Interrogé un jour sur les dogmes de l’Église catholique, Philippe Sollers expliqua qu’à son avis il s’agissait d’autant de chefs d’œuvres! Et le dogme de l’Immaculée Conception s’inscrit dans cet ordre d’un art supérieur, parce qu’il est tout simplement divin. Évidemment, cela ne dispense pas certains esprits forts de se dresser contre ce qu’il est convenu d’appeler l’obscurantisme pour dénoncer ces croyances archaïques, tout juste bonnes à émouvoir les âmes simples. C’est ainsi qu’une polémique s’est levée ces dernières années pour contester les dogmes mariaux, singulièrement l’Immaculée Conception. J’avoue que les objections soulevées ne m’ont pas fait broncher un centième de seconde, et que j’en ai été, au contraire, conforté dans le sens sollersien. Quels chefs-d’œuvre que ces dogmes qui nous donnent la clé des plus profonds mystères de notre condition humaine, ainsi que le remarquait déjà Pascal.
On ne peut séparer l’Immaculée Conception du péché originel. Marie fut préservée des conséquences de cette faute, parce qu’elle avait été choisie pour être la Mère du Sauveur et qu’elle était donc comblée de grâce. Kecharitoméné! C’est le terme grec de l’Évangile, il est capital, il exprime tout. Comment la Mère du Verbe incarné aurait-elle pu vivre dans la condition du péché? Sainte Irénée, au deuxième siècle, avait tout expliqué: « Marie devint cause du salut pour elle-même et pour le genre humain. » Elle est la nouvelle Ève, celle qui a obéi, en contraste avec celle qui avait désobéi. Il y a dans cette théologie la réponse à l’énigme de notre complicité avec le mal. Et qui nous renvoie à la Rédemption et à la vie dans la grâce. Plus jeune que le péché, nous dit Bernanos, Marie nous appelle à participer à son éternelle jeunesse par la médiation de son Fils !
Chronique lue le 8 décembre sur Radio-Notre Dame
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