Le Jour de la marmotte – version djihadiste - France Catholique
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Le Jour de la marmotte – version djihadiste

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Je pense que j’ai déjà vu le film en question 1. L’intrigue se résume à peu près ainsi : un homme fonce en voiture sur une foule, descend de son véhicule, hurle une phrase en arabe, commence à poignarder les passants et se fait abattre par la police.

Vous connaissez probablement le reste de l’histoire. Les gens ordinaires comprennent immédiatement qu’ils ont affaire à un nouvel attentat terroriste. Mais la police et les médias sont désorientés. Ils passent des heures, voire parfois des jours à évaluer la possibilité qu’il puisse s’agir d’un acte de terrorisme. Quand ils ont finalement décidé que c’est bien du terrorisme, la plupart des gens en sont déjà à des actualités plus fraîches.

Vient ensuite la question de l’identité. Qui est le coupable ? Au début, l’agresseur est simplement désigné comme « un homme ». Puis, après un délai suffisant, il est désigné comme un « résident de Londres » ou un « résident de Marseille » ou d’ailleurs suivant le cas. Plus tard encore, nous apprenons que c’est « un Asiatique » (si l’incident s’est produit en Angleterre) ou un « Nord-Africain » (s’il s’est produit en France). Finalement, nous apprenons que c’est un musulman, mais à ce moment-là, beaucoup de lecteurs ne s’intéressent plus à l’incident.

Etape suivante : le mobile. Bien sûr, le citoyen ordinaire le connaît déjà : le djihadiste a agi au nom d’Allah et des soixante-douze vierges. Mais pour une raison peu claire, le rituel traditionnel doit être observé jusqu’au bout. Sauf que, très souvent, ce n’est pas jusqu’au bout et que le mobile n’est pas découvert. Les autorités décident que le criminel a agi de manière irrationnelle. Il était la proie d’une maladie mentale ou de troubles émotifs, ou bien le souffre-douleur de certains élèves de son école.

Comme l’a dit le gouverneur John Kasich après qu’un étudiant musulman de l’Ohio State University eut attaqué ses camarades de classe avec sa voiture et à coups de couteau, « nous ne saurons jamais avec certitude pourquoi cette personne… a craqué ». On a parfois l’impression que les autorités ne veulent jamais savoir. Ce qui expliquerait pourquoi le mobile du crime reste souvent indéfini.

En tout cas, le motif du « mobile mystérieux » est un élément omniprésent. Après l’attentat à la voiture et au couteau de Khalid Masood qui a récemment fait plusieurs morts et une quarantaine de blessés à Londres, un officier de police a déclaré : « Nous devons accepter le fait que nous ne comprendrons peut-être jamais pourquoi il a agi ainsi ».

Vous pouvez être sûrs d’un élément dans la version officielle : quel que soit le mobile, il n’a rien à voir avec l’islam. Les autorités sont dans le vague en ce qui concerne tout le reste, mais n’ont que cette seule certitude. Qui s’exprime à travers plusieurs variantes : « Cela n’a rien à voir avec l’islam », « c’est une perversion d’une grande religion », « Aucune religion n’approuve la terreur », voire « c’est une trahison de l’islam ».

La dernière formule vient de Digby Jones, ancien ministre du Commerce du Royaume-Uni. En ce qui concerne l’attentat djihadiste de Masood, Jones a déclaré : « Je pense que le fait que cet homme est un musulman est totalement et complètement non pertinent ».

Une autre grosse ficelle prévisible est la longueur de l’enquête visant à déterminer si le djihadiste était un « loup solitaire » ou un « adhèrent encarté» de Daech. Les autorités et la presse semblent favoriser le scénario du loup solitaire, peut-être parce que la menace terroriste semble moins alarmante quand il ne s’agit que d’une seule personne. On peut aussi comprendre que les autorités sont moins blâmables de n’avoir pas pu empêcher l’attentat puisqu’il est impossible de prévoir le lieu et l’heure de l’attaque d’un loup solitaire.

Mais, comme il s’avère ensuite, les loups solitaires sont souvent des « loups blancs » bien connus de la police à cause de divers délits antérieurs. En outre, les loups solitaires ne le sont pas vraiment. Ils ont en général une famille et des amis qui savent ce que « ces solitaires » manigancent et, bien souvent, ils sont entrés en contact avec des agents de groupes terroristes avant l’attentat. De plus, ils partagent un ensemble commun de croyances avec les djihadistes du monde entier.

Quel est ce socle de croyances ? Eh bien… poursuivons.

Le dernier acte de ce rituel théâtral est une déclaration (faite par un gouverneur, un président ou un premier ministre) dont la teneur est que nous ne changerons pas notre mode de vie pour faire plaisir aux terroristes. Comme l’a dit Theresa May, premier ministre du Royaume-Uni, après l’attentat du Pont de Westminster : « Qu’on me comprenne bien… toute tentative de venir à bout de nos valeurs par la violence et la terreur est vouée à l’échec ».

Apparemment, l’une de ces valeurs clés est la tolérance. Le ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni Amber Rudd s’est exprimé ainsi :

Les Britanniques oeuvreront ensemble pour vaincre ceux qui voudraient mettre à mal nos valeurs communes. Qui sont la démocratie, la tolérance et l’autorité de la loi.

« La tolérance » ? Ne serait-ce pas la valeur qui a avant tout mis l’Angleterre dans le pétrin ? Peu importe. Nul sauf les médias ne prête attention à ces déclarations de fermeté.

Nous écoutons ces sornettes depuis une douzaine d’années et les attentats djihadistes ne font que se multiplier. Le même jour que l’attentat de Londres, dans le Sud de l’Italie, un migrant musulman a essayé d’écraser des policiers avec sa voiture et a ensuite attaqué et poignardé un de ces officiers. Le lendemain, à Anvers, un musulman a foncé avec sa voiture bourrée de fusils d’assaut et de couteaux sur une foule dans une rue commerçante très fréquentée.

Je n’ai pas lu les articles sur la suite de ces affaires, mais il est probable que ces deux hommes ont été déclarés mentalement irresponsables, que les incidents n’avaient rien à voir avec l’islam et que la police va rechercher un mobile pendant une longue période de temps.

Telle est la routine. Et apparemment, nous sommes censés nous y habituer. Theresa May, le Premier ministre, a déclaré que la population devait continuer à vivre normalement parce que ce comportement est « la meilleure réaction au terrorisme ». Entre temps, Sadiq Khan, le maire de Londres, a affirmé que, malgré ces attentats, les affaires à Londres reprendraient «le train-train habituel ». Mais le train-train habituel comprend désormais la reproduction rituelle du cycle du terrorisme djihadiste.

D’une certaine manière, le « film » que nous vivons ressemble à l’intrigue du Jour de la marmotte. Comme le principal personnage du film, nous sommes condamnés à observer le même rituel jour après jour, semaine après semaine. L’espoir subsiste malgré tout. Après avoir acquis un peu de sagesse, le héros du Jour de la marmotte échappe au cercle vicieux. Y parviendrons-nous ?

Mardi 4 avril 2017

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Photographie : Marmota monax.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/04/04/groundhog-day-jihad-version/

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William Kilpatrick a enseigné pendant de nombreuses années au Boston College et a bénéficié d’une bourse de recherche du National Endowment for the Humanities. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur des questions culturelles et religieuses : Why Johnny can’t Tell Right from Wrong ; Christianity, Islam and Atheism : the Struggle for the Soul of the West, et plus récemment, The Politically Incorrect Guide to Jihad.  

  1. L’auteur fait de l’humour noir. L’intrigue du film américain Le jour de la marmotte (ou Un jour sans fin 
    en France) est la suivante. Pour couvrir les festivités de ce jour-là (jour de réveil des animaux dormeurs) qui coïncide avec le Jour de la Chandeleur, le héros, un journaliste de radio spécialiste de la météo, se rend à Philadelphie. Mais il se retrouve bloqué par une tempête de neige. Et bloqué aussi dans le temps. A chaque fois que le réveil sonne, c’est cette même journée du 2 février qui recommence, une journée dont les péripéties lui sont connues d’avance. Ce n’est que lorsqu’il a donné enfin un sens à sa vie que la boucle temporelle est brisée.