Ce n’est pas si souvent qu’un universitaire de renom procède à un mea culpa solennel pour reconnaître que tous ses travaux de recherche, tout son enseignement étaient marqués par une idéologie qui en falsifiait le contenu. Si l’on précise que l’auteur de cette confession, le Canadien Christopher Dummit, historien de la culture et de la politique, était spécialisé dans ce qu’on appelle « les études de genre », l’affaire prend un certain relief, eu égard à l’importance considérable qu’ont prises dans la culture contemporaine les questions liées au genre en tant que catégorie construite. Il suffit de constater l’obsession actuelle à propos des transgenres pour comprendre qu’en quelques décennies les représentations de notre condition humaine sexuée ont été complètement transformées au point que notre législation en a pris acte. Les nouvelles représentations ont abouti à une nouvelle civilisation des mœurs.
Christopher Dummit en a acquis la conscience douloureuse : « Lorsque je prenais des verres avec d’autres étudiants et que nous bataillions tous pour la suprématie de nos egos, cela ne portait pas trop à conséquence. Mais les enjeux sont aujourd’hui tout autres. » L’universitaire constate que les thèses qu’il a enseignées sont devenues vérités officielles. Si, il y a vingt ans, on lui avait prédit une telle victoire, il aurait sauté de joie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, il se désole, mais ne se contente pas de son aveu : « Je veux détailler les raisons qui me faisaient faire fausse route à l’époque, et celles qui expliquent les errements des socio-constructionnistes radicaux contemporains. J’ai avancé les mêmes arguments qu’eux et je sais qu’ils sont faux. »
My piece "Confessions of a Social Constructionist" is now published at @Quillette
I've been thinking about this self-critique for a while and, so, voila…
— Christopher Dummitt (@chrisdummitt1) September 17, 2019
Il s’agit donc pour l’intéressé de déconstruire son propre travail dans une volonté de rectitude intellectuelle mais aussi d’obligation civique. C’est l’hebdomadaire Le Point qui reprend cette confession d’abord parue dans un journal australien appelé Quillette. Mes confrères du Monde qui n’ont cessé, avec la dernière énergie, de nier qu’il y ait une théorie du genre, auront-ils la probité intellectuelle de donner écho au professeur canadien, ne serait-ce que pour informer leurs lecteurs ? Sait-on jamais !
Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 4 novembre 2019.
Pour aller plus loin :
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