Le manuel du renouveau ? - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Le manuel du renouveau ?

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Saint Ignace est notre contemporain. Non seulement parce qu’il a inventé une méthode pour renouveler la vie spirituelle, les fameux Exercices, qui a toujours cours aujourd’hui et séduit de plus en plus de jeunes qui souhaitent se former et mener une vie cohérente avec leur foi. Qui ne conviendra de cette ardente nécessité, dans ce monde moderne qui conspire contre la vie intérieure, comme le disait Bernanos ?

Mais il y a plus. Ce monde moderne, justement, est né en même temps qu’Ignace (1491-1556), avec la découverte de l’Amérique (1492), le développement des sciences et l’élargissement du monde connu à tous les continents – le Village global est en germe… Avec aussi la publication par Luther, contemporain du chevalier de Loyola, de ses 95 thèses à l’origine de la Réforme (1517), prélude au déchirement intérieur, fratricide, de la civilisation occidentale et chrétienne.

Champ de bataille spirituel

Face à cette menace et à la nécessité d’une réforme intérieure dans l’Église, devenu soldat du Christ, Ignace ne déserte pas le champ de bataille spirituel sur lequel Luther a pris position, dans la querelle majeure du salut des âmes. Dans ses Exercices, approuvés par le pape lui-même en 1548, il invite au discernement des esprits entre Dieu et le diable, et ne dissimule pas l’enjeu et le combat spirituel à mener, sans laisser penser que le démon n’existe pas…

Mais il est aussi homme d’action. Un autre trait distinctif est sa volonté de former une élite, intellectuelle, spirituelle. À travers des prêtres zélés et passionnés par la proclamation de la « plus grande gloire de Dieu », dans un monde qui s’en éloigne de plus en plus. À travers également de très nombreuses écoles : en 1740, les jésuites dirigent plus de 650 collèges en Europe, 24 universités et plus de 200 séminaires.

Cela ne sera pas suffisant, hélas, pour convaincre le roi Louis XIV de consacrer la France au Sacré-Cœur de Jésus, comme le Christ l’avait demandé en 1689 à une religieuse, sainte Marguerite-Marie, elle-même conseillée par… un jésuite.

Victimes de leur succès et des jalousies, ayant vu éclore dans certains de leurs établissements un esprit de révolte – à leur insu ? – qui mènera à la Révolution, les jésuites avaient cependant une ressource dans l’épreuve : un saint fondateur capable de sacrifier sa réputation au point de passer pour un fou après sa conversion – il ne se coupe plus les cheveux ni les ongles ! – et qui choisit le tombeau des martyrs, dans la crypte du martyrium de saint Denis à Paris, pour fonder la Compagnie de Jésus. à l’inverse de Luther, il se distingue aussi par une obéissance radicale au pape – perinde ac cadaver, « obéir comme un cadavre ».

Voilà qui empêche de tomber dans l’orgueil de l’élitisme ! Choix de l’humilité radicale et dévotion à l’Amour infini du Cœur du Christ : tels sont les clefs de cette élite qui a essaimé très rapidement dans le monde entier ! C’est ainsi qu’ils seront largement acteurs du mouvement de profond renouveau dans l’Église, suite au concile de Trente.