Nouveau naufrage mortel en Méditerranée ! Quatre cents migrants ont péri noyés au large des côtes libyennes. L’information, une fois de plus, ne peut que nous consterner. Car ce drame s’ajoute à tous ceux qui ont fait de la Mare Nostrum un cimetière marin sans précédent. On ne peut toutefois, à mon sens, en imputer la responsabilité aux nations européennes, et en particulier à l’Italie. C’est à la suite d’un mouvement de panique, et alors que les secours étaient en vue, que le naufrage s’est produit pour une embarcation de fortune où s’étaient entassées cinq cent cinquante personnes. J’ai déjà fait part du débat européen qui avait abouti à l’abandon du dispositif italien qui avait sauvé de nombreuses vies et à la création d’un autre dispositif, destiné à la surveillance des frontières de l’espace Schengen.
Comment ne pas être partagé entre deux sentiments contraires ? Il y a d’un côté l’urgence humanitaire qui commande de tout faire pour sauver le maximum de vies. Mais il y a d’autre part l’existence d’un système mafieux qui consiste à exploiter la détresse humaine, de la façon la plus lucrative possible. Il apparaît de plus que ces exploiteurs sont de plus en plus violents. Violents à l’égard des milliers d’exilés à qui il s’agit de prendre tout leur argent. Violents aussi à l’égard des bateaux qui recueillent exilés et naufragés, d’autant qu’ils veulent récupérer les frêles esquifs nécessaires à leur trafic. Comment accepter qu’un tel système impose sa loi ? C’est lui qui est le premier responsable de la tragédie.
Mais on sait aussi qu’à l’origine de l’exil, il y a le sous-développement et le mirage d’une condition meilleure dans les pays européens. Il y a aussi la déstabilisation de régions entières, avec la guerre en Syrie et le chaos qui règne en Libye. C’est pourquoi il faut envisager la question plus largement. Les relations entre les continents deviendront plus apaisées, si l’Afrique se développe et propose à ses habitants des perspectives nouvelles. C’est la raison pour laquelle j’avais salué l’initiative de Jean-Louis Borloo en faveur de l’électrification de l’Afrique. La solution, ce n’est pas une immigration démesurée, c’est le progrès des peuples qui prennent en main leurs destins et persuadent, par exemple, les talents de s’investir sur place.
Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 16 avril 2015.