venir au secours des malades, dont il faut souligner le côté admirable et même héroïque. C’est comme cela qu’est né le mouvement Act-up, qui réunit des personnes homosexuelles solidaires des malades innombrables de leur milieu. Le style agressif souvent déployé par cette organisation est à mettre en relation avec la tragédie qui lui a donné naissance. C’est une raison de plus de ne pas agir inconsidérément dans le grand débat dont nous sommes partie prenante.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 29 novembre 2012.
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