Du voyage de François en Irak, il y a lieu de retenir notamment la nature de son langage. Langage ciblé, bien sûr, en raison d’une situation donnée, mais aussi formulée en raison des critères propres à sa mission de chef de l’Église catholique. La situation, nous le savons, est celle d’un pays qui sort de décennies de convulsions et qui a subi l’agression d’une formation se réclamant de l’extrémisme islamiste. Face à cette réalité, le pape n’a pas exactement le langage d’un politique. Et lorsqu’il aborde la question proprement religieuse, il se situe comme réconciliateur, pacificateur, jamais comme participant d’un conflit politico-religieux. Ainsi ne désigne-t-il pas nommément le fondamentalisme ou le terrorisme islamistes. Ce n’est nullement dérobade de sa part, mais volonté explicite de tirer les choses vers le haut. Vers les étoiles, dit-il.
Je le cite : « Celui qui a le courage de regarder les étoiles, celui qui croit en Dieu, n’a pas d’ennemis à combattre. Il a un seul ennemi à affronter, qui se tient à la porte du cœur et frappe pour entrer : c’est l’inimitié. » Au politique, on reprocherait sans doute de ne pas désigner directement l’adversaire qu’il lui faut combattre, souvent les armes à la main. Le pape, lui, tient à préserver la dénomination de musulman, qu’il veut distinguer de la dérive extrémiste. Ce n’est pas qu’il l’ignore ou la cache. Non, il veut la traiter sous l’angle d’une pathologie spirituelle qui trahit l’essence du religieux : « Hostilité, extrémisme et violence ne naissent pas d’une âme religieuse : ce sont des trahisons de la religion. Et nous croyants, nous ne pouvons pas nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion. Au contraire, c’est à nous de désigner avec clarté les malentendus. » Il ne saurait s’agir de guerres de religion, mais de l’exigence religieuse de pacification des cœurs.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 mars 2021.
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