« Le Monde » fait la leçon au pape - France Catholique
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« Le Monde » fait la leçon au pape

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© Fred Romero / CC by

Le vieux lecteur du Monde que je suis aurait beaucoup à raconter sur les relations de ce quotidien, longtemps qualifié « de référence », avec l’Église catholique. Il fut un temps où son informateur religieux, Henri Fesquet, était presque redouté pour ses chroniques bien informées, mais plutôt péremptoires dans ses jugements. Fesquet n’avait d’ailleurs pas toujours l’aval de son grand patron, Hubert Beuve-Méry, qui parfois, au témoignage du Père Bernard Bro, le censurait lorsqu’il exposait un peu trop ses débats personnels.

Je saisis l’occasion de saluer la mémoire de mon collègue Henri Tincq, qui fut malheureusement victime de la première vague du Covid. Il assuma la succession d’Henri Fesquet pendant de très longues années. Nous ne fûmes pas toujours d’accord. Et j’ai même le souvenir d’un déjeuner où nous nous engueulâmes – pardon pour l’expression – à propos de Jean-Paul II dont il pensait que le règne était fini, alors qu’il se poursuivrait encore une dizaine d’années.

En dépit du côté assez conflictuel de mon appréciation de l’information religieuse au Monde, je me félicite au moins que le poste soit toujours maintenu, alors que trop souvent les médias ont perdu l’habitude d’employer des journalistes qualifiés. Je constate néanmoins que si une tradition se perpétue dans la maison, c’est bien la prétention à faire la leçon à cette pauvre Église, à laquelle le quotidien, fort de sa science supérieure, adresse régulièrement des recommandations comminatoires.

Ainsi, dans l’éditorial daté d’aujourd’hui, le pape François a droit à une note assez moyenne et même peut-être en dessous de la moyenne. Il n’aurait pas osé, en somme, se mettre à l’heure du féminisme contemporain. Peut-être lui manque-t-il d’avoir bénéficié des leçons de Mme Sandrine Rousseau ? Pardon pour l’ironie, mais il y aurait peut-être lieu de reprendre dans d’autres dimensions le dossier de la femme dans le christianisme. Ne serait-ce qu’en s’interrogeant sur l’autorité spirituelle et mystique du Carmel de Thérèse de Lisieux, d’Élisabeth de la Trinité et d’Édith Stein que ne surpasse aucune autorité masculine équivalente.