Le Grand-Prêtre des religions civiques - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le Grand-Prêtre des religions civiques

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Le noble sauvage soi-même

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Des Jacobins du XVIIIème siècle aux environnementalistes et autres idéologues actuels prétendant enseigner aux gens comment vivre leur vie, Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) figure parmi les faiseurs de mode favoris car il a répandu le culte de la nature, l’habitat d’une retraite à la campagne, la simplicité rurale, l’exercice, la pratique des sports d’extérieur, l’air pur, la marche en forêt, et les bains froids. Et tout particulièrement le culte de soi-même qu’il se débrouille à associer avec l’oppression de l’Etat.

Rousseau se croyait au service du peuple, voué à la conduite de l’humanité vers le bonheur. Mais pour les relations quotidiennes d’homme à homme il était un modèle de narcissisme. ( « Je me sens trop haut placé pour haïr », « je m’aime tant que je ne peux détester quiconque » ). Et il maltraitait ses maitresses et dès leur naissance ses cinq enfants illégitimes furent condamnés à l’épouvantable régime parisien de l’orphelinat où l’espérance de vie de deux tiers des enfants ne dépassait pas un an. Description imagée de Rousseau par un érudit: « masochiste, exhibitionniste, neurasthénique, hypocondriaque, onaniste… paranoïaque primaire, introverti . . . infantile, irritable, misérable.»

Né à Genève, élevé dans le calvinisme, Rousseau devint catholique pour une brève période, afin de recevoir des subsides d’une noble française fortunée. Considérant la vie en France sous « l’ancien régime » (NDT: en français dans le texte) il concluait que la société — c’est-à-dire le « cosmopolitanisme » — était la source de tout mal. Pour Rousseau la civilisation était non pas l’accumulation patiente de connaissances et de savoir-faire, mais une nouvelle forme de péché, un cancer dévorant. L’histoire de la société civile était l’histoire du « mal-vivre de l’humanité ».
Contredisant le récit chrétien de la chute originelle, Rousseau prétendait que nous sommes bons par nature — c’est la société qui nous corrompt. Les institutions sociales, la propriété, la fortune, le luxe, l’ambition, le niveau social, étaient contre nature et poussaient l’homme au mal. Il préférait la vie en communauté telle qu’il croyait la trouver dans la vie tribale ou dans les anciennes familles patriarcales.

Réalisant que les hommes ne retourneraient pas volontiers à leur condition primitive, Rousseau voulait instaurer un contrat social par lequel les individus — contrairement à la souveraine liberté qu’il leur accorde en d’autres parties de son œuvre — soumettraient leurs droits et opinions aux besoins et aux jugements de toute la communauté. Le pouvoir ne résiderait pas entre les mains d’un seul dirigeant mais serait soumis à la « volonté générale » (NDT: en français dans le texte) — la sacrée et suprême « Volonté Générale ». «Que chacun soumette sa volonté, ses biens, sa personne, au contrat de la volonté générale.» Tout indulgent et laudateur qu’il était envers soi-même, Rousseau considérait que la vertu sociale était, bizarrement, de se conformer aux exigences de la « Volonté Générale ».

Selon ce principe, chacun serait à la fois citoyen et sujet. Le citoyen participe à l’autorité suprême et le sujet se soumet à l’autorité suprême de la « Volonté Générale ». La « Volonté Générale » délègue ses pouvoirs à des responsables chargés de créer l’harmonie par une organisation sociale éliminant les bas intérêts, les coups tordus, les préjudices et les mauvaises manières. Pour Rousseau, se soumettre à ces règles préserverait la vraie liberté. L’obéissance aveugle « contraint [l’homme] à la liberté.»
Nulle place au catholicisme dans la société de Rousseau. Pas besoin de l’aide du Christ ou de l’Église pour mener une bonne vie car chacun est « le juge infaillible du bien et du mal, à l’égal de Dieu.» Naturellement, en même temps, la société Rousseauiste fonctionne comme une église de nature différente et sans contrainte.

Pour Rousseau l’espérance des catholiques d’une vie céleste après la mort, et non d’un paradis terrestre, les rend inaptes à la citoyenneté. En raison de leur loyauté partagée, les catholiques sont les destructeurs néfastes de l’Etat: « Quiconque ose déclarer « Hors de l’Église, point de salut » devrait être expulsé de l’Etat, sauf si l’Etat en question est l’Église, avec le pontife pour prince.»

Rousseau était le fondateur d’une religion civique anti-chrétienne remplaçant le service à Dieu par le service à l’Etat. Le rejet de cette religion civique était intolérable :
Il doit y avoir une profession de foi purement civile, dont les termes doivent être fixés par le souverain, non sur des dogmes religieux mais sur des sentiments sociaux sans lesquels on ne peut être un fidèle citoyen ou sujet.
… L’Etat ne pouvant obliger quelqu’un à croire, il peut le bannir, non pour impiété mais en raison d’un comportement antisocial, incapacité à aimer vraiment les lois et la justice, et, si besoin, à sacrifier sa vie à ses devoirs. Si quelqu’un, après avoir publiquement reconnu ces dogmes, se comporte comme s’il n’y croyait pas « qu’il soit condamné à mort ».

Le credo de Rousseau, en mettant l’ordre civique et moral entre les mains de l’Etat infaillible, a posé les fondations des règles totalitaires. Ses premiers convertis furent les Jacobins qui instaurèrent la dictature en France dix ans après sa mort. Ils désignèrent Rousseau comme l’un des dieux de la Révolution et transférèrent ses cendres au Panthéon — leur temple civique. On invita le peuple à vénérer Rousseau au lieu des saints, et ses vêtements et ses livres furent traités en reliques.

Rousseau est l’un de ceux qui pavèrent la voie à la désintégration de l’Occident et aux horreurs du vingtième siècle, rompant le lien entre Dieu et les droits naturels de l’homme. Communistes, fascistes et nazis se référèrent à lui pour justifier la nouvelle forme d’Etat ne tolérant aucune forme d’opposition et imposèrent des politiques idéologiques glorifiant le collectivisme. Le résultat était prévisible: le massacre de dizaines de millions d’innocents.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/the-high-priest-of-civic-religions.html