Le Pape en Afrique, et dans le climat de violence actuel, on ne peut s’empêcher de penser que c’est un acte de courage. Au moment où je rédige mon texte, demeure une incertitude sur l’étape de Bangui en République centrafricaine, à cause du degré de dangerosité qui règne dans cette ville. Nos soldats sont toujours présents là-bas, au nombre de 900, qui s’ajoutent aux 12000 militaires et policiers de la force des Nations unies, chargée de rétablir la paix dans ce pays déchiré depuis plusieurs années. Il semblait qu’un certain équilibre avait été rétabli, mais il est à nouveau compromis par des exactions quotidiennes. On peut être d’autant plus inquiet pour François qu’il doit se rendre dans une mosquée, au milieu d’un quartier non sécurisé. Mais c’est en toute connaissance de cause qu’il a décidé cette visite, dans le but de prêcher la réconciliation, notamment entre les religions, en suppliant les uns et les autres de ne pas se prévaloir du nom de Dieu pour justifier leur propre violence. N’a-t-il pas répété récemment, à l’angélus sur la place Saint-Pierre, que c’était un blasphème d’utiliser ainsi le nom divin ?
Dans mes souvenirs de journaliste, il y a des précédents à ce type d’épreuves. Je vois encore l’appareil policier impressionnant qui entourait Jean-Paul II en octobre 1986, lorsqu’il s’est rendu à Lyon, Ars, Taizé, Paray-le-Monial et Annecy. Même les téléspectateurs se sont aperçus de la tension qui régnait dans le service d’ordre en observant la garde rapprochée du Pape. Dès le début, lors du passage inaugural à l’amphithéâtre des Trois Gaules, ou furent martyrisés sainte Blandine et ses compagnons, il était patent que les policiers étaient partout. La France sortait déjà d’une vague d’attentats, sous la cohabitation François Mitterrand – Jacques Chirac. Grâce au Ciel, il n’y eut rien de tenté contre Jean-Paul II, dont tous avaient en tête qu’il avait réchappé miraculeusement aux balles d’Ali Agça, le 13 mai 1981. Les Papes n’échappent pas au tragique de l’histoire. C’est même leur mission que d’affronter l’adversité pour témoigner d’un Dieu de miséricorde et de tendresse.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 novembre 2015.
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