L’arrestation de Mehdi Nemmouche à Marseille, en tant que suspect de la fusillade meurtrière du Musée juif de Bruxelles, a rappelé instantanément le cas Mohamed Merah à Toulouse. Même initiative personnelle, semble-t-il, d’un tueur fou selon les critères habituels, mais qui répond à une typologie bien précise, celle du djihadiste endoctriné jusqu’au fanatisme et aux pulsions de mort. L’inquiétude est d’autant plus grande qu’il semble que soit né, avec la guerre civile en Syrie, un véritable vivier terroriste où évolueraient, selon l’évaluation du ministère de l’Intérieur, quelque trois cents militants et militantes, qui sont autant de menaces potentielles pour notre sécurité, dès lors qu’ils regagnent le territoire national.
Cela fait longtemps que les spécialistes du phénomène tirent le signal d’alarme. Je songe notamment aux longues études précises de Pierre-André Taguieff sur ce qu’il appelle les prêcheurs de haine et leur propagande à l’échelon mondial. Car nous avons bien affaire à un djihad mondial, dont, l’anti-judaïsme est d’une violence hallucinante. Il n’est évidemment pas question d’assimiler ce djihad à l’islam en général. Ce serait d’autant plus stupide que les musulmans sont souvent les premières victimes des fanatiques. Mais il faut savoir que la menace qui pèse sur la sécurité de tous n’est pas lointaine. Elle est tout à fait prochaine, parce qu’elle concerne une population jeune et par définition vulnérable. Encore qu’il faut faire attention sur ce point. Mehdi Nemmouche est décrit par ses proches comme quelqu’un d’intelligent qui a réussi dans ses études. Ce n’est pas la première fois que l’on remarque que la haine du monde occidental se développe dans des catégories cultivées, déçues par ce qu’on appelle la modernité.
Mais il y a aussi souvent dans la genèse de ce type de djihadiste un déséquilibre psychologique et moral qui conduit à la délinquance. C’est à partir de là que se déclenche, singulièrement en prison, un processus d’endoctrinement qui produit la catastrophe. C’est dire quel discernement moral et spirituel devrait accompagner toute stratégie anti-terroriste !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 2 juin 2014.
Pour aller plus loin :
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La légion d'honneur de Mère Maurice-Marie
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.