La France est sauvée ! Grâce au chef de l’Etat-PS et au dirigeant suprême du Parti socialiste, la morale va reprendre le dessus après le trouble – exceptionnel et passager, on doit le croire – de l’« affaire Cahuzac ». Cahuzac ? C’est un ancien ministre qui a été écarté du gouvernement pour avoir « trahi » la vertu socialiste en se laissant attirer par la tentation de la « Finance » capitaliste. Heureusement, il s’agit d’un cas isolé au sein du Parti de la Sainteté laïque, qu’on appelle aussi Socialisme. Il n’est pas permis d’en douter.
De passage dans sa Corrèze d’adoption, le président socialiste François Hollande a évité tout contact impur avec des manifestations d’opposants. Il devait faire une prédication socialiste solennelle, dans l’esprit du « choc de moralisation » qu’il veut incarner : décorant d’anciens résistants au nazisme, fléau vaincu voici plus de 60 ans, il a appelé d’un air sérieux chaque citoyen à servir la France socialiste « d’une manière exemplaire avec le souci de faire le mieux possible » et à « donner aux autres le meilleur de soi-même ». Evoquant sans rire « une exigence morale pour tous ceux qui ont des responsabilités à quelque niveau que ce soit », le président a précisé sur le ton de la rigueur morale que « chaque manquement est une faute ». Socialisme oblige.
Quant au « Premier secrétaire » du Parti socialiste, Harlem Désir, il a souhaité un référendum pour la « moralisation de la politique », et aussi « pour nous permettre (NDA : à nous socialistes) d’aller jusqu’au bout ». Bigre ! Au cas où tout ne serait pas encore parfait dans le chantier de la République socialiste en construction, on va « remettre à plat tout ce qui doit l’être ». On évoque une loi socialiste sur le « contrôle du patrimoine des élus », idée que le président a évoquée dans ses vœux pieux des vêpres socialistes de mercredi dernier à la télévision. Dix députés socialistes ont déjà publié un texte où ils prônent notamment le vote des étrangers. Et voilà la morale socialiste devenue universelle ! La France sera-t-elle sauvée ainsi ? Il n’est pas permis d’en douter. Le doute est étranger à la morale du socialisme.
