Accédant à la demande du cardinal Philippe Barbarin, lorsqu’il était archevêque de Lyon, la pape François a publié le 21 janvier dernier, un décret proclamant saint Irénée docteur de l’Église. Une telle décision ne saurait étonner. Depuis toujours l’auteur du Contra hæreses (« Contre les hérésies ») a été considéré dans l’Église comme un interprète autorisé de la foi. Au second siècle de notre ère, il est le premier à avoir formulé une synthèse complète de la doctrine chrétienne.
Mais si le pape a voulu mettre en évidence aujourd’hui son importance, c’est aussi en raison de sa situation singulière dans l’histoire. Irénée est né en effet à Smyrne, en Asie mineure. Venu dans la capitale des Gaules dont il sera le second évêque à la suite de saint Pothin, il appartient donc aux deux pôles de l’Église primitive, à l’Orient et à l’Occident. C’est pourquoi le pape lui a conféré le titre de « docteur de l’unité ». Irénée est reconnu aussi bien par les orthodoxes que par les catholiques. En ce qui nous concerne, sa présence à Lyon, où sont vénérés ses reliques dans l’Église qui porte son nom, constitue un repère précieux pour notre mémoire et notre identité. L’ancienne capitale des Gaules est un lieu de pèlerinage, parce qu’avant Irénée il y a Pothin, Blandine et les martyrs de Lyon, toujours vénérés au lieu de leur martyre.
Lorsque Jean-Paul II se rendit à Lyon en 1986, c’est à l’amphithéâtre des Trois Gaules qu’il se rendit d’abord, retrouvant des représentants des autres confessions chrétiennes. J’étais sur place, très impressionné par cet événement qui mettait en perspective toute notre histoire. Il faut ajouter qu’un certain climat de tension entourait cette visite en raison de la menace d’attentat qui nécessitait l’assistance du surveillance policière très intense. Mais ce qu’il importe de retenir aujourd’hui, c’est la continuité et l’actualité du message de saint Irénée. Sa doctrine est toujours stimulante, parce qu’elle nous instruit de notre vocation : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, la vie de l’homme c’est la vision de Dieu. »