« Le Monde » a soixante-quinze ans - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« Le Monde » a soixante-quinze ans

Il y a soixante-quinze ans Hubert Beuve-Méry créait le quotidien « Le Monde ». Son rôle politique et intellectuel ne saurait être sous-estimé, et non plus sa fonction de témoin de la culture française à l'étranger. Mais depuis la Libération, bien des choses ont changé, et « Le Monde » est très loin de ce qu'il était à son origine. Cela est vrai aussi dans l'ordre spirituel…
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Le siège actuel du « Monde », boulevard Auguste Blanqui, 13e arrdt.

Le siège actuel du « Monde », boulevard Auguste Blanqui, 13e arrdt.

CC by : Fred Romero

Le Monde célèbre son soixante-quinzième anniversaire en annonçant son déménagement dans un immeuble flambant neuf près de la gare d’Austerlitz. Un immeuble qui lui appartiendra en propre, alors qu’il n’était qu’hébergé dans ses trois précédentes implantations. Voilà qui me rappelle bien des souvenirs à moi, vieux lecteur du quotidien dit de référence, dont le général de Gaulle avait voulu la création à la Libération. J’ai connu le siège initial de la fondation rue des Italiens, près de l’Opéra, qui appartient maintenant au ministère de la Justice et que l’on voit régulièrement à la télévision puisqu’il abrite le Parquet national financier. Le second directeur du Monde, Jacques Fauvet, successeur du légendaire Hubert Beuve-Méry, m’y avait reçu un jour dans le vaste bureau où se tenait la traditionnelle conférence de rédaction du journal, les chefs des différents services respectant la règle de la station debout. En feuilletant les pages du supplément consacré à l’anniversaire, je retrouve des figures disparues que j’ai connues en leur temps.

En soixante-quinze ans, Le Monde n’a pas échappé à de profonds changement, suivant les évolutions de la société, avec les équipes qui se sont succédé. Son directeur actuel, Jérôme Fenoglio, revendique une continuité dans l’ordre de l’indépendance éditoriale, en dépit du fait significatif que Le Monde a perdu l’indépendance financière qui faisait sa fierté. Ce qui n’est pas rappelé, ce sont les crises profondes vécues au sein des directions et des rédactions, crises qui ont souvent accompagné les évolutions politiques.

Il conviendrait aussi d’étudier de près l’histoire des mutations intellectuelles, voire spirituelles, d’un quotidien qui se targuait, non sans quelques raisons, de jouer un rôle dans les débats internes de l’Église catholique, notamment aux alentours du concile Vatican II. Mais depuis lors, on peut s’interroger sur les convictions dominantes de sa rédaction. Une rédaction où l’on milite ardemment au service du gender et de tout ce qui l’accompagne en bioéthique et dans le domaine sociétal. Un dernier souvenir personnel. Je me suis trouvé aux obsèques de mon ami André Frossard aux côtés d’André Fontaine, ancien directeur du Monde, et j’avais été frappé par sa piété profonde. Mais n’était-il pas le témoin de la génération fondatrice, où les convictions chrétiennes étaient souvent fortes. Il n’en va plus de même aujourd’hui et l’on ressent les conséquences éditoriales de la déchristianisation.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 décembre 2019.