Le garçon perdu - France Catholique
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Le garçon perdu

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Je pleure comme un bébé quand je vois des garçons perdus dans un film. Je ne sais pas si « les garçons perdus » est un thème littéraire antique. Il y a bien Jésus au Temple, mais il n’est pas vraiment perdu. William Blake a un beau poème sur un petit garçon perdu. Il y a aussi Peter Pan, bien sûr.

Mais le cinéma moderne semble s’intéresser fortement à cette question. Est-ce parce que les garçons perdus ont augmenté de façon exponentielle depuis un demi- siècle ?

Le film de Steven Spielberg AI : Intelligence Artificielle nous montre un robot-garçon sensible, David, le premier de son genre à montrer un véritable amour pour ses propriétaires. Il est placé dans une famille dont le fils réel est maintenu dans un état ​​de coma artificiel jusqu’à ce qu’un remède soit trouvé pour sa maladie mortelle. Un remède est découvert, et il revient à la maison pour réaliser qu’il a un robot pour rival.

Le garçon orchestre alors des incidents qui conduisent ses parents à craindre David et la clinique décide de le détruire. Au lieu de cela, la mère le dépose dans une forêt effrayante avec son nounours qui parle. David supplie sa mère de ne pas le quitter. David et Teddy s’aventurent dans un monde vaste et dangereux où les robots sont torturés et tués. Ils recherchent la Fée Bleue, celle de Pinocchio, qui peut le transformer en un vrai petit garçon que sa mère pourrait accueillir chez elle. Voila le trou béant que les garçons perdus cherchent à combler. Sans aucune faute de leur part, ils sont projetés dans le monde et tout ce qu’ils veulent, c’est une maison, une maman, mais surtout un père.

« Slingblade » est l’histoire de Karl, déficient mental qui, enfant, a été contraint de se débarrasser de son frère nouveau-né, survivant d’un avortement à domicile. Karl met son frère dans une boîte à chaussures et l’enterre vivant. A 12 ans, il tue sa mère et son petit ami et est placé dans une institution. Après sa libération, il rencontre Frank, un jeune de 12 ans, dont le père s’est suicidé et qui vit avec sa mère et une collection d’amants abusifs. Bien que Karl lui-même soit un garçon perdu, c’est la nostalgie du jeune Frank qui vous brise le cœur. Il dit: « Parfois je souhaite être encore petit et que mon père soit toujours là. J’aime bien maman, mais je voudrais avoir les deux. Une fois, nous sommes allés à Memphis en voiture. Il pleuvait si fort que nous ne pouvions pas voir la route, mais je n’avais pas peur parce que tant que papa conduisait, rien ne pouvait nous arriver » .

Le film par excellence sur les garçons perdus est un autre film de Spielberg : L’ Empire du Soleil, que Spielberg considère comme son travail le plus abouti sur la « perte de l’innocence ». Un fils de riches expatriés britanniques vivant en 1937 à Shanghai, Jamie, perd sa mère dans une foule paniquée lors de l’invasion japonaise. Il passe huit ans dans un camp d’internement situé près d’un terrain d’atterrissage japonais.Vers la fin de la guerre Jamie assiste à une cérémonie de kamikaze : trois jeunes pilotes partent vers une mort certaine. Jamie les salue et chante l’entêtante berceuse galloise Suo Gan. (Écoutez ça sur YouTube. Vous ne le regretterez pas.)

Un enfant endormi sur mon sein

Que c’est confortable et réchauffant ;

Les bras de ta mère serrés autour de toi,

L’amour de ta mère sous ta poitrine;

Rien peut affecter ton repos,

Aucun homme ne peut te déranger;

Dors tranquillement , cher enfant,

Dors doucement sur ​​le sein de ta mère.

La fin de la guerre arrive et Jamie erre à moitié mort de faim, mais il est finalement sauvé et placé dans un orphelinat sans espoir. Un jour, il entend , « Jamie ? » Ses yeux fatigués regardent sa mère et elle l’embrasse, et pour la première fois nous voyons Jamie fermer les yeux .

J’ai une raison personnelle pour pleurer lors de scènes comme celle-ci parce que mon petit frère fait partie des garçons perdus. Notre père est mort alors qu’il n’avait que huit ans, dix ans de moins que moi. Vous pouvez à juste titre penser qu’un frère aîné rendrait les choses aussi faciles qu’il le pourrait pour son petit frère. Pas moi. Sur la route à l’école, j’aurais pu être à un million de kilomètres, pris dans mon propre monde égoïste, et loin de la douleur de mon petit frère .

Il était surprenant, cependant. Doug s’est battu pour que les pères des autres garçons deviennent le sien. Et ils l’ont fait. Ils lui ont appris à chasser, à pêcher et à camper. Je vois des photos de lui, courageux Doug, seul mais entouré par les garçons, mais surtout par leurs papas. Il est toujours proche de nombre d’entre eux, plus proche d’eux que de moi.Et quand je vois ces images de film, je pense à Doug. Et à la manière dont je l’ai quitté quand il avait besoin de moi et pour ne jamais revenir. Et à la façon dont il a dû aller à la recherche d’hommes pour remplacer non seulement un père, mais un frère aîné. Et je rougis de honte.

Un jour, ma femme a dit: « As tu jamais pensé que tu étais peut-être un garçon perdu ?  » Cela m’a frappé au côté. Je n’avais que dix-huit ans quand mon père est mort. Je suis parti à la dérive dans le monde, et le monde m’était étranger. Le seul maître que je me suis accordé était l’esprit du temps, qui était particulièrement hostile à cette époque. Je n’ai même pas décidé de devenir adulte avant trente-six ans. J’ai vécu une vie remarquablement peu sérieuse en matière d’éducation, d’emploi et de relation, des années de longues nuits de bringue avec des amis en pensant que nous étions vraiment quelqu’un. Par la grâce de Dieu , je suis sorti de cette trajectoire ridicule avec la tête pleine de regrets et de quelques histoires drôles. Mais j’ai eu de la chance.

Comme nation, nous sommes submergés de garçons perdus qui peuvent ne pas être aussi chanceux. L’Enquête nationale sur la famille montre que vingt-sept pour cent des enfants américains vivent loin de leur père ; cela représente dix millions de garçons perdus. Qui les protège pendant que vous lisez ceci ? La prochaine fois que je verrai un garçon perdu dans un film, je vais surement pleurer pour mon frère et pour moi même. Mais nous devrions tous pleurer pour ces garçons qui, aujourd’hui encore, sont perdus et seuls, et à la recherche de leur maison.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-lost-boy.html

Photo : Christian Bale jeune interprète de Jamie, dans le film « L’empire du Soleil »