Le score de Marine Le Pen aura été la grande surprise de ce premier tour de l’élection présidentielle. Avec 18,6% des voix, la candidate du Front national obtient le meilleur résultat que son parti ait jamais obtenu. Même si elle n’est pas qualifiée pour le second tour, elle dépasse, en pourcentage et en nombre de voix, la performance de son père il y a dix ans, un certain 21 avril 2002.
Autre motif de satisfaction pour Marine Le Pen : sa percée dans certaines zones rurales et sa progression dans les territoires de tradition ouvrière. Visiblement, les coups de boutoir du Front de gauche n’ont pas eu l’effet escompté. Ont peut d’ailleurs noter que les instituts de sondages ont encaissé ici un net désaveu.
Marine Le Pen recueille ainsi les premiers dividendes de son patient travail de dédiabolisation du Front national. Ce travail n’est d’ailleurs pas terminé. Si les sondages se sont lourdement trompés sur le parti lepéniste, c’est parce que le vote Le Pen demeure largement inavouable.
Surtout, la fille de Jean-Marie Le Pen se trouve prise à un piège redoutable. Le fondateur du Front national n’a jamais voulu le pouvoir. Il lui suffisait de jouer les tribuns avec la bénédiction plus ou moins implicite de la gauche de gouvernement. Son parti, rassemblement hétéroclite de vieux nostalgiques des causes perdues et de jeunes loups, était plutôt un attrape-tout où la cohérence idéologique n’était pas le souci premier, ni la volonté d’exercer des responsabilités démocratiques.
Avec le nom de son père, Marine Le Pen a aussi hérité de cet étrange parti. Structuré autour d’une fonction de pure protestation, le Front national n’est pas aujourd’hui en mesure de fournir le réseau d’élus locaux que proposent aussi bien les Verts que le PCF, malgré leurs maigres résultats électoraux. Et l’on ne parle pas d’une éventuelle représentation parlementaire. Ce n’est pas avec cela que la présidente du Front national peut atteindre ne serait-ce que les abords du pouvoir.
Marine Le Pen se retrouve aujourd’hui prise entre son ambition et un Front national qui ne peut que la reléguer dans la posture protestataire dont elle cherche à sortir.
Mais Marine Le Pen a-t-elle un avenir hors du Front national ?
Pour aller plus loin :
- Bulletin Acip n° 1187 du lundi 21 avril 2008
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- ÉLECTIONS : LA LEÇON D’ANGLAIS
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies