Le message de William Cavanaugh - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Le message de William Cavanaugh

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Nos lecteurs savent la particulière attention avec laquelle nous avons suivi ici les travaux du théologien catholique américain, William Cavanaugh. Ce laïc, qui enseigne à Chicago, s’est intéressé, de longue date, aux rapports du religieux et du politique, dans une perspective originale, refusant que le premier ne relève plus que d’une sphère étroitement privée, l’État moderne étant investi d’une autorité parfois de nature « sacrale ». Pour lui, il doit y avoir une réelle visibilité de l’Église dans l’espace public, qui ne correspond nullement en une volonté d’accaparement des pouvoirs mais s’articule avec sa mission la plus authentique. Interrogé par notre confrère La Vie, il a énoncé clairement les principes auxquels il se réfère et sa façon nouvelle d’envisager le service civique propre aux chrétiens.

« Comme le dit Stanley Hauerwas, les chrétiens doivent désormais se penser comme des “résidents étrangers”, comme des pèlerins conscients de leur vocation eschatologique et de leur appartenance au corps du Christ, qui est supérieure à leur citoyenneté terrestre. À cause de cela ils doivent créer des communautés qui témoignent de cet ordre de valeur auquel ils croient. Il faut que le corps du Christ se voie fortement à travers la vie radicalement différente de ses membres. » À certains égards, on pourrait qualifier une telle position d’intransigeante, mais cet intransigeantisme, tout en assumant sa radicalité, se distingue d’abord par son inspiration évangélique, autonome par rapport à toute position idéologique. C’est en ce sens que William Cavanaugh ne peut être assimilé aux courants religieux américains en rupture avec certaines orientations morales de l’État.

C’est courageux, car cela va à l’encontre de toute une culture qui identifie les États-Unis d’Amérique à une sorte de nation messianique, avec un rôle mondial providentiel. Cavanaugh n’a jamais hésité à prendre des positions à risque, bravant les convictions et les préjugés les mieux enracinés, à droite comme à gauche. Il s’insurgea contre la torture du régime Pinochet, au Chili. Il refusa la guerre en Irak menée par les deux présidents Bush. Mais l’essentiel pour l’Église est d’être elle-même, avec la prééminence de la présence eucharistique, comme signe patent de la présence de Dieu parmi nous. L’adoration, loin d’être absence aux soucis d’ici-bas, est engagement total, avec possibilité infinie de donner des réponses concrètes aux requêtes du présent, y compris en matière économique : « J’aimerais que ceux qui adorent l’eucharistie et ceux qui s’occupent de la justice sociale soient les mêmes. »