Le drame de conscience belge - France Catholique
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Le drame de conscience belge

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Le contre ordre a été donné, et il est assez spectaculaire. Le détenu belge Frank Van den Beuken, qui devait être euthanasié dimanche prochain, sera finalement épargné à la suite du revirement des médecins qui l’ont en charge. L’affaire fait grand bruit depuis plusieurs mois. Il s’agit d’un homme aujourd’hui âgé de 52 ans, qui se considérant comme inguérissable de sa pathologie mentale, avait demandé à bénéficier de la loi belge de 2002 qui autorise l’euthanasie. Il convient de préciser qu’il s’agit d’un cas très lourd, parce que le détenu a commis une série de viols et tué une jeune femme. Son cas relève sans doute plus de la psychiatrie que de la prison puisqu’au demeurant la justice a conclu à son irresponsabilité pénale.

Le débat n’en faisait pas moins rage en Belgique. N’était-ce pas, par absence d’aide psychiatrique, que Franck Van den Beuken en était réduit ainsi à réclamer qu’on mette fin à son existence ? N’était-ce pas une sorte de retour déguisé à la peine de mort, dont la suppression est pourtant considérée comme un progrès de civilisation ? On peut retourner le problème dans tous les sens, il oblige à revenir sur la transgression du commandement fondamental tu ne tueras pas, en quoi consiste l’exception euthanasique. Qu’on le veuille ou pas donner la mort constitue l’acte le plus violent qui soit, même si l’on prétend qu’il s’agit d’une mort douce ou encore d’un acte compassionnel.

Une société qui intègre dans son droit et ses mœurs la possibilité de mettre au fin aux jours d’une personne en situation d’extrême vulnérabilité a accompli en esprit une transgression qui viole intimement l’ordre des lois non-écrites. On peut se réclamer du progrès pour entériner cette transgression. Elle continuera à marquer les consciences de façon indélébile. La Belgique, qui a consenti à l’euthanasie, pourra peut-être ressentir, à l’occasion de cette affaire dramatique, que la véritable compassion consiste à soigner le malade, et en l’espèce à créer enfin un dispositif d’accueil à la souffrance mentale. Staline prétendait que c’était toujours la mort qui gagne. Le consentement à l’euthanasie lui donnerait raison s’il n’y avait un sentiment supérieur d’adhésion à la primauté de la vie.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 janvier 2015.