Le langage du pape François - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Le langage du pape François

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Il pourrait bien y avoir une radicale méprise, en ce moment, à propos du pape François, dont certains médias font croire qu’il va bouleverser l’Église pour mieux la mettre en phase avec les mentalités ambiantes, l’esprit du temps… Ce serait, en somme, une sorte de retour inattendu à un progressisme en vogue il y a quelques décennies et qu’un pape venu d’ailleurs serait en train de réveiller et d’imposer à une Église réticente. On veut faire croire ainsi que François serait l’exact contraire de Benoît et qu’il serait à la tâche pour effacer au plus vite les marques d’un pontificat « réactionnaire ». Tels sont les termes employés ici et là par des journalistes trop heureux d’inventer un pape selon leurs rêves. Ils n’ont d’ailleurs jamais rien compris à la personnalité et à la pensée de Benoît XVI qu’ils se contentaient de fantasmer sans avoir jamais pris la peine de se renseigner aux sources. Ils retombent aujourd’hui dans les mêmes travers, se contentant de petites phrases détournées de leur contexte et évitant, curieusement, d’autres petites phrases qui auraient pourtant de quoi les faire frémir.

Car il y a dans les propos de François un radicalisme évangélique qui fait bon marché de tous les accommodements. Répandre l’idée, à partir d’une phrase reprise d’un éditorialiste de La Repubblica, qu’il serait adepte du relativisme fustigé par son prédécesseur, c’est vraiment n’avoir rien compris au film. Il arrive couramment à François d’être plus abrupt que Benoît. Le lecteur de Léon Bloy a gardé le goût de l’auteur du Mendiant ingrat pour les provocations directes et les affirmations sans fard. Et s’il sait se montrer compatissant et miséricordieux à l’égard des patients de cet immense « hôpital de campagne » qu’est souvent notre monde, il ne mâche pas ses mots, dès lors qu’il s’agit de rappeler les exigences des commandements. Là où Jean-Paul II parlait de « culture de mort », lui n’hésite pas à parler de « culture du déchet », pour mieux fustiger les atteintes à l’intégrité humaine que sont l’avortement et l’euthanasie.

Les styles des papes peuvent être très différents, voire contrastés. Mais leur mission pétrinienne se poursuit dans une continuité profonde. François conclut l’Année de la Foi inaugurée par son prédécesseur, il signe l’encyclique écrite par le même qu’il vénère. Ceux qui espèrent un démenti d’un pape par l’autre sont dans l’erreur absolue et ne tarderont pas à s’apercevoir cruellement de leur erreur.