Le Dieu de justice et de miséricorde - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Le Dieu de justice et de miséricorde

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Dans l‘enseignement de Jésus le passage de la justice stricte de la Loi mosaïque à la miséricorde du « Pardonne à tes ennemis » éclaire la gloire de l’Incarnation, que nous célébrons d’une façon toute spéciale en ces jours de Noël, aussi bien que notre participation à la vie du Christ dans le sacrement de pénitence.

Le roi David regarde son adultère avec Bethsabée et son meurtre d’Ourias comme des offenses à Dieu seul. « Contre toi, toi seul, j’ai péché, et ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. » (Ps.51 6). Le psalmiste aussi attendait que Dieu écrasât ses ennemis : « En ton amour anéantis mes ennemis ; détruis tous mes adversaires, car moi je suis ton serviteur. » (Ps. 143 12)

Le désir de vengeance peut paraître aussi illimité que la miséricorde de Dieu. C’est dire que quand David avec son dénombrement provoquait Dieu, il craignait encore plus la colère des hommes que le châtiment divin. « Je suis dans une grande anxiété. Ah ! tombons entre les mains du Seigneur, car sa miséricorde est grande, mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes. » (2 Sam 24 :14)

« Œil pour œil, dent pour dent » dit la justice stricte de la Loi mosaïque, qui – contrairement à la manière dont on comprend souvent cela aujourd’hui –restreignait en réalité le penchant humain à la vengeance et préparait les Israélites à pratiquer la miséricorde.

L’Ancien Testament pourtant a très peu d’exemples de pardon mutuel. La littérature sapientiale annonce la Prière du Seigneur : « Pardonne à ton prochain ses torts, alors, à ta prière, tes péchés te seront remis. » (Ben Sira 28 : 2)

Le récit de Joseph et ses frères est un émouvant exemple de réconciliation. Dans ses dernières paroles Jacob leur enseigne à demander pardon à Joseph pour avoir tenté de le tuer : » Vous parlerez ainsi à Joseph : Ah ! Pardonne à tes frères leur crime et leur péché, tout le mal qu’ils t’ont fait ! » (Gn 50 : 17)
En contraste avec l’insistance du « œil pour œil » de la Loi mosaïque, l’enseignement de Jésus ne cesse d’insister sur l’obligation de pardonner aux autres :

« Si ton frère pèche, réprimande-le et s’il se repent, pardonne-lui. » (Lc 17 :3) ; « Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez ; afin que ton Père qui est dans les Cieux vous pardonne aussi vos offenses. » (Mc 11 :25)

Et « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » (Mt 6 :14

La réponse de Pierre à la nouvelle exigence sur le pardon montre qu’elle a semé la consternation parmi les apôtres : « Alors Pierre s’avançant, lui dit : ‟ Seigneur, combien de fois devrai-je pardonner les offenses que me fera mon frère ? Irai-je jusqu’à sept fois ?„ » (Mt 18 :21). Et Pierre n’a probablement pas été très satisfait de la réponse : « Je ne te dis pas sept fois mais soixante-dix fois sept fois. »

Jésus ne s’adoucit pas. Il nous enseigne à pardonner aux autres comme Il nous pardonne : « Si quelqu’un te donne un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » (Mt 5 :39) Le pardon de Dieu dépend de notre volonté de pardonner aux autres.

Le changement dans l’insistance s’éclaire davantage quand nous considérons la signification de l’Incarnation et l’Église. La révélation dans la Genèse que Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance montre sa dignité fondamentale en dépit de la Chute. Dans la personne de Jésus, Dieu et l’homme sont réconciliés. L’Incarnation révèle que les péchés contre Dieu sont aussi des péchés contre l’homme.

David pèche contre Dieu, mais aussi contre Ourias, qui porte l’empreinte divine. Nos péchés ont crucifié Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Nous voyons le résultat de nos péchés dans Son humanité crucifiée, et nous cherchons Son pardon dans Son humanité comme notre Frère.

Par le Baptême nous devenons aussi membres de Son Corps Mystique et frères dans le Christ. Comme l’enseigne saint Paul : « De même en effet que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul esprit que tous nous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps. » (cf. 1 Cor 12 : 12-31, et aussi Col 1 :18 ; 2 : 18-20 ; Eph 1 : 22-23 ; 3 :19 ;4 :13)

Comme membres de Son corps, nous sommes en union avec Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Quand nous péchons contre l’homme, nous péchons contre Son corps. Quand nous pardonnons aux autres comme membres de Son corps, nous devenons des instruments de Sa miséricorde. Ce qui fait qu’il est juste et obligatoire de pardonner aux autres, et de rechercher le pardon des autres – en parole ou en acte – même quand nous continuons avec le roi David à prier « Contre Toi, contre Toi seul j’ai péché. »

Remarquez que Jésus institue le sacrement de la pénitence pendant Sa première rencontre avec les Apôtres après la Résurrection « Il souffla sur eux, et leur dit : » Recevez l’Esprit Saint : celui à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis celui à qui vous les retiendrez les péchés, ils seront retenus. » (Jn 20 : 21-22)

Quand les prêtres entendent les confessions, ils représentent à la fois Jésus et ceux que nous avons offensés par nos péchés. Dans les mots de l’absolution, Jésus – en union avec Son Corps Mystique, l’Église – accorde le pardon avec la certitude toujours garantie par les Sacrements.

Quand nous confessons nos péchés au prêtre, nous cherchons le pardon de nos péchés contre Dieu et l’homme – et Dieu et l’homme sont réconciliés. Le sacrement de pénitence conserve le « mécanisme » de la miséricorde et est une synthèse de tout l’enseignement scriptural sur la miséricorde et el pardon.

L’Ecriture ne révèle pas un Dieu de justice en opposition avec un Dieu de miséricorde. Au contraire, l’Ecriture découvre un Dieu juste et qui a beaucoup souffert, Qui intervient dans l’histoire pour restaurer miséricordieusement notre dignité défigurée par le péché, précisément en nous conduisant vers une fermeté et une justice renouvelées. « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et restaure en moi un nouvel esprit ferme. »(Ps 51 :10)

Dimanche 29 décembre 2019

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/12/29/the-god-of-justice-and-of-mercy/

Le père Jerry J. Pokorsky est un prêtre du diocèse d’Arlington. Il est le curé de la paroisse Sainte Catherine de Sienne à Great Falls, Virginie.