Le Gros, la vache et le mainate : du gay pour rire ! - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Le Gros, la vache et le mainate : du gay pour rire !

Partie pour être une opérette « barge », cette fable musicale tourne vite à la farce dont le public est le dindon… gloussant !
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Pierre Guillois – grand duduche aux allures de potache- a crée ce spectacle qui part en tournée dans toute la France, à partir de sketches de cabaret « décousus » ensemble par le truchement d’un livret drolatique qui s’ingénie à mêler les registres et les codes pour finir par imploser dans une mise en abime destinée à surprendre le spectateur acteur voire à le désarçonner. En somme un OTNI (objet théâtral non identifié) qui se veut grinçant et hilarant.

Dans un décor très dessiné qui évoque les amoureux de Peynet évoluent un piano et six comédiens dont deux tantes et deux tatas ! L’ambiance est gay et surréaliste, teintée d’une misogynie diffuse sous les traits d’un tandem infernal de commères campées par les talentueux Jean Paul Muel issu du café théâtre et Pierre Vial, sociétaire de la Comédie Française. Leur passe temps favori : dézinguer sans avoir l’air d’y toucher tout ce qui serait encore tabou à savoir la grossesse, les nourrissons, les funérailles, les pauvres, de droite comme de gauche, et même la vie puisqu’ « au pays du bonheur, il arrive qu’on meurt ! »Comparée à elles, Tati Danielle, c’est mère Teresa !
Car le rire ici ne s’autorise pas le désespoir. Il est bouffon, gaulois, déjanté, gargantuesque… à l’image du « gros » incarné par Olivier Martin-Salvan, lequel joue de sa corpulence pour enchaÎner entrechats et pas de deux burlesques. Sa mort… en couches et sa vie de bébé géant … sont les temps forts où s’expriment son talent comique auquel répond la silhouette d’éphèbe de Luca Oldani, spécialiste généreux du strip-tease intégral récurrent, jouant des pectoraux en esquissant des pompes… funèbres !

Quant à Bernard Menez, comédien éclectique – sorte de mister Bean gaffeur et flegmatique – bien malin le spectateur qui sait à quoi il joue dans ce spectacle en trompe l’œil. A ce propos, si le « gros » est « grosse », qui est la vache ? Et si c’était l’archétype d’une féminité brocardée, ménopausée et caustique habile à manier l’aphorisme : «  la connerie, ça vient souvent du père ! » On ne saurait être plus vache ? Et que dire du mainate «  qui mange des pommes et chie de la compote » sinon qu’il symbolise, en contrepoint, le principe masculin. Et de tous les « petits oiseaux », ce n’est pas lui qu’on exhibe le plus !

Sans doute Pierre Guillois a-t-il installé « la provoc » au cœur de son projet dont la musique due à François Fouqué (agrégé en philosophie !) oscille entre refrains sautillants dans le goût du music hall et larges envolées lyriques aux textes décalés quoique ciselés dans le graveleux-chic ! L’ensemble relève du clownesque, du cirque et même du n’importe quoi comme s’il s’agissait d’une catharsis digne des carnavals médiévaux que François Villon évoquait dans sa « ballade des pendus ». Dansant la sarabande du haut de leurs gibets, ils auraient pu reprendre le leitmotiv désespéré de cette farce : «  Mais qu’est-ce qu’on fout sur terre ?/ On ne m’y reprendra pas ! »