Parlant de cette semaine dite des quatre papes, puisqu’elle débouchera sur la canonisation de deux d’entre eux sous l’autorité du pape François, et en présence du pape émérite Benoît, j’indiquais la nécessité de revenir sur la figure de Jean XXIII, moins bien connue des nouvelles générations. On sait qu’il fut l’initiateur du concile Vatican II, qu’il inaugura et dont il conduisit la première session. On parle encore de son aura de bonté, qui était incontestable et qui lui valut, à sa mort, une reconnaissance universelle. Mais on sait peu d’où il venait, quelle était sa formation intellectuelle et en quoi consista sa carrière diplomatique au service du Saint-Siège, avant qu’il ne devienne patriarche de Venise. En ce qui concerne la carrière diplomatique, je conseillerai très vivement le petit livre que vient de publier Alexandre Adler, sous le titre Une affaire de famille, Jean XXIII, les juifs et les chrétiens (Cerf). C’est quasiment un témoignage de première main parce que l’auteur est l’écho fidèle de sa grand-mère Maria Bauer, qui habitait Istanbul et qui connut très bien, pendant la guerre, Mgr Angelo Roncalli.
Je ne puis résumer en quelques phrases ce que fut son action continue, résolue, infatigable, pour sauver les juifs de la région de la persécution et de l’holocauste. Mais l’éloge vibrant, que fait Alexandre Adler de cette action, émeut et persuade de la valeur supérieure d’une personnalité qui, les yeux grands ouverts en connivence avec le cœur, a compris tout de suite l’ampleur du drame qui se déroulait. L’expérience d’Angelo Roncalli en Bulgarie, en Grèce, en Turquie explique une part du programme de Vatican II en ce qui concerne l’œcuménisme ainsi que l’ouverture au judaïsme et la réconciliation entre juifs et chrétiens.
J’ajoute qu’Alexandre Adler sait très bien discerner en quoi les successeurs de Jean XXIII ont poursuivi son œuvre. Singulièrement, Jean-Paul II et Benoît XVI. De ce dernier il écrit qu’il fut le premier pape à réhabiliter pleinement la philosophie juive. De François, il dit qu’il est comme son prédécesseur « très naïf et très rusé », ce qui n’est pas mal vu.
J’aurais peut-être des nuances à apporter ici ou là, mais il est rare aujourd’hui qu’un essai de cette nature rende pleinement justice à la vérité historique. Pie XII lui-même n’échappant nullement à son regard éclairé.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 avril 2014.
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