Sait-on que Benoît XVI a consacré tout son message du 1er janvier, traditionnellement voué à la paix, à la douloureuse question de la pauvreté dans le monde ? Non ou du, moins on ne le sait guère, et c’est fort dommage. Que l’Église défende la vie, depuis la conception d’une personne jusqu’à sa mort naturelle, fait partie des messages les mieux répercutés par les médias, même si c’est pour stigmatiser des positions prétendument réactionnaires. Mais que la même institution se prononce sur des sujets d’actualité, comme la mondialisation, la crise économique, la pauvreté, n’est généralement pas répercuté par l’information qui, pourtant, se charge chaque jour de nous dire que nous nous enfonçons dans une grave dépression mondiale. Pourquoi ce silence, alors que l’opinion serait en droit de connaître les analyses et les positions d’une autorité spirituelle qui possède le privilège d »être indépendante par rapports aux États et aux intérêts économiques, et de disposer ainsi d’une rare liberté de réflexion et d’expression ?
Dans son message du 1er janvier 2009, Benoît XVI traite de tous les aspects de la pauvreté contemporaine, en notant comment les enfants en sont souvent les premières victimes et combien est insupportable que se développe aujourd’hui une crise alimentaire qui ne trouve pas sa source dans un déficit de moyens globaux mais dans les difficultés d’accès des plus démunis aux ressources vitales. Le Pape souligne l’importance coupable de la spéculation financière, ce qui nous renvoie au mouvement mondial qui conduit la planète à la récession économique. « La fonction objectivement la plus importante de la finance, celle qui consiste à soutenir à long terme la possibilité d’investissement et donc de développement, se révèle aujourd’hui tout à fait fragile : elle subit les contrecoups négatifs d’un système d’échanges financiers au niveau national et mondial fondé sur une logique du très court terme […] qui devient dangereux pour tous, même pour ceux qui réussissent à en tirer profit dans les périodes d’euphorie financière. »
Benoît XVI insiste sur la nécessité d’accroître les revenus et souligne l’ambivalence du processus de mondialisation. Il doit revenir prochainement sur la question économique et sociale dans une encyclique spéciale qui interviendra de la façon la plus opportune en cette nouvelle année. Mais rien n’empêche de prendre connaissance de ce discours du 1er janvier où le Pape déclare que « combattre la pauvreté, c’est construire la paix ».
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- MESSAGE POUR LA JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918