par Jacques Garello
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Certains souhaitent un système monétaire mieux adapté à la mondialisation, et pensent que le FMI pourrait y aider. Mais est-ce sa vocation ? Quels sont ses moyens ?
A son origine, le Fonds Monétaire International, créé en 1944 par les accords de Bretton Woods, avait pour but d’éviter l’inflation et les crises de change qui s’étaient succédées après la première guerre mondiale, et qui avaient sans doute préparé la deuxième.
Le FMI devait concourir au bon fonctionnement d’un nouveau système monétaire : le gold exchange standard, ou étalon-devise or. Toutes les monnaies des pays adhérents au FMI seraient désormais définies par leur parité fixe en dollar, à l’époque convertible en or suivant une parité elle-même fixe (35 dollars l’once) « La devise-or vaut l’or » : c’est à travers le dollar, « devise-or », que les monnaies nationales se rattachent à l’or. Aucun pays n’a le droit de modifier sa parité officielle en dévaluant ou réévaluant sa monnaie.
Très vite le système a montré son incapacité à discipliner les Etats. On a enregistré dévaluations sur dévaluations, et finalement le dollar lui-même a été dévalué, et sa convertibilité en or supprimée. Les Etats-Unis avaient abusé de leur position monétaire dominante et financé leurs déficits extérieurs (imputables surtout à la guerre du Viet Nam). Le 15 août 1971 c’en était fini du système de Bretton Woods. Voudrait-on y revenir ?
Comment les paiements internationaux se sont-ils organisés depuis lors ? Suivant le régime des changes flottants, réellement en place depuis 1973 : il n’y a plus de parité officielle des monnaies entre elles, les cours du change varient chaque jour (voire maintenant à chaque seconde) en fonction de l’offre et de la demande des diverses monnaies qui s’expriment sur le marché des changes. Le système a l’air tout à fait anarchique, mais en fait il a fonctionné sans crise majeure depuis plus de trente ans. En dépit des faillites qui ont anéanti des monnaies dégradées par leurs gestionnaires (Russie, Argentine, Brésil, pays asiatiques) les variations des cours entre monnaies les plus utilisées dans les paiements internationaux (dollar et monnaies européennes), bien que très fréquentes, ont été assez minimes pour permettre des anticipations raisonnables de leur valeur future. Le commerce mondial s’en est donc accommodé. Les pays européens ont tenté à deux reprises de revenir aux parités fixes entre eux : en vain, et pour les mêmes causes. Quant à l’Euro ce n’est pas un système de change, c’est une monnaie nouvelle qui s’est substituée à quinze monnaies nationales. Pourrait-on imaginer l’équivalent de l’euro au niveau mondial, avec une seule monnaie universelle ?
Je ne crois pas que le FMI soit aujourd’hui, pas plus qu’hier, en mesure ni d’organiser ni d’imposer une monnaie universelle. Il n’est pas une banque, même s’il a jadis financé des crédits (très néfastes quand ils ont surendetté les pays pauvres). Il n’a plus de réserves, plus de dépôts. D’autre part, derrière la gestion monétaire il y a toujours un choix de politique monétaire. Certains veulent des monnaies « bon marché » avec des taux d’intérêt faibles, pensant que l’abondance de crédit est la clé de la croissance, au risque de faire crédit à des emprunteurs insolvables.
D’autres souhaitent au contraire une monnaie de qualité, et ils renoncent ainsi à des politiques de relance. Il y aura toujours ceux qui croient que la monnaie peut faire des miracles et ceux qui, comme Friedman, soutiennent « qu’il n’y a rien de moins important que la monnaie… quand elle est bien gérée ». C’est le conflit entre monnaie « active » et monnaie « neutre ».