Le message des survivants - France Catholique
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Le message des survivants

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Les confrères n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles : il y a encore, aujourd’hui, des garçons et des filles de vingt ans pour considérer l’avortement comme une tache sombre sur notre humanité. De plus, ils ont le front de le dire de façon ouverte, en se proclamant, mais oui ! des survivants. Il y a aujourd’hui une possibilité sur cinq pour que la fécondation d’un être humain aboutisse à un rejet. C’est le pape François, aussi provocateur que ces jeunes, qui a lancé la formule d’une culture du rejet. Mais cela apparaît d’autant plus scandaleux à la bien-pensance ordinaire que tout est fait, aujourd’hui pour banaliser l’acte abortif. Le gouvernement, la ministre de la Santé en tête, s’y emploie avec une rare énergie. L’avortement constituerait un droit fondamental de la femme, une conquête majeure dont la remise en cause devrait susciter l’indignation. On va jusqu’à s’attaquer à ce principe fondamental que constitue l’objection de conscience pour ceux et celles qui, dans le dispositif hospitalier et médical, refusent, d’une façon ou d’une autre, de participer à ce qu’ils considèrent être une transgression majeure.

On objectera aux survivants, qui osent manifester, même sobrement dans la rue, leur refus de participer à cette culture du rejet, qu’ils s’en prennent implicitement aux femmes qui ont avorté, en les stigmatisant moralement. Je ne pense pas que telle soit leur intention véritable. C’est la société qu’ils interpellent pour la réveiller et la mettre face à ses responsabilités. Et d’une certaine façon, ils sont peut-être les plus proches d’un grand nombre de ces femmes qui ont dans leur chair l’inscription profonde de l’enfant perdu. Ces femmes-là ont droit aussi au respect. Car c’est les mépriser de refuser leur souffrance intime et leur appel à une guérison intérieure. Si je me permets de dire cela, c’est en connaissance de cause. Et ce n’est pas l’Église qui les culpabilise. Si elles se rapprochent de cette Église, dont elles s’étaient éloignée pour une raison ou pour une autre, ce n’est nullement pour alimenter leur sentiment de culpabilité, mais pour s’en guérir dans une démarche extraordinairement profonde. Qu’on le veuille ou non, on n’arrivera jamais à étouffer la conscience, car ce serait au prix d’un rejet de notre être fondamental.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 juin 2016.