Le Japon, le nucléaire et Bernanos - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le Japon, le nucléaire et Bernanos

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Le monde entier a les yeux fixés sur le Japon et la mort de dizaines de milliers de victimes de la catastrophe sismique. Comment éditorialiser alors qu’on aimerait plutôt se taire en union avec la douleur d’un peuple. Bien sûr, il y a les polémiques qui s’échauffent autour du nucléaire. J’en ai dit un mot hier. Elles sont tout à fait légitimes, à condition de respecter les règles de la rigueur nécessaire. Mais c’est très difficile, parce qu’avec un pareil sujet les opinions sont souvent radicalisées, solidaires d’une vision du monde, d’une conception de la technique ou du progrès. J’évoquais aussi hier Georges Bernanos et ses prises de position contre les expériences américaines de l’époque, qui avaient lieu à partir de 1946 sur l’atoll de Bikini.

Je suis retourné aux textes écrits à l’époque par un Bernanos, retour du Brésil, qui n’avait rien perdu – bien au contraire – de sa flamme. Nul doute qu’il appartiendrait aujourd’hui au camp des adversaires du nucléaire, non seulement pour des raisons techniques et en se prévalant du principe de précaution, mais en raison d’une conception de l’homme et de son existence, qui refusait toute religion séculière ou athée du Progrès et de la Science. Ces textes valent la peine d’être relus aujourd’hui, car on a perdu l’habitude de s’exprimer ainsi et de penser en pareil termes.

Je le cite dans un article d’octobre 1946:

« Oui, j’espère de toutes mes forces que le monde moderne n’aura pas raison de l’homme. Le Monde moderne, c’est à dire l’État moderne, le Robot géant, planétaire auquel la science offre chaque jour des armes à sa taille. Il est clair qu’en face de cette Providence mécanique dont vous attendez la justice – pourquoi pas l’amour aussi, imbéciles! – le Divin Mendiant pendu à ses clous fait piètre figure… »

Même en cette période de remise en cause de l’idée de progrès, ces paroles sont dures à entendre. La technique n’offre t-elle pas aussi des moyens pour venir au secours de la détresse? N’y a t-il pas aussi une question de référence générale? A quoi se rapporte une civilisation?

Bernanos dans cet article opposait « Ère chrétienne et ère atomique », en exprimant l’idée qu’une idéologie idolâtre du progrès pouvait tuer l’âme et toutes les ressources vives de l’homme. Avait-il vraiment tort?

chronique lue le 16 mars sur Radio Notre-Dame