Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech – la fuite en avant des Nations Unies

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Le pacte mondial pour « des migrations sûres, ordonnées et régulières » n’est pas à la hauteur de l’énorme défi historique.

Quelques positions insoutenables de ceux qui l’approuvent

A) le désastre humanitaire, corollaire des migrations, imputé au repli des pays riches

B) la mise en cause du développement lui-même, pourvoyeur de migrants…

C) l’incontournable défi planétaire des migrations, déliées de leurs causes

D) la mobilité des gens, à l’exemple de celle des capitaux et marchandises…

E) le principe de l’hospitalité universelle vu comme la solution d’avenir

la Déclaration Universelle des droits de l’homme

la vive lumière de la Doctrine Sociale de l’Eglise

le sens de l’Histoire et les vrais défis lancés à la communauté des Nations
la question est de savoir si…

– la fuite en avant
« l’ordre voulu par Dieu…», les défis à relever d’abord :

1. la libération et le développement humain de chaque nation
l’ONU est-elle en mesure de changer le cours des événements ?

– inégalités «normales» et inégalités insupportables

– désinformation et information à la télévision

2. la protection militaire efficace des populations accablées par la guerre, et l’élimination des dominations tyranniques

3. L’engagement des ONG et de l’ONU pour le désarmement et le contrôle des ventes d’armes aux belligérants

A) Handicap International et le traité contre les mines antipersonnel

B) autres résolutions de l’ONU s’opposant à la vente d’armes

C) Quelles propositions ?
messianisme chrétien

la « DUDH  «boostée » par la Convention internationale des droits de l’Enfant
retour sur l’accueil des demandeurs d’asile et autres migrants

Le défi du développement des peuples et le Pacte de Marrakech –
la fuite en avant des Nations Unies

« Le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été approuvé lundi 10 décembre 2018 lors d’une conférence intergouvernementale organisée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Marrakech (Maroc) en présence de représentants de près de 160 pays. Ni vote ni signature n’étaient au programme de ce rendez-vous (…) Une simple proclamation orale suivie d’un coup de marteau a servi d’approbation formelle. Le texte, qui a déjà été approuvé en juillet, doit (devait) encore être ratifié mercredi 19 décembre lors de l’Assemblée générale des Nations unies.(…) Il s’agit d’un document de quarante et une pages, qui fixe vingt trois objectifs pour ‘améliorer la coopération en matière de migrations internationales’, accompagnés de mécanismes de suivi des mesures à toutes les étapes. »(Journal le monde)

La critique que nous allons faire au Pacte de Marrakech n’est pas de la même teneur que les craintes ou réprobations émanant de certains milieux de la droite politique, lesquels, d’après le compte rendu du Monde, reprochent à ce texte, entre autres,

d’être un préalable à un afflux massif de réfugiés, de mettre en place une censure de presse sur les questions migratoires, d’organiser le remplacement de travailleurs européens par des travailleurs immigrés ‘payés un euro l’heure’, de brader la souveraineté française (‘vendre la France à l’ONU’) – autant de reproches inexacts, démentis par l’analyse objective du texte.

Cependant, celui-ci, bien que qualifié de « non contraignant » (1) pour les Etats dont il respecte la souveraineté, représente une sorte de poids psychologique et idéologique qui influencera les orientations ou décisions du droit dans un sens favorable aux migrants, au bénéfice principal et en défense de qui il est écrit… afin de faire respecter leurs droits et réduire leurs difficultés. Il y a des précédents dans notre histoire récente où des juridictions d’une instance supérieure à la nôtre (onusienne et européenne) contestent nos décisions de justice destinées à cadrer des revendications de l’Islam fondamentaliste.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas d’abord le souci de promouvoir et mettre en place un autre type de solidarité avec les damnés de la terre, qui motive les opposants à ce texte.

Ce sont principalement des préoccupations, légitimes, de politique intérieure au sens noble du terme, telles que le délitement de l’identité nationale, la surcharge économique de l’immigration au détriment des besoins de « la France périphérique », l’avancée et menace, manifeste ou rampante, de l’Islam radical… Mais ces opposants ne disent pas, haut et fort, que pour conjurer une immigration de masse, la France et les Nations riches doivent avant tout s’inspirer de la grande déclaration des droits de l’homme des Nations Unies, déjà existante, et la mettre en oeuvre efficacement.

Au total, selon l’Agence France-Presse (AFP), 159 pays sur 193 étaient représentés pour l’adoption de ce pacte, qui avait été approuvé en juillet 2018 à New York par l’ensemble des membres de l’ONU, à l’exception notable des Etats-Unis. Donald Trump s’était en effet retiré dès décembre 2017 de l’élaboration de ce texte, contraire à sa politique d’immigration et à sa volonté de s’éloigner de toute gouvernance mondiale.
Plus récemment, au moins neuf pays se sont retirés du processus : Autriche, Australie, Chili, République tchèque, République dominicaine, Hongrie, Lettonie, Pologne et Slovaquie.

Selon Louise Arbour, représentante spéciale de l’ONU pour les migrations, plusieurs autres pays ont demandé à organiser des consultations internes : Bulgarie, Estonie, Israël, Italie, Slovénie et Suisse. En Belgique, la décision du premier ministre, Charles Michel, de se rendre à Marrakech a suscité une crise politique et brisé la coalition avec les nationalistes flamands de la N-VA.
Par ailleurs, le Brésil va se retirer du pacte une fois que le président élu d’extrême droite Jair Bolsonaro prendra ses fonctions, le 1er janvier, a annoncé son futur chef de la diplomatie.
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Nous disons que ce document n’est pas à la hauteur pour répondre à l’énorme défi historique que représentent aujourd’hui les migrations de masse. Les clauses bénéfiques qu’il contient – elles ne sont pas absentes – n’apportent pas de solution aux questions cruciales du sous-développement, de la grande pauvreté ou misère structurelle, ni à celles, pires encore, de la violence qui décime et meurtrit des populations entières du fait du terrorisme islamique, des gouvernements dictatoriaux répressifs, de la guerre.

Par rapport à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies de 1948, ce pacte ne joue pas, étant donné la gravité de l’enjeu, le rôle qu’on eût attendu, de confirmation et de renforcement, de relance et d’actualisation, d’avancée et de précision dans la mise en oeuvre des devoirs qui incombent aux divers peuples des Nations Unies – individus, institutions, gouvernements – pour le respect des droits de l’homme proclamés dans la Déclaration.

Des objectifs énoncés par le pacte de Marrakech vont certes dans le sens de la Déclaration Universelle : en amont, lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent les individus à quitter leur pays; rendre les périples migratoires moins dangereux, sauver des vies par une action internationale coordonnée, lutter contre les passeurs et la traite des personnes; renforcer la coopération consulaire ; une fois les migrants arrivés dans un pays, leur assurer les moyens de s’intégrer(…), éliminer toutes les discriminations ; permettre aux migrants de contribuer au développement de leur pays d’origine, simplifier les envois de fonds, faciliter leur retour…, sont bénéfiques et importants mais, sauf le premier sobrement signalé, ne se situent pas au coeur du problème.

Il ne s’agit pas, en effet, selon nous, d’humaniser la gestion des migrations (pour qu’elles soient « sûres, ordonnées et régulières »…) mais il s’agit, le plus possible, de tarir à la source ces migrations massives du désespoir et de la misère, de faire en sorte qu’elles n’aient pas lieu d’être, qu’elles n’aient plus les raisons calamiteuses de se poursuivre ! Car ces migrations sont le signe évident que les droits de l’homme continuent à être bafoués pour quantité d’êtres humains, en dépit de la Déclaration-phare des Nations Unies.

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quelques positions insoutenables de ceux qui l’approuvent

Je vais relever et m’appliquer succinctement à défaire quelques positions de ceux qui approuvent résolument ce texte de politique humaniste. J’ai trouvé ces positions dans l’hebdomadaire la Vie (n°3825 – 3826, du 20 décembre au 2 janvier – Enfin Noël), mais je ne doute pas qu’elles expriment l’opinion de beaucoup de nos concitoyens imprégnés d’humanisme chrétien, influencés par l’enseignement de l’Eglise catholique, laquelle a du mal dans son ensemble, à dépasser la solidarité immédiate et instinctive, et à élever l’engagement de la charité jusqu’à un niveau universel, géo-politique, historique.

A) les migrations ont désormais pour corollaire un désastre humanitaire, à cause du mouvement de repli des sociétés riches…

C’est assurément vrai hélas! Le désastre humanitaire est bien présent :« outre les milliers de morts en Méditerranée, le trafic prospère des passeurs, les millions de déplacés vivant dans des camps qui abritent les personnes en moyenne pendant 17 ans, la multiplication de ces camps (Turquie, Liban, Jordanie, Libye) et lieux d’enfermement, voire la mise en esclavage des migrants (en Libye par exemple), les viols et la prostitution, des millions de sans-papiers se retrouvant réduits dans les pays d’accueil à la condition de sous-citoyens pour un temps indéterminé »

Mais ce désastre humanitaire, perçu comme «un corollaire des migrations » est-il imputable d’abord au repli, à l’égoïsme, à la fermeture des pays riches à l’égard des migrants ? Rien n’est dit sur la cause de ces migrations planétaires, considérées à peu de chose près comme un phénomène en soi. On pointe premièrement les effets désastreux attachés aux migrations au lieu de dénoncer et de charger la ou les causes : le sous-développement, l’exploitation, la guerre…Et si les sociétés riches doivent être interpellées, ce n’est pas tant pour la fermeture de leurs frontières et/ou la médiocrité de leur accueil, c’est pour leur passivité en amont, ou pis, leur responsabilité actuelle dans le sous-développement, la guerre, et le déséquilibre du monde, comme on le verra. Reconnaître et analyser cette part de responsabilité, en inverser positivement le cours est une attitude tout autre que la repentance.

B) La vraisemblable mais aberrante et irrecevable mise en cause du développement lui-même : celui-ci aurait le résultat inverse de celui qui est en principe poursuivi, il intensifierait les processus migratoires…

Certains avancent cette réalité, j’en parle parce que je l’ai vue écrite, comme un constat de résignation ou un aveu d’impuissance… : le développement, disent-ils, ne saurait être la solution pour ralentir ou stopper les flux migratoires en direction des pays riches. Au contraire, il en est le fourrier. Ce qui est fait en faveur du développement revient en fait à intensifier les mouvements migratoires… Ce résultat en quelque sorte fatal et obligé des politiques de développement devrait donc nous conduire à accepter sans sourciller les déplacements de population du Sud indigent vers le Nord opulent, comme expression d’un sens supérieur de l’histoire… Fini le développement, place aux flux migratoires….!

La thèse a ceci de vrai que l’acquisition d’un meilleur niveau de vie et d’instruction, l’ouverture à d’autres civilisations et aux possibilités d’une vie plus aisée ailleurs que chez soi….(grâce au développement) sont des facteurs de mobilité accrue et de franchissement de frontières, au sens physique et au sens intérieur du mot.

Mais comment ne pas voir que le développement qui aboutit à ce que les bénéficiaires désertent leur maison, renoncent à relever les défis qui se présentent à eux, abandonnent ce qui devrait les motiver : leur patrie, son avenir, le dépassement des stagnations et aliénations séculaires… comment ne pas percevoir que ce développement-là est un développement tout à fait insuffisant et trop partiel en tant qu’effort déployé, premièrement. Et surtout, un développement qualitativement tronqué, partiel, raté, car il a malmené et mal-formé l’âme des destinataires, une âme qui soit consciente et inquiète des enjeux du progrès solidaire que sont la conquête mieux assurée par chaque peuple de son bien-être et de son mieux-vivre, ainsi que de l’approfondissement de sa propre identité et de son destin. Le développement manque en effet l’un de ses objectifs majeurs, s’il aboutit à écrémer et transférer hors de chez elles les élites de populations que l’on vise à accompagner dans leurs progrès matériels et culturels ; s’il aboutit à une évasion des élites, en fait de pseudo-élites égoïstes et déconnectées. Elites ? Au moins par rapport à d’autres couches de population tout à fait démunies, celles-là, inexorablement vouées à rester sur place… Peut-être, en effet, l’Occident actuel n’est-il pas capable d’infuser d’autres idéaux que l’attraction vers son bien-être individualiste.(10)

C) En guise de réponse à la crise des migrations, évaluée et ressentie comme un incontournable défi planétaire, la peur guide les pays riches dont les réactions sont influencées par les partis de droite, nommés populistes et nationalistes, quand on s’abstient de les traiter carrément de « racistes et de xénophobes » Et on évoque encore « les réalités démographiques qui sont têtues et ne font qu’augmenter la pression, la croissance accélérée de la population mondiale accompagnée d’une urbanisation vertigineuse… »

Voici encore un diagnostic, en partie vrai, mais idéologiquement tronqué et faussé : il est abusif de parler de «crise des migrations» inéluctable, dans l’ordre des choses, presque fatale, et dans ces conditions, pourquoi pas bienfaisante ? Cependant il est évident que, pour qui a des yeux pour voir, le défi planétaire majeur incontournable, c’est celui du sous-développement des peuples à affronter et c’est celui des violences à combattre, juguler et guérir, deux réalités qui n’ont rien d’une fatalité.

D) Homo sapiens a toujours bougé… Aujourd’hui plus que jamais, les gens désirent bouger, comme les capitaux sans frontières et les marchandises de la mondialisation heureuse… Les migrants feraient eux-mêmes partie de cette mondialisation, y compris heureuse, pourquoi pas ? si on s’applique à rendre les migrations «sûres, ordonnées et régulières ».

Ici sont mêlés toutes sortes de déplacements et de mobilités, comme si la fuite des crève-la-faim et des persécutés hors de leur pays d’origine avait la même valeur ou était du même signe que la mobilité touristique des riches ou de gens bien pourvus. Et on oublie de dire, dans la pitié pour « les pauvres pays du tiers-monde », que les élites de ces pays, à plus forte raison leurs oligarchies, sont de fait plus mobiles et voyageuses que la majeure partie des gens moyens de chez nous…(allez faire un tour aux Galeries Lafayette et au Printemps)

E) Enfin, le principe (« méta-principe »,« soft law ») de l’hospitalité universelle à découvrir, intérioriser, faire prévaloir serait la solution pour humaniser les flux migratoires.

Je pense que ce principe est une fausse bonne idée ; séduisante par certain côté, elle ne peut pas être opérationnelle. Elle ne peut être défendue comme équivalente au « droit de circuler librement », protégé par l’article 13 de la DUDH, ou comme son aboutissement… Si certains obstacles qui surgissent à son application peuvent et doivent être levés, en effet, par une avancée de conscience et une régulation juridique appropriée, d’autres obstacles, plus nombreux, restent, idéalement et pratiquement insurmontables. Du coup elle perd son caractère de principe universel.

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Quand des voix chrétiennes ou d’Eglise semblent faire un panégyrique du Pacte de Marrakech sur l’immigration (10 décembre 2018), elles semblent expédier aux oubliettes 70 années de prééminence de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies (Paris 1948) – en tant qu’énoncé solennel moral et juridique de ce vers quoi doit tendre la conscience humaine universelle -, et mettre sous le boisseau la vive lumière de la Doctrine Sociale de l’Eglise, dispensée depuis les années 60, sur le « Développement des Peuples , nouveau nom de la Paix. »

la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Au sujet de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, il est bon de faire ce rappel : « ils sont un idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations » (préambule de la Déclaration). Le défi posé par les droits de l’homme est de faire en sorte que tous les êtres humains égaux en dignité soient pareillement reconnus et respectés dans leurs droits, de façon à la fois théorique et effective.« A ce but sont appelés à concourir tous les individus et tous les organes de la société : développer le respect de ces droits et libertés et en assurer par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives »(préambule)

La lecture ou relecture de la Déclaration Universelle, son étude attentive, (éclairée et renforcée par quelques analyses pertinentes), convainquent, si on veut bien s’en pénétrer, qu’elle constitue un outil approprié et indispensable pour faire progresser la justice, la fraternité, la liberté, la paix sur la terre. Non par le simple énoncé de ces valeurs, qui suscitent assez communément l’adhésion de l’esprit, mais par la reconnaissance, théorique et effective, de la dignité et de l’égalité de tous les êtres humains et le respect de leurs droits, expressément énumérés. Chaque personne humaine en effet a une valeur absolue, elle est une fin en soi, c’est en elle que se nouent tous les droits et c’est vers elle qu’ils convergent.

A côté de l’énoncé des libertés fondamentales, « les droits économiques et sociaux expriment une conception nouvelle de l’extension des droits de l’homme, à savoir « des droits créances à l’égard de la société et dont l’énoncé devrait constituer un programme d’action pour le législateur »(1 bis) ; ils sont en permanence présents et précisés dans la Déclaration, ne permettant aucune évasion dans un humanisme spirituel, philosophique ou religieux déconnecté de la réalité. (2)

la vive lumière de la Doctrine Sociale de l’Eglise

Qu’il me suffise de rappeler l’existence de plusieurs grandes encycliques sociales depuis plus de 50 ans et de la « Constitution conciliaire pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes », promulguée en 1965. Ces documents traitent précisément du développement des peuples et demeurent d’une pressante actualité. Dans les affaires qui nous préoccupent, ils ne devraient cesser de marquer et d’imprégner la prédication et l’enseignement chrétiens. Voici les titres de cinq lettres encycliques destinées à éclairer et former la conscience et l’engagement: Pacem in terris (1963) du pape Jean XXIII, Populorum progressio (1967) du pape Paul VI, Sollicitudo rei socialis (1987) de Jean-Paul II, Caritas in veritate (2009) de Benoît XVI, et Laudato si’, sur la sauvegarde de la maison commune (2015), du pape François.

A propos de l’admirable texte conciliaire qui a précédé ces lettres pontificales, il est impératif de signaler la convergence visionnaire entre la Déclaration des Nations Unies et l’enseignement du Concile Vatican II. (3)

Divers acteurs et courants représentatifs de l’Eglise de France ne sont pas restés en reste pour accompagner par leur ferveur et leur compétence en philosophie, en théologie et en sciences économiques et sociales les défis historiques à relever pour l’éclosion d’un monde solidaire. J’évoque l’IRFED, Institut international de recherche et de formation éducation et développement, fondé en 1958 par le Père Louis Joseph Lebret, dominicain, et son équipe. De 1942 à 2007, la revue Economie et Humanisme, portée par l’association du même nom, encadrée également par des représentants de l’ordre dominicain. Chez les Jésuites nous eûmes le Ceras et la revue Projet, depuis 100 ans ; le Père Bigo et la revue Action populaire, les études du P. Jean Yves Calvez.

On doit évoquer aussi la ferveur que suscita la théologie de la libération, éclose en Amérique Latine, mais dont le sujet avait déjà suscité l’intérêt du Concile Vatican II, grâce en particulier au travail du prêtre Paul Gauthier et de son livre : « Jésus, les pauvres et l’Eglise ». Le pape Jean-Paul II, après certaine méfiance initiale, qualifia cette théologie, libérée d’un marxisme doctrinal (mais non de quelques uns des instruments d’analyse de celui-ci), «d’utile et nécessaire », reconnut qu’elle « devait constituer une nouvelle étape de la réflexion théologique » et orienta l’Eglise tout entière dans la ligne de « l’option préférentielle pour les pauvres ».

Ce choix demeure toujours vivace et exemplaire aujourd’hui à l’intérieur de nos frontières, mais il peine à déboucher sur un positionnement chrétien largement répandu, qui soit universaliste et libérateur à l’égard des pauvres et opprimés des autres parties du monde. A preuve, l’absence ne serait-ce que de l’évocation de ces défis dans la prédication ordinaire de l’Eglise… (ils sont réservés à la prière universelle… des laïques)

Le sens de l’histoire et les défis lancés à la communauté des Nations

Cependant, si on s’en tient au pacte de Marrakech, le sens de l’histoire aujourd’hui, les défis lancés à la communauté des Nations, ce ne sont plus les droits et devoirs universels à reconnaître, faire respecter et accomplir… partout où ils se trouvent bafoués dans le monde ; ce ne sont plus les besoins vitaux des pauvres, qui crient vers le Ciel, et sont à satisfaire d’urgence; ce n’est plus la libération des opprimés et persécutés à accompagner, soutenir, défendre, là où ces opprimés souffrent de conditions de vie insoutenables… Le sens de l’histoire et les défis lancés à la communauté internationale ce ne sont plus l’urgente mobilisation et le travail concerté en faveur de conditions de vie pleinement humaines et épanouissantes à créer solidairement, de telle sorte que chaque peuple, et chaque individu à l’intérieur de ce peuple, trouve chez lui les moyens de sa survie et de son bonheur.

Non ! le nouveau défi du pacte de Marrakech en faveur des migrants consisterait à favoriser et organiser les déplacements de populations persécutées, exploitées, indigentes, vers des pays mieux lotis, plus prospères et pacifiés…, à veiller à la qualité de l’accueil fourni, à leur intégration personnelle et sociale réussie, sans qu’il soit question avant tout de prendre les moyens efficaces pour faire cesser les violences exterminatrices et renverser les désordres économiques, financiers, socio-politiques, sévissant aux échelles locales et mondiale, et qui entraînent ces migrations de la misère et du désespoir.

La solution de l’accueil élargi hors de chez elles de populations déshéritées est envisagée par des décideurs de ce monde comme un substitut à leur manque de vision, de courage, de volonté politique à mettre en oeuvre impérativement pour remédier aux causes repérables et connues de l’exil vécu par ceux qui en sont les victimes comme une contrainte, un pis-aller, un sauve-qui-peut généralisé.

Notre impuissance est alors baptisée d’humanisme. Notre incapacité collective internationale à porter remède à des situations barbares – économiques, financières, idéologiques, militaires – particulières et bien identifiées, dont on connaît la structuration perverse et les auteurs ; notre irrésolution endémique ou notre lâcheté face à la violation de droits humains élémentaires…., ces préjudices et ces crimes, on prétendrait les estomper ou les racheter à bien moindre coût par le baume gentiment répandu et orchestré de la liberté de déplacement, reconnue à tout plaignant et même encouragée, avec devoir corrélatif fait aux Nations de s’y ouvrir généreusement.

La question est de savoir si…

Cependant, il ne s’agit pas de savoir premièrement si les pays destinataires des flux migratoires – nous parlons ici des pays développés du Nord – (mais nous sommes conscients que les migrations les plus volumineuses ont lieu entre les pays du Sud eux-mêmes – peuples musulmans Rohingyas chassés de Birmanie au Bangladesh…, 2 millions de déplacés de Colombie au Vénézuela…) ont la possibilité d’accueillir et d’absorber ces flux… Ils l’ont, du point de vue économique très probablement (voir l’Allemagne), mais au prix d’ajustements et de pas mal de déséquilibres et de conflits intérieurs ; et surtout au prix de leur identité propre, de leur délitement en cours, ou même de leur disparition comme entités nationales, annoncée par des voix alarmistes (je pense ici surtout à la France, à ses difficultés ou incapacité d’absorption et d’intégration de certains immigrés, surtout musulmans,« invasifs » et profiteurs, à son peuplement gonflé par de nombreux étrangers, au rythme de la reproduction accélérée de ces derniers, déplaçant rapidement la répartition démographique entre autochtones et nouveaux venus).(4) Mais la question est de savoir si l’accueil massif de populations en manque et en désarroi structurels, à la recherche d’une vie meilleure en dehors de chez elles, est la solution adéquate, juste et appropriée à leur offrir présentement, pour leur bien et pour le nôtre ; si cette perspective officiellement reconnue, encouragée, et pour ainsi dire mise en ordre (bien que « non contraignante ») par les Nations Unies à niveau planétaire ne constitue pas une « fuite en avant » (en gros, une solution de facilité), affectée de démission et irresponsabilité…, que le président Macron a fait approuver par la France sans consultation ni vote du parlement.

la fuite en avant

La fuite en avant consiste à vouloir résoudre des problèmes en s’appuyant non pas sur les principes dont ces problèmes relèvent directement, au premier chef, pour la raison qu’on se masque la réalité et qu’on a mis entre parenthèse les principes dont elle dépend ; pour la raison qu’on les juge sinon périmés du moins inapplicables ou trop difficiles à mettre en oeuvre…. La fuite en avant consiste à aborder ces problèmes en se réclamant d’autres principes plus souples, variables, trouvés pour les besoins de la cause, principes élaborés à la carte…, mais dépourvus des fondements anthropologiques universels antérieurement reconnus. Dans plusieurs domaines qui se présentent, (tels que le droit à l’avortement, diverses questions de bioéthique, PMA, GPA, le mariage pour tous.. ) c ’est l’individu seul, avec ses carences et ses envies, qui devient la norme de référence. Les droits humains deviennent alors une somme multiple de droits individuels, non situés dans une vision anthropologique globale. Ainsi en serait-il du droit à l’émigration reconnu à tout individu désireux d’en faire usage, et saisi en corrélation au devoir d’hospitalité qui incomberait à autrui – partenaire vaste et indéterminé – vis à vis de la satisfaction de ce droit….

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l’ordre voulu par Dieu, les défis à relever d’abord

Avec les mots du pape Jean XXIII au début de son encyclique « Pacem in terris », demandons-nous si ce pacte migratoire récemment signé par une majorité de pays – tous gagnants et plus désintéressés les uns que les autres, on l’imagine… ! -, correspond effectivement à l’ordre voulu par Dieu.
Il, ce pacte de Marrakech, serait effectivement conforme à l’ordre voulu par Dieu – disons aussi bien à la nature des choses et au sens de l’histoire – si au moins trois objectifs du bien commun international, s’exprimant en résolutions concrètes confirmées par le droit, occupaient réellement le devant de la scène et se trouvaient prioritairement et largement poursuivis.

1 • la libération et le développement humain de chaque nation
Dans le cadre modeste de cet article, nous signalons : la libération et le développement humain de chaque nation, considérée singulièrement et en corrélation avec tous les autres pays du monde. Tous nous devrions marcher d’un pas relativement égal et faire en sorte qu’aucune population de la planète ne soit privée des moyens de subsistance et de progrès essentiels à sa survie et à sa vie. Or, nous avons collectivement, comme citoyens du monde, des défis colossaux et prioritaires à relever. Il existe des rapports accablants sur l’accroissement démentiel des inégalités dans le monde, reposant sur l’accaparement barbare des richesses disponibles par des minorités, au détriment de la stagnation et du recul de grandes majorités.
Pour se laisser impacter par cette réalité, il importe d’avoir en tête quelques chiffres énoncés par l’OXFAM dans son rapport et plan de campagne : « Combattre les inégalités, vaincre la pauvreté » rendus publics à l’occasion du sommet de Davos (20/01/2018). On lira donc ci-après une longue citation dont le contenu devrait peser pour une juste appréciation des actions à entreprendre préalablement, ou conjointement à toute «politique compassionnelle » d’accueil des migrants….


Voici : « Les 1 % les plus riches ont empoché 82 % des richesses créées l’an dernier, la moitié la plus pauvre du monde n’en voit qu’une miette.
Des richesses engendrées l’année dernière, 82 % ont profité aux 1 % les plus riches de la population mondiale, alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam, « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », publié aujourd’hui, à la veille du Forum économique mondial qui rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en Suisse. Ce rapport montre comment le système économique mondial permet à une minorité fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que l’immense majorité des travailleurs ne touche pas sa juste part qui lui permette d’accéder à un niveau de vie décent.

• Entre mars 2016 et mars 2017 : le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours. 


• En 12 mois, la richesse des milliardaires ont augmenté de 762 milliards de 
dollars, soit plus de sept fois le montant nécessaire par an pour sortir de l’extrême 
pauvreté les personnes qui y sont plongées. 


• Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 
2010, soit six fois plus vite que la rémunération des
travailleuses et travailleurs, qui n’a 
progressé que de 2 % par an en moyenne. 

• Quatre jours suffisent au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales du secteur du textile pour gagner ce qu’une ouvrière de la confection bangladaise gagnera au cours de sa vie. 


• Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur du textile en 2016. 


De la même manière, 10 % des dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à assurer un niveau de vie décent pour plus de 39 000 travailleurs du secteur du textile au Bangladesh.

Pour Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam : « Ces chiffres vertigineux démontrent que le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante, mais d’abord le symptôme d’un système économique défaillant qui enferme les plus vulnérables dans la pauvreté et porte aussi atteinte à la prospérité économique de toutes et tous, comme le reconnaissent de plus en plus d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou l’OCDE ».

La France n’échappe pas à cette réalité. L’année dernière, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se sont partagés seulement 5 % du gâteau. Au sommet de la pyramide la richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en 10 ans et seuls 32 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française.

La France se distingue en se présentant comme la championne d’Europe de la rémunération de ses actionnaires : 44 milliards d’euros de dividendes ont ainsi été reversés en 2017 par les entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires. C’est trois fois plus qu’il y a 15 ans, tandis que le salaire moyen n’a augmenté que de 14 % en France au cours de la même période. Les écarts sont ainsi particulièrement significatifs au sein même des entreprises françaises et dans leur chaîne de production : le PDG de Sanofi gagne par exemple en moins d’une journée le salaire annuel moyen d’un français.
Pour Manon Aubry, « Des scandales d’évasion fiscale tels que les Paradise Papers, les écarts de rémunérations au sein de grandes entreprises ou la réforme fiscale d’Emmanuel Macron, montrent que les responsables économiques et politiques ne sont pour l’instant pas décidés à s’attaquer sérieusement à cette injustice ».

« Face à l’indignation que suscitent les inégalités, les entreprises et les responsables politiques se trouvent maintenant à un carrefour : laisser perdurer ce système biaisé ou prendre le problème à bras le corps car les inégalités ne sont pas une fatalité mais le fruit de choix politiques et économiques. Des solutions existent pour les combattre ! ».

Oxfam appelle le gouvernement français à prendre les mesures fortes pour que cesse la spirale infernale des inégalités. Les décideurs politiques doivent pour cela réguler les multinationales afin que les richesses soient mieux partagées, et défendre les droits des personnes pauvres, notamment les femmes, victimes des inégalités.

« Il est temps de peser de tout notre poids pour rééquilibrer la balance et permettre aux 99 % de combattre les inégalités et vaincre la pauvreté » lance Manon Aubry.


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l’ONU est-elle en mesure de changer le cours des événements ?

L’ONU est-elle en mesure de modifier le cours des choses ? Posons-nous la question, puisque nous l’avons attaquée sous cet angle. Les moyens dont elle dispose l’Organisation sont importants et ne se réduisent pas à la Déclaration Universelle (DUDH), aussi centrale et percutante soit-elle. On trouvera en note le rappel des entités dont les Nations Unies sont composées, à la fois organes de l’ONU, et institutions indépendantes collaborant avec elle.(5)

Des organismes comme le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés), la FAO, le PAM, le PNUD, l’OMS s’appliquent à panser les plaies de l’humanité, à résorber la misère, à promouvoir le développement, à élever le niveau de vie des peuples…et, secours indispensable (HCR), ils assurent la simple survie de millions d’exilés dans les camps. Mais ils ne peuvent se substituer à la politique des Nations et n’ont pas les clés de la marche du monde dans le sens de la justice, du progrès et de la paix.

Il est sûrement possible de se procurer des informations sur la façon dont l’Organisation des Nations Unies surveille l’application des droits et devoirs de sa grande Déclaration. Cette fois-ci encore, mais pour le meilleur, je recours à la Vie (6 au 12 décembre 2018) qui, pour le 70 ème anniversaire de la Déclaration solennelle le 10 décembre 1948, a recueilli dans son dossier le témoignage du rapporteur spécial de l’ONU Michel Forst, (rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme depuis 2014) «chargé de rencontrer les représentants des Etats et les défenseurs des droits humains pour dresser un tableau de la situation des pays.» Je rapporte donc quelques passages de son interview.

« Le comité des Nations Unies n’est pas une juridiction mais un organe subsidiaire, chargé de veiller au respect de la Convention des Nations Unies ».

« Le texte de la Déclaration universelle est toujours vivant. Ces droits ont été proclamés au nom des peuples rassemblés et adoptés par les 58 Etats membres qui constituaient alors l’assemblée générale. Au nombre de 30, ils sont inhérents à la personne humaine.(…) Il y aurait danger à étendre cette liste d’autant qu’il n’y a pas vraiment de nouveaux droits.. Il faut interpréter ceux existants de manière assez large pour faire entrer de nouvelles problématiques (…) »

« L’examen périodique universel est en vigueur depuis 2007. Chaque Etat présente les mesures prises pour améliorer la situation des droits de l’homme, en acceptant de se soumettre à un regard étranger. On doit cette réussite à Kofi Annan. L’examen se fait sur la base de trois rapports. Du pays, de l’ONU et des ONG. Il en découle des recommandations. Il y a une pression pour aboutir à des changements. C’est positif, cela incite les Etats à réfléchir et prendre des mesures (…) il y a vingt ans, beaucoup de violations étaient occultées; aujourd’hui, on est dans une ère de transparence, elles sont bien plus visibles, notamment grâce au téléphone mobile. (…) »
Nous apprenons que «depuis que le mandat a été créé, il y a 18 ans, 3500 défenseurs des droits humains ont été tués. Les plus en danger sont des journalistes, des lanceurs d’alerte, des hommes et des femmes qui recherchent des disparus, etc. Mais que la moitié sont des défenseurs de la Terre et de l’environnement (… ) Les Etats tuent mais moins que les entreprises transnationales (…) Elles agissent au détriment des populations locales et sans les consulter. (…) 95 %.de ces crimes restent impunis. L’impunité est très forte en Amérique centrale et latine. (…) Aux Philippines de Rodrigo Duterte, il existe une véritable culture de l’impunité.

L’ONU est-elle est-elle de quelque manière maitresse des flux migratoires ? Je n’ai pas les moyens ni la compétence pour répondre dans un sens ou dans l’autre. Et je crois que pour ce faire, il faudrait dominer tous les champs de pouvoirs et de responsabilités qui interfèrent, et maîtriser la question capitale de savoir dans quelle mesure le capitalisme financier libéral qui est à la manoeuvre à peu près partout dans le monde, influence, conditionne, dirige (?) de fait les orientations politiques. Et je pense au livre de Jean-François Gayraud : « Le nouveau capitalisme criminel » (éditions Odile Jacob 2018). Mais les Nations qui se réclament encore des droits de l’homme et entendent peser sur la marche du monde dans le sens de la justice,, de l’harmonie et de la paix ont sûrement un rôle à jouer, en synergie avec d’autres, animées des mêmes idéaux. C’est pourquoi diverses ONG tâchent de mobiliser l’opinion dans le sens de la justice et du partage.

OXFAM, de son côté, lance sa nouvelle campagne : « Contre les inégalités, pesons de tout notre poids ».
A cet effet, une pétition a été lancée sur www.loi-inegalites.fr pour demander aux citoyens de soutenir les demandes formulées par Oxfam, auprès du Président de la République, Emmanuel Macron. Oxfam lui demande d’adopter les mesures suivantes dans le cadre d’une loi contre les inégalités afin que nos économies bénéficient à toutes et tous, et non à quelques privilégiés :

– Partager équitablement les richesses créées au sein des entreprises, entre dirigeants, salariés et actionnaires : en finir avec le versement de dividendes records et limiter les écarts démesurés de revenus au sein d’une même entreprise, garantir un salaire décent à tous les travailleurs tout au long de la chaîne de production 


– Renforcer les mesures de lutte contre l’évasion fiscale pour financer les services publics qui réduisent les inégalités : imposer la transparence fiscale aux entreprises, lister véritablement les paradis fiscaux et mettre fin à l’impunité fiscale pour les fraudeurs 


_ Redistribuer équitablement les richesses par la défense d’un système fiscal juste et progressif : privilégier les impôts dont sont surtout redevables les plus riches, tels que l’impôt sur la fortune plutôt que des impôts injustes comme la TVA et assurer que les entreprises contribuent leur juste part d’impôts. 
Avec cette loi, la France a l’occasion de devenir un pays pionnier dans la lutte contre les inégalités et de donner forme à une économie plus humaine, inclusive et responsable. » 


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Inégalités « normales » et inégalités insupportables

Le scandale absolu des inégalités entre les secteurs de population humaine ne réside pas dans le fait que certains jouissent de richesses matérielles considérables, tandis que d’autres vivent seulement avec le nécessaire et sans superflu… Il réside dans le fait que des populations privilégiées ou des classes riches vivant dans l’abondance et le luxe coexistent, dans le même temps et dans un espace planétaire aujourd’hui restreint et unifié, avec des secteurs dépourvus des biens de première nécessité, élémentaires à leur survie. Et deuxièmement, que l’indigence de ces derniers se trouve être, soit consciemment ignorée, soit directement provoquée par l’appropriation prédatrice, conquérante et inégalitaire des super-riches. C’est pourquoi stigmatiser les inégalités criantes ne sert à rien si on se borne à préconiser quelques transferts de ressources… Ce qu’il faut, c’est répartir équitablement entre partenaires (capitalistes privés ou Etats propriétaires, actionnaires, et travailleurs) les richesses disponibles produites (ce n’est pas seulement de richesses matérielles qu’il s’agit, c’est entendu, mais c’est par là que ça commence…) de telle sorte que tous les humains en aient « à suffisance ». C’est donc de « développement humain intégral de tout l’homme et de tous les hommes » (selon la formule de Paul VI) qu’il s’agit, à réaliser par pays, par ensembles régionaux, par continents, à échelle locale d’abord et planétaire ensuite. Pour la réalisation de ces tâches, les experts compétents existent, les expériences sont disponibles, les voies sont connues et transmissibles….Mais des personnes et/ou des entités institutionnelles connues – économiques, financières, politiques, idéologiques – s’y opposent, préférant leur domination et/ou la perpétuation de leur enrichissement souvent colossal au prix de l’esclavage ou de la stagnation des plus démunis, femmes et enfants en premier lieu.

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au sujet de la désinformation et de la formation

On entend assez souvent reprocher aux médias, principalement officiels, d’être dominés par des groupes financiers puissants et de se plier docilement aux orientations du pouvoir en place. Resterait peu de place à la dénonciation des désordres établis. Il faut relativiser cette appréciation en ce qui concerne l’information recherchée et fournie par la télévision sur de grands scandales planétaires, leurs acteurs et complices, la façon dont ils se structurent, se développent et se rendent «maîtres de la course du monde à sa perte » : pesticides et glyphosates détruisant la santé de paysans utilisateurs ou riverains proches et même éloignés, Yemen, les enfants de la guerre, politiques commerciales agressives des multinationales de l’alimentaire préjudiciables à la santé des consommateurs, enquête sur la crise financière de 2008, exploitation et commerce du coton en Asie, production gigantesque d’ananas au Costa Rica, d’avocats au Mexique et au Pérou, épuisement progressif des ressources en sable, au train d’enfer où vont les constructions en béton dans le monde, disparition des abeilles, viol comme arme de destruction massive au Congo autour des mines d’extraction du Coltan, (dénoncé par le Dr. Denis Mukwege, «l’homme qui répare les femmes», prix Nobel de la Paix 2018), exploitation des enfants du cacao en Afrique… Malheureusement, les émissions de télévision auxquelles je me réfère ont rarement lieu aux heures de grande écoute, et le gros de notre population n’est pas en mesure d’en bénéficier au moins directement. Je mentionne cependant certaines de ces émissions qui par leur fréquence et leur qualité devraient permettre l’élévation du niveau de conscience critique des citoyens et nourrir leur résolution à s’insurger et à lutter contre de colossales injustices et aberrations locales et mondiales : Envoyé spécial – Cash investigation avec Elise Lucet, sur Fr 2 et Fr 3, Enquêtes sur Fr 5 avec Marina Carrère d’Encausse, certaines émissions de M 6 avec Bernard de la Villardière, Capital, et de la chaîne franco-allemande Arte.

Malheureusement, dans l’heure ou les jours qui suivent, la puissante et omniprésente publicité commerciale ainsi que d’autres émissions élogieuses de pratiques aberrantes, se chargent de détruire ou minimiser l’impact de ces émissions citoyennes qui découvrent le fond des choses. Les chaînes officielles de l’Etat ne devraient-elles pas veiller à la cohérence idéologique de leurs programmes ?

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2 •• la protection militaire efficace des populations civiles accablées par la guerre et la suppression des dominations tyranniques

On parle de cruelles et criminelles inégalités dans l’appropriation des richesses. La conscience droite leur oppose un développement juste, concerté, multilatéral, tendanciellement synchrone… qui pourrait et devrait, avec l’impulsion de l’ONU, remédier à cet état de choses et harmoniser, au moins sous ce rapport, la vie humaine sur terre.

Mais les migrations massives s’alimentent de fléaux plus abominables encore que ceux de l’exploitation éhontée et du sous-développement. Ce sont les violences génocidaires, les persécutions politiques, ethniques et religieuses, la guerre, Le plus terrible et le plus désolant c’est la relative impuissance des Etats et des Nations Unies à enrayer ces phénomènes et à assurer la paix, sans laquelle sont rendus impossibles les progrès vers une vie meilleure.
Le traitement de cette question immense doit être abordé de deux manières :
la première, que peuvent et doivent faire les Nations Unies pour faire cesser les guerres, au besoin en utilisant la force militaire lorsque les autres solutions ont échoué ?

Et la seconde, plus radicale et utopique, encore loin d’émerger dans la conscience publique : n’est-ce pas vers la suspension de la fabrication, du stockage et du commerce des armes qu’il faut nous orienter ?

On ne résout certes pas ces problèmes en quelques lignes. Je pense cependant que, sur la base de ce qui existe déjà, l’engagement des Nations Unies pourrait être plus ample et plus décisif, dans des régions qui ont absolument besoin de l’aide des autres nations pour protéger les populations civiles et restaurer l’état de droit. Là où il y a cinq milles casques bleus, il en faudrait sans doute dix fois plus… Cependant il doit être clair à la conscience de tous – parce que révoltes et enrôlements dans les guérillas idéologiques et religieuses ont pour vivier de base l’insatisfaction, l’injustice ressentie, l’absence d’espoir et la grande pauvreté – que les investissements à réaliser dans le domaine de l’emploi et du développement socio-culturel et économique sont extrêmement plus rentables et proportionnellement moins coûteux que les dépenses militaires engagées au maintien de la paix, encore que les deux soient nécessaires.

Soyons plus clair encore : les Etats démocratiques engagés à combattre le terrorisme, en corrélation plus ou moins étroite avec les Nations Unies ou sous leur mandat, (cas de la France engagée aux côtés de divers autres pays européens et africains en Afrique) devraient avoir pour premier devoir de s’employer à supprimer domination, exploitation, misère qui en sont fréquemment le terreau. Il faudrait passer en revue tous les lieux d’Afrique et d’Asie où de puissantes entreprises nationales ou multinationales sont implantées dans le but de défendre et développer leurs intérêts, n’hésitant pas à piller, déposséder, maltraiter des populations autochtones, (principalement musulmanes?), qui se défendent et se vengent par le terrorisme de certains de leurs groupes radicalisés. Ce néo-colonialisme parfois brutal ne prétend pas être l’explication exclusive du djihad armé, qui a aussi ses causes propres internes, mais il constitue certainement un facteur qui compte parmi les motivations d’un Islam fondamentaliste radical, facteur généralement passé sous silence par les grands médias.

La mission des casques bleus de l’ONU n’est pas d’imposer l’ordre par la force, en prenant parti pour tel ou tel camp. « Elle est de contribuer à la protection des populations civiles ; contribuer , car cette protection incombe d’abord aux Etats. Le dirigeant de la MINUSCA en Centrafrique, chef de la mission de l’ONU, Parfait Onanga-Anyanga, définit ainsi sa mission : « réduire la menace des groupes armés et également protéger les institutions républicaines et appuyer le processus de restauration de l’Etat ». Et s’interroge : même si nous sommes dépassés, « où en serait le pays s’il n’y avait pas de force de maintien de la paix ? » (Cf famille chrétienne – Centrafrique N° 2138, du 5 au 11 janvier 2019)

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3 ••• l’engagement des ONG et de l’ONU pour le désarmement et le contrôle des ventes d’armes aux belligérants

Cependant, les Nations Unies ont un rôle plus décisif à jouer en faveur de la paix que celui de protéger les populations civiles par la force des armes ou de vaincre militairement les dominations tyranniques. Elles doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire taire les armes :

– soit en privant les gouvernements oppresseurs ou groupement séditieux de leurs moyens de nuire, par l’embargo prononcé sur la fourniture d’armes à leur bénéfice,

– soit en posant les jalons en direction d’un désarmement universel généralisé.

Cette seconde solution constitue l’avancée la plus encourageante et spectaculaire vers l’utopie à construire d’un monde réconcilié. Commençons par là.

A ) Handicap International et le Traité contre les mines anti-personnel

Le meilleur exemple contemporain nous est fourni par la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, de son nom complet Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (aussi appelée Convention d’Ottawa ou traité d’Ottawa) : traité international de désarmement qui interdit l’acquisition, la production, le stockage et l’utilisation des mines antipersonnel.
La Convention a été adoptée à Oslo le 18 septembre de 1997, ouverte à la signature les 3 et 4 décembre 1997 à Ottawa, et déposée le 5 décembre de la même année à New York auprès du secrétaire général des Nations unies. Elle est entrée en vigueur le 1er mars 1999. (6)

« Le Traité d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel marque une victoire diplomatique sans précédent dans la lutte contre les « armes des lâches ». Grâce à lui, le nombre de victimes a diminué, des millions de mines ont été détruites et l’utilisation de ces armes a été quasiment stoppée. Néanmoins, depuis 2014, les nombreux conflits voient l’utilisation de mines augmenter et le nombre de leurs victimes s’accroître. L’occasion de rappeler aux États qu’ils doivent rester mobilisés contre les mines, pour que cesse définitivement toute utilisation, que les financements nécessaires à leur éradication soient à hauteur de la tâche encore à accomplir et pour que les victimes ne soient pas oubliées. »

« Le Traité d’Ottawa, a été adopté sous l’impulsion de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL)* dont Handicap International est l’un des six membres fondateurs. Ce texte interdit la production, l’emploi, le transfert et le stockage des mines antipersonnel, et prévoit l’assistance aux victimes. Il s’agissait d’une première mondiale et d’une très grande victoire pour les États et les associations mobilisées : c’était la première fois qu’un traité interdisant une arme conventionnelle était adopté ». 

 20 ans de succès indéniables

• Le Traité d’Ottawa compte aujourd’hui 162 États parties, soit plus de 80 % des nations du monde.

• 28 États et un territoire ont finalisé leurs programmes de déminage depuis que le Traité est entré en vigueur en 1999.

• Au moins 2 200 km² de terres minées ont été dépolluées, l’équivalent de plus de 20 fois la superficie de Paris.

• 51 millions de mines stockées par les États ont été détruites.

• Le nombre annuel de victimes recensées a été divisé par 10 grâce à l’entrée en vigueur du Traité en 1999, passant d’environ 30 000 victimes au début des années 90 à 3 353 en 2013.

« Depuis 2014, le nombre de victimes repart à la hausse après 15 ans de baisse presque continue. Et la grande majorité des victimes des mines antipersonnel restent les civils (78 % en 2015). Le rapport 2016 de l’Observatoire des mines, qui dresse le bilan de l’application du Traité d’Ottawa, montre ainsi que le nombre de nouvelles victimes de mines antipersonnel et restes explosifs de guerre a quasiment doublé entre 2014 et 2015 : au moins 6 461 personnes ont été tuées ou blessées par ces armes en 2015, contre 3 695 en 2014, soit une augmentation de 75 %. Ce chiffre représente le bilan le plus élevé enregistré par l’Observatoire depuis 2006 ».(7)

B ) Autres résolutions de l’ONU s’opposant à la vente d’armes
De nombreux migrants dans le monde sont des réfugiés ou demandeurs d’asile fuyant guerres et persécutions. La France et d’autres pays d’Europe accueillent ainsi des victimes de cette forme particulière de violence reposant sur l’usage des armes. Or il faut bien voir que nous sommes, de ces outils, producteurs et fournisseurs, très bien classés parmi les pays marchands, que ce commerce soit directement le fait de l’Etat ou d’entreprises opérant avec son accord ou sous son contrôle. En simplifiant, on peut dire que nous recevons chez nous ceux que nos armes ont chassés de chez eux…. Ainsi ouverts et accueillants, des pays « humanistes » et « respectueux des droits de l’homme » se lavent-ils des agressions ou des crimes qu’ils ont fourni les moyens de commettre… ! Telle est la réalité, tel est le drame plus ou moins inévitable, de tous les temps, lié intrinsèquement à la réalité de l’armement. (j’ai rédigé le paragraphe qui suit en bénéficiant d’un article de l’hebdomadaire Le Point du 20/03/2017)

Il est extrêmement difficile d’effectuer un contrôle (de qui et par qui?) s’agissant d’armes classiques, malgré le traité sur le commerce des armes, ratifié par la France en avril 2014, prévoyant qu’un État signataire « ne doit autoriser aucun transfert d’armes classiques (…) s’il a connaissance, lors de l’autorisation, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d’autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie ». En effet, la prolifération de leur production et la légitimité de leur détention par les Etats normaux où l’état de droit est en vigueur, dresse d’énormes obstacles.

L’humanisation de la guerre, qui commence par un embargo sur les armes fournies aux Etats qui en font un usage criminel contraire aux Conventions de Genève, n’est donc pas absente des préoccupations de l’ONU.

Mais il est notoire que la composition permanente des cinq membres de son Conseil de sécurité, avec droit de veto (Etats Unis, Russie, Chine, Grande Bretagne, France, vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale) et son manque de représentativité internationale, le repli des superpuissances sur leurs intérêts propres et leurs divisions et oppositions affaiblissent à l’extrême, et même paralysent, leur possibilité d’intervention…, sans compter que trois d’entre elles au moins se rendent coupables de transgressions et forfaitures qu’elles sont sensées éradiquer chez les autres. (annexion du Tibet par la Chine, protection du dictateur syrien criminel Bachar el Assad par la Russie, politique commerciale répressive des USA de Donald Trump à l’égard de l’Iran, malgré les accords conclus antérieurement)

D’autre part, il existe un domaine, celui de la circulation des armes lourdes, telles que les avions militaires, qui échappe à tout contrôle international. Or, en plus d’un armement dit classique, nous vendons, nous la France, des avions de combat « Rafales » à diverses puissances, et nous ne sommes pas mécontents de le faire…, à l’Arabie Saoudite en particulier, (5) qui est un des moteurs des guerres au proche-Orient. De nombreuses organisations internationales et non gouvernementales contestent le rôle joué par l’Arabie Saoudite dans la guerre qui se déroule actuellement au Yémen. (Cf france 2 – Yemen : les enfants de la guerre – Envoyé spécial, jeudi 8 février 2018). Depuis mars 2015, une coalition militaire de pays arabes sunnites, soutenue par les États-Unis et conduite par l’Arabie saoudite, est engagée dans une guerre contre les rebelles houtis appuyés par l’Iran. L’ONU estime qu’aucune des parties prenantes du conflit ne respecte les lois de la guerre en conduisant des attaques contre les populations civiles, sans épargner les écoles et les hôpitaux. Plusieurs organisations, dont Amnesty International, dénoncent les livraisons d’armes dans cette région du monde et accusent les États-Unis et le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure la France, de fournir des armes à la coalition. Mais ces grands exportateurs d’armes agissent sous le couvert de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui prévoit un embargo sur les armes destinées aux houtis, mais pas sur celles de la coalition.

Il est moins connu que l’Arabie Saoudite est aussi un acteur pour le moins ambigu du conflit qui se déroule en Syrie.. «Quand les économistes annoncent que l’Arabie Saoudite serait l’instigatrice de la guerre en Syrie, on ignore ce qu’on ne veut pas voir » (Newsletter Le Point), si bien (si mal…) que l’«on arme ceux qui nous tapent dessus» (ibid.).Cette Arabie saoudite, « amie », selon les autorités françaises, à qui on ne refuse rien ou presque – à l’instigation de Jean-Yves Le Drian, ex-ministre des Armées, et actuel ministre des Affaires Etrangères – ; Arabie Saoudite aux prétentions hégémoniques, à qui nous sommes en partie «redevables» de l’idéologie conquérante d’un Islam fondamentaliste radical agissant chez nous et de flux migratoires importants qu’elle se garde bien d’accueillir chez elle, comme d’ailleurs les autres pays richissimes du Golfe.

C ) quelles perspectives ?

Guerres et grande pauvreté se conjuguent pour causer les migrations du désespoir. De quel côté diriger sa volonté ? Vers la lutte morale et culturelle, socio-économique, idéologique, juridique et politique contre les injustices colossales et les inégalités afin de créer les conditions d’un monde nouveau ? Ou bien, laissant tourner le monde comme il va, le coeur ému et la solidarité primaire aux commandes, vers l’accueil exemplaire et zélé de ceux qui hier, demain et après demain sont les perdants des injustices et des conflits qui déchirent le monde ? Les deux options ne s’opposent pas, bien sûr, de façon aussi simpliste, mais il faut se rendre compte que la charité empressée, quand elle est dépourvue de perspectives visionnaires majeures à long terme, fait le jeu de la perpétuation des désordres mondiaux, conséquences de l’injustice et de la violence.

On ne peut pas suspendre du jour au lendemain notre industrie de l’armement en France. Deux raisons majeures à cela: assèchement d’un bassin important d’emplois, et diminution significative des capitaux nécessaires au maintien à niveau des possibilités opérationnelles de nos armées, à la qualité de nos interventions militaires, et au rôle « pacificateur » que nous prétendons jouer dans le monde en faveur de la défense des droits de l’homme et d’une juste paix…

Au sujet de notre propre industrie d’armes classiques et autres, il ne faut pas ignorer la pertinence de l’interpellation suivante : « Si vous voulez combattre les terroristes, le terrorisme islamique en particulier, partout où vous estimez qu’il est de votre intérêt et de votre responsabilité historique de le faire, vous avez besoin d’une armée suffisamment puissante et bien équipée. Ou alors, restez chez vous… » Il s’ensuit que décider de ne pas s’enrichir de façon injuste et honteuse en vendant des armes à des Etats dont nous condamnons la politique – et les moeurs – suppose que l’on trouve de l’argent ailleurs que dans cette vente, afin de financer nos propres équipements et interventions militaires. Faute de quoi, on est dans l’angélisme. Je m’efforce donc d’apporter les quelques éléments de réponse que voici.

Premièrement, investir dans le développement coûte bien moins cher que réprimer militairement le terrorisme. Je retiens la phrase de cet expert de l’Agence française du développement en Afrique: « l’expérience montre que le coût – économique, humain, politique – d’une extension du conflit serait bien supérieur à celui d’une action préventive pour en réduire le risque.» Et la prévention, c’est l’investissement en vue d’un développement approprié. (il s’agissait de la région des pays riverains du lac Tchad. J’ai lu dans un rapport que le lac, absolument vital pour l’approvisionnement en eau de la région – 30 millions de personnes – était en train de s’assécher irrémédiablement à brève échéance si rien n’était fait, alors que des solutions existent et sont connues ).

Deuxièmement, l’Etat a les moyens de réduire son train de vie, celui de ses hauts fonctionnaires locaux et internationaux… et d’investir les économies qu’il pourrait en tirer, dans des secteurs vitaux pour le bien de la Nation.(8) Pareillement, il a le pouvoir d’imposer davantage banques et entreprises, surtout les multinationales qui s’enrichissent considérablement sur les populations du tiers monde, non sans contrôler auparavant l’excédent de leurs bénéfices et les contraindre à une juste répartition sur place. Je pense particulièrement à Total au Nigéria et aux entreprises bénéficiaires de l’extraction sanglante du Coltan en Afrique congolaise. (La remontée continue des cours du pétrole depuis juin fait le bonheur des compagnies pétrolières. Le groupe Total a ainsi annoncé des bénéfices en forte hausse pour 2017. Son bénéfice net a crû de 39 %, à 8,6 milliards de dollars, soit environ 7 milliards d’euros – le Monde 8/02/2018)

Troisièmement, la France doit faire le maximum pour que la pacification démocratique dont elle se charge devienne de plus en plus une affaire européenne. Or, nous ne sommes qu’au début de cette collaboration.
En conclusion, il ne faudrait pas nous faire croire qu’assumer la pacification démocratique, avec implications militaires quand c’est nécessaire, est incompatible avec la moralisation, c’est à dire la suppression, de nos ventes d’armes à des pays indignes de notre confiance, étant donné le manque à gagner résultant de cette moralisation. Ce sont évidemment beaucoup de paramètres à manier simultanément…

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« messianisme chrétien » ?

Mais les chrétiens ne doivent pas perdre de vue l’« horizon « messianique », annoncé par l’Evangile et dont, par vocation, ils sont d’indispensables pionniers, requis de travailler ferme dans cette direction : « Bienheureux les artisans de paix », « de leurs épées ils forgeront des socs de charrue… (Isaïe) » – une vision prophétique de l’avenir qui a besoin de notre participation pour éclore… C’est pourquoi, à tout le moins s’abstenir, dès maintenant, de vendre des armes à des pays terroristes et bourreaux de populations, demeure un impératif catégorique minimum.. Mais il y a plus et mieux à faire… S’engager résolument dans le sens du désarmement simultané, progressif et universel.

Or, il est un fait qu’ on n’entend guère l’Eglise prêcher pour cette cause… Tout se passe comme si la béatitude de la paix était une vertu purement spirituelle domestique, dépourvue de résonances idéologiques et pratiques assumées sur le plan politique et international. A la ressemblance de la mise en sommeil de la mobilisation des croyants en faveur du développement. Certes il existe des personnes d’exception et des organisations non gouvernementales où les chrétiens font bonne figure (CCFD, Secours Catholique, Aide à l’Eglise en détresse AED, l’Ordre de Malte, SOS Chrétiens d’Orient, ACAT… Commissions de l’Eglise Justice et Paix, Pax Christi France . . . ) et sont même leaders, mais cela est-il suffisant à faire de nous tous un peuple messianique, qui soit happé en communion par « l’espérance des cieux nouveaux et de la terre nouvelle où la Justice habitera » ? (2 Pierre 3, 13)
Au passage, je livre cette réflexion, qui n’a rien d’original mais que je n’ai pas entendu formuler chez nous, concernant le désarmement nucléaire. Il est certainement compréhensible que les puissances nucléaires veuillent constituer entre elles une sorte de club restreint et fermé auquel, sous peine de graves sanctions, elles interdisent l’entrée à d’autres pays qui prétendent posséder ce même armement périlleux et menaçant entre tous,… Cette attitude certes «explicable» n’est pas pour autant justifiée. Il n’y a aucune raison valable pour que certains s’arrogent l’exclusivité de cette arme souveraine qui leur confère de fait une prépondérance injuste dans la marche du monde. La perception du danger réel que constitue la multiplication des détenteurs de l’arme nucléaire doit impérativement conduire les principaux maîtres du jeu à donner l’exemple en commençant par se défaire les premiers de leur arsenal super-puissant. Sans cette décision, ils ne se trouveront jamais en position d’exemplarité, d’entraînement et de dialogue.

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la DUDH « boostée » par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant
L’enseignement des droits de l’homme et l’éducation à ces droits, éducation des enfants en premier lieu, à laquelle les Nations Unies convient instamment les États membres, rejoint le cœur d’une éducation civique et morale. Aucune société ne peut s’en dispenser sans grands dommages pour elle-même et pour le concours dont elle est redevable à la communauté des nations… Car il n’existe pas d’ “instruction” sur les droits de l’homme qui puisse laisser indifférent, qui ne soit formatrice de la conscience et n’appelle à des choix de vie, à commencer par l’accomplissement par chacun de ses propres devoirs envers autrui afin que les droits de celui-ci soient effectivement honorés. L’adhésion aux droits de l’homme devrait enclencher, avec plus ou moins de cohérence et d’enthousiasme, des attitudes, un idéal, un engagement éthique susceptible d’irradier dans toutes les sphères de la vie sociale.

Formation éthique aux droits de l’homme ne va pas sans un travail simultané de conscientisation, devenu aujourd’hui indispensable. Je veux dire qu’à partir d’une formation éthique de base, première et élémentaire, dont les conséquences peuvent être quasi immédiates sur la qualité du tissu social, les droits de l’homme sont à situer dans leur plus large contexte historique et social, culturel, économique et politique. Apprendre à déceler (et d’abord pour soi) en quoi et comment la conjoncture historique nationale et internationale les “re-dimensionne”. Faire entendre que les progrès accomplis en divers ordres – et d’abord dans la perception elle-même de ces droits – rend la promotion de ceux-ci particulièrement pressante, et conduit à « radicaliser » les processus de leur mise en œuvre.

La Convention internationale des droits de l’Enfant, adoptée par l’Assemblée Générale le 20 novembre 1989 dans le but de reconnaître et protéger les droits spécifiques des enfants, est le socle de travail de l’UNICEF. Elle transpose, précise et amplifie au bénéfice des enfants le contenu de la grande Déclaration des droits de l’homme de 1948. Plus encore que la première Déclaration, la Convention appelle l’attention, aiguise le regard, touche la sensibilité, engage les responsabilités de chacun et de tous. Je ne puis faire moins que de citer quelques articles, choisis parmi les 54.

Art. 1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.

Art. 4. Les Etats parties s’engagent à prendre toutes les mesures législatives, administratives et autres qui sont nécessaires pour mettre en oeuvre les droits reconnus dans la présente Convention. Dans le cas des droits économiques, sociaux et culturels, ils prennent ces mesures dans toutes les limites des ressources dont ils disposent et, s’il y a lieu, dans le cadre de la coopération internationale.

Art . 6.  Les Etats parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie. Les Etats parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le développement de l’enfant. (La DUDH – art. 3 -reconnaissait déjà elle aussi :  « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »)(9)

Art. 27. Les Etats parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social.

C’est aux parents que revient la responsabilité d’assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l’enfant.

Les Etats parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales et dans la mesure de leurs moyens, pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l’enfant à mettre en oeuvre ce droit…

Art. 28. Les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation. Les Etats parties conviennent que l’éducation de l’enfant doit viser à :
a) Favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités;

b) Inculquer à l’enfant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies;
Art. 43.  Aux fins d’examiner les progrès accomplis par les Etats parties dans l’exécution des obligations contractées par eux en vertu de la présente Convention, il est institué un Comité des droits de l’enfant qui s’acquitte des fonctions définies ci-après…(Suivent des indications précises sur la constitution de ce Comité, le recrutement de ses membres, son fonctionnement, ses attributions)

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retour sur l’accueil des demandeurs d’asile et autres migrants

• Le droit d’asile et l’accueil des réfugiés qui fuient leur pays parce que leur vie est mise en danger par les persécutions, le terrorisme, la guerre doivent demeurer pour nous des principes et des comportements recteurs :France Terre d’Asile ! Les citoyens des pays d’Europe qui approuvent la solidarité à leur égard et se dépensent individuellement ou dans des associations pour qu’ils obtiennent un statut de droit chez nous et qu’ils soient bien reçus et accompagnés méritent notre estime, notre éloge et notre collaboration. J’ai moi-même travaillé dans ce sens pendant plusieurs années.

Pour préciser l’enjeu et fixer les idées, je reproduis ci-dessous quelques chiffres fournis par JRS France, partie du JRS international (Jésuites Réfugiés Service), provenant du rapport annuel 2016.

« En 2016 ont été enregistrés 85 000 demandeurs d’asile réguliers, soit 13% de plus que l’année précédente. D’où viennent-ils majoritairement ?

Soudan : 5 800

Afghanistan : 5 600

Haïti : 4 800

Albanie 4 600

Syrie : 3 500

Ce qui représente 24 300 personnes, originaires des pays ci-dessus.
Environ 60 000 personnes proviennent donc d’autres pays.

Total de ces réfugiés acceptés et tout à fait régularisés par l’OFPRA, après examen de leur dossier – et par le CNDA (la Cour Nationale du droit d’asile en cas de rejet par l’OFPRA ) : 37,6 %, soit 31 450 sur un total de 85 000.
Ceux qui sont déboutés sont au nombre de: 53 650 et représentent 63 % de l’ensemble. » Il est donc faux d’affirmer que la France accueille tout le monde et n’importe qui : les dossiers des demandeurs d’asile sont examinés attentivement et sans laxisme. Cependant, on ne manque pas de se poser les questions suivantes :

• Que deviennent les déboutés du droit d’asile ? Se fondent-ils dans la nature, devenant illégaux ? retournent-ils dans leur pays d’origine ? sont-ils reconduits de force à la frontière ? (on sait que la grande majorité reste sur le territoire), bénéficient-ils d’une subvention de l’Etat français pour reprendre la vie chez eux ? et s’ils la reçoivent et s’en vont, un suivi est-il assuré ? ne reviendront-ils pas ?

• Les nombreux haïtiens réfugiés correspondent-ils à la définition du demandeur d’asile et du réfugié selon la Convention de Genève (28 juillet 1951)? Il semble que non. Ne sont-ils pas plutôt des réfugiés économiques ? à accueillir comme tels vu la misère de leur pays ? On peut en dire autant sans doute des albanais. L’Albanie est le pays d’Europe à la plus forte émigration : «on estime qu’un tiers des 4,1 millions d’Albanais d’alors a quitté le pays depuis la chute en 1991 du régime totalitaire installé par Enver Hoxha». Le rôle de la mafia dans ce pays est connu de l’Europe entière. La priorité est-elle d’accueillir massivement ses émigrés ou bien de mobiliser l’Europe afin qu’elle contribue à mettre de l’ordre dans ce pays ?

Les réfugiés dont il est fait état plus haut sont-ils les plus mal pourvus au sein de leur population d’origine ? Le fait qu’ils arrivent à s’extraire pour accéder à l’Europe ou y demander asile, n’est-il pas le signe de leur situation relativement plus favorable que celle endurée par leurs compatriotes ? De ce fait, ne seraient-ils pas les plus utiles au relèvement de leur propre pays ? A-t-on raison de leur faciliter au maximum l’insertion chez nous ? (10)
Malgré des différences repérables permettant de distinguer diverses catégories d’immigrés, il semble bien que s’opère dans les mentalités, chez les décideurs politiques, chez les juges, au sein des institutions …une sorte de glissement, de porosité, de confusion …, mais comment pourrait-il en être autrement ? entre les causes qui poussent les réfugiés à l’exil : est-ce la persécution et la guerre menaçant directement leur vie ? est-ce la misère endémique, les structures d’oppression, l’exploitation systématique, le fonctionnement meurtrier de certaine finance internationale, l’accaparement de richesses mondiales par des minorités, comme nous l’avons rappelé ? Toutes ces causes ont en commun la violence.

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Il y a quelques années, en 2013, la CIMADE (11) (association protestante) lançait une pétition : « Urgence pour une politique d’hospitalité » qui dénonçait l’inhumanité de la politique de la France depuis 40 ans en matière d’immigration et prônait l’ouverture des frontières sans condition. Elle disait ceci : « C’est à la réalisation d’une politique d’hospitalité que nous appelons, en France comme en Europe. S’appuyant sur l’égalité des droits, la solidarité et l’ouverture au monde, cette politique doit promouvoir une véritable citoyenneté de résidence, afin d’en finir avec les discriminations légales et d’inventer un droit à la mobilité qui place, au même rang, l’intérêt des migrants et l’impératif des États de garantir la paix et la sécurité. Réalisable, s’appuyant sur des propositions concrètes, cette politique d’hospitalité posera en acte une vision ouverte de l’avenir, considérant les migrants, à l’égal de nous-mêmes, comme des êtres au parcours intelligible, acteurs du monde et parties prenantes de la solution aux défis de notre temps. »

J’avais réagi à l’époque, comme je continue à le faire aujourd’hui en répondant ceci : Citoyenneté de résidence – c’est ici le noeud du problème – ne signifie rien d’autre qu’une ouverture complète des frontières, un universalisme branché directement sur le monde entier, sans territoire national intermédiaire d’appartenance, d’éclosion et de formation… Avec le droit généralisé à la mobilité de tous et avec le devoir d’hospitalité qui y correspond… d’un bord à l’autre de la terre, plus besoin d’un Etat qui soit porteur et garant d’une identité et cohésion nationales… Ou plutôt, les Etats deviennent des Etats arbitres, submergés littéralement par de multiples communitarismes et particularismes culturels, érigés en droits, à faire cohabiter, sans perspective supérieure de rassemblement ni de projet unitaire… Finie la nation et place au multiculturalisme.

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• Concernant les immigrés, politiques ou économiques, des informations assez nombreuses circulent sur les réseaux sociaux principalement, mais pas seulement, provoquant inquiétudes et méfiance. Les citoyens ordinaires ne savent pas au juste quel crédit leur accorder. Leurs suspicions sont d’autant plus fondées que les médias officiels et le gouvernement n’en disent mot, pour ne pas faire de vagues et que nul ne vienne contester les politiques en vigueur.

Je me contente de mentionner quelques-unes de ces révélations ou de ces questionnements sans me livrer à une enquête personnelle.
Comment des gens très pauvres font-ils pour payer le prix de leur voyage, souvent estimé à plusieurs milliers d’euros, somme inaccessible à des émigrés démunis? Qui paye ?

L’existence de mafias de passeurs abusant et profitant de la situation de candidats à l’émigration est un fait reconnu par l’ONU et auquel s’attaquent plusieurs gouvernements.

Plus déconcertante, l’existence de financiers internationaux puissants et d’ONG à leur main utilisées pour collaborer à ces migrations, à ce trafic sur terre et sur mer, sous couvert de sauvetage humanitaire.

Certains convois ou cargaisons d’immigrés arrivant en Europe n’abritent-ils pas, tel un cheval de Troie, des terroristes infiltrés, musulmans radicalisés, qui passeront à l’action au moment voulu ?

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Le monde étant divisé, imprévisible et chaotique, on ne peut fixer tout fait à priori une ligne de conduite au sujet de l’énergie et des ressources à dépenser en faveur de l’aide des peuples chez eux et à l’accueil de leurs ressortissants exilés chez nous. Et il demeure que les Nations Unies, à cause de leur manque de moyens et surtout d’unanimité, étant relativement impuissantes à porter remède au drame des populations qui fuient la grande précarité, l’oppression ou la guerre, les pays démocratiques sont amenés à devoir faire face à des responsabilités accrues.

En attendant que les Nations Unies et notre pays adoptent des politiques de développement intelligentes, amples et efficaces pour que les flux migratoires perdent leur raison d’être – tout en nous appliquant nous-mêmes à faire advenir ces politiques -, et que ces mêmes Nations Unies, de concert avec nous-mêmes européens, se montrent capables de faire cesser la violence islamique ou autres formes de barbarie, le bien que nous pouvons faire, prenant exemple sur des personnes exemplaires, consiste à déployer au mieux une vraie charité inspirée par le Bon Dieu à l’égard des exilés « en recherche d’une patrie meilleure ». Il nous faut veiller toutefois à ne pas laisser enfumer notre clairvoyance ni pomper notre générosité, ni celles de groupes et ONG secourables, dans cette tâche. Car le défi et le combat historiques sont autres.

Ce qui est à proscrire c’est la passivité : lorsqu’on en a les moyens, de n’aider les migrants, démunis ou dépouillés, ni chez eux, ni chez nous.

Benoît A. Dumas, 28 janvier 2019


Notes

(1)  On y lit clairement que «le présent pacte mondial établit un cadre de coopération juridiquement non contraignant». Ainsi, le troisième principe directeur, après la «priorité à la dimension humaine» et la «coopération internationale», concerne la «souveraineté nationale» : «Le pacte mondial réaffirme le droit souverain des États de définir leurs politiques migratoires nationales et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence, dans le respect du droit international.» (Libération)

(1 bis) Charles Debbash et Jean-Marie Pontier : Les constitutions de la France – Dalloz, 2 ème édition, p. 219. L’article 22 du projet de Constitution de 1946, en tête du chapitre social, disait ceci: « Tout être humain possède, à l’égard de la Société, des droits qui garantissent, dans l’intégrité et la dignité de sa personne, son plein développement physique, intellectuel et moral. La loi organise l’exercice de ces droits. »

(2) Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : je propose quelques indications complémentaires.

La Déclaration Universelle, selon le modèle proposé, permet de critiquer et de revoir en permanence le fonctionnement et les finalités de la machine économique. Témoin, cet article 28, d’une force révolutionnaire considérable, enracinée dans l’attention due à chaque être humain : « Toute personne a droit à ce que règne sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet »  (voir aussi l’art. 22 du projet ci-dessus rapporté).

Sur la lancée de la Déclaration et afin de l’expliciter au gré des besoins nouveaux qui surgissent, les Nations Unies sont pressées de remédier aux maux de l’économisme et aux dérives de la financiarisation, adossée à la mondialisation du capital, laquelle renforce les politiques de libéralisation et de dérèglementation à outrance.

Tout ceci plaide et pèse en faveur de la radicalisation des positions s’appuyant sur les droits absolus des personnes et ce que devrait être une authentique démocratie. En effet, sous peine de voir se dissoudre le lien qui paraît essentiel entre capitalisme («il s’agit d’un capitalisme suffisamment encadré par les pouvoirs publics et concurrencé par d’autre valeurs sociales que celle de l’argent » – Michel Albert) et démocratie, demandons-nous toujours si c’est le peuple et le bien du peuple (demos en grec) qui commandent (cratein) effectivement, ou si c’est le capital – quel capital ? – et ses supporters et alliés qui le font à sa place.

La radicalisation prend forme selon ces trois axes :

nous avons la possibilité d’être suffisamment informés sur la situation des droits de l’homme (libertés et droits socio-économiques allant de pair) à travers le monde, ou personnellement concernés par cette situation.
la réflexion sur les droits de l’homme progresse et s’affine : implications de ces droits et conséquences qui doivent en découler nécessairement, cohérence ou incohérence des pratiques concrètes au regard de l’acceptation formelle des principes recteurs.

la saisie des événements de l’histoire nous font signe (en christianisme on les appelle « signes des temps ») et marquent des chemins de l’humanisation qui sont aussi chemins d’acculturation. Ces trois données font que la conscience des droits de l’homme et des conditions de leur développement entre dans un processus de radicalisation. A savoir qu’on ne peut s’en tenir à une attitude favorable « en principe », par trop abstraite et sectorielle. Et qu’il est nécessaire, de proche en proche, et d’action en réflexion, de discerner et prendre les mesures concrètes et adéquates, hors desquelles l’éclosion et la promotion des droits sont bafouées et ceux-ci sont une coquille vide.

(3) Constitution Conciliaire Gaudium et Spes (décembre 1965)
Le développement – « La notion de développement est au cœur de Gaudium et Spes. Si la dignité de l’être humain est inaliénable, même quand il tombe dans le péché, il ne suffit pas de l’affirmer comme un postulat moderne. Il faut qu’un travail moral s’opère. « La conviction grandit que le genre humain peut et doit non seulement renforcer sans cesse sa maîtrise sur la création, mais qu’il peut et doit en outre instituer un ordre politique, social et économique qui soit toujours plus au service de l’homme, et qui permette à chacun, à chaque groupe, d’affirmer sa dignité propre et de la développer » (GS 9).

« Dans le chapitre consacré à la vie économique et sociale (GS 63-72), le « développement » est également l’axe central de la réflexion (…) Le chapitre démarre par un rappel du grand acquis de la première partie : « Dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personne humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. C’est l’homme en effet qui est l’auteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale » (GS 63). Le texte en tire quelques principes de « développement », qui se révèlent toujours d’actualité. » (Martine de SAUTO, La Croix – 23/2003/2012)

(4) Certains, classés d’extrême droite et commodément qualifiés de racistes et de xénophobes par leurs adversaires appellent ce phénomène « le grand remplacement »; leur crainte et leur pessimisme s’appuient, du moins en partie, sur des études historiques et sociologiques sérieuses, qu’il est illusoire d’écarter ingénument ou de façon accusatrice et méprisante… Il faut être conscient du fait que des auteurs musulmans renforcent les avertissements alarmistes sur la montée en puissance en France de l’Islam « invasif », et lire ces auteurs. Entre autres : Yves Mamou, « le grand abandon » (FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN) – Alors que l’existence de tensions communautaires a été reconnue par Gérard Collomb lui-même, le journaliste Yves Mamou accuse les élites françaises de s’être coupablement désintéressées de l’immigration, et d’avoir fermé les yeux sur l’islamisation du pays.

On pourra lire aussi Malika Sorel. Elle a passé ses dix premières années en France, avant de suivre ses parents en Algérie où elle fit sa scolarité. Ayant terminé l’école polytechnique d’Alger, elle revint en France et étudia à Science Po. En 2007, elle publie : « le Puzzle de l’intégration et les Pièces qui vous manquent » (éd. Mille et une nuits, 2007).

Ghaleb Bencheikh :«Nous avons besoin d’une refondation de la pensée islamique »  (entretiens : l’Humanité vendredi 3 octobre 2014,) ; aujourd’hui président de FIF Fondation de l’Islam de France, il déclare à Marianne, sans rien céder de ses convictions républicaines et progressistes « avoir pour objectif de réconcilier la nation tout entière avec sa composante islamique »  (25 – 31 janvier 2019)
Abdennour Bidar , « Lettre ouverte au monde musulman »
Jeannette Bougrab, « Lettre d’exil »

(5) Les Nations Unies sont composées de plusieurs entités, à la fois organes de l’ONU, et institutions indépendantes collaborant avec elle. Tour d’horizon des principales organisations.

Les programmes et les fonds

Entités placées sous la tutelle directe de l’ONU, elles sont financées par des contributions volontaires plutôt que statutaires.

Le Programme alimentaire mondial (Pam) a pour objectif d’éradiquer la faim et la malnutrition.

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) vise à promouvoir le développement et la lutte contre la pauvreté.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) prodigue une aide humanitaire aux réfugiés, et vise à leur retour dans leur pays d’origine, ou à leur réinstallation dans un pays tiers.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) apporte un soutien aux mères et aux enfants du monde.

Les agences spécialisées

Organisations indépendantes liées par accord à l’ONU, elles sont financées par des contributions statutaires et volontaires.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Créée en 1945, elle est dédiée à la lutte contre la faim dans le monde, et à l’échange d’informations et de connaissances techniques pour l’aide au développement.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS). Fondée en 1948, elle dirige les campagnes de vaccinations, de lutte contre les maladies mortelles, et énonce des règles de santé publique.

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Mise en place en 1945, son action concerne la formation des enseignants, l’amélioration de l’éducation au niveau mondial et la protection de sites historiques et culturels dans le monde, inscrits sur la liste du patrimoine mondial. (information recueillie dans le journal La Croix)

(6) « La Convention a été négociée afin de pallier les insuffisances du Protocole II (sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs) de la Convention sur certaines armes classiques que de nombreux États jugeaient inadapté pour répondre efficacement au défi de l’interdiction totale des mines antipersonnel. (…)  Malgré le large soutien international envers la Convention d’Ottawa, il y a encore des États producteurs et/ou utilisateurs de mines antipersonnel qui refusent d’adhérer au texte. Ensemble, six de ces États – la Chine, l’Inde, la République de Corée, le Pakistan, la Russie et les États-Unis – pourraient détenir des stocks de dizaines de millions de mines antipersonnel et certains acteurs armés non étatiques continuent à employer, stocker et produire des mines antipersonnel. » (Source : Wikipedia)

(7) Handicap International « Traité d’Ottawa, 20 ans de victoires contre les mines, et encore tant à faire. » – Anne Héry, Directrice du plaidoyer à Handicap International.

Le commentaire poursuit :

« Cette augmentation s’explique par des bilans particulièrement lourds dans les zones de conflit en Afghanistan, en Libye, en Syrie en Ukraine et au Yémen. En 2015, ces pays enregistraient en effet la majorité des nouvelles victimes des mines antipersonnel – industrielles ou de fabrication artisanale – et restes explosifs de guerre : Afghanistan (1 310), en Libye (1 004), au Yémen (988), en Syrie (864) et en Ukraine (589). À eux seuls, ces 5 pays représentent 74 % des victimes enregistrées en 2015 ». 

« Par ailleurs, jamais l’Observatoire n’a comptabilisé autant de victimes de mines artisanales (engins explosifs fabriqués par les belligérants faisant office de mines) depuis la publication de son premier rapport annuel en 2000 : elles étaient 1 331 en 2015, soit 21 % des victimes recensées, un chiffre très certainement en-dessous de la réalité ». 
« Les mines, encore présentes dans 63 pays et territoires, continuent de blesser et tuer. Presque toutes les heures, une nouvelle victime de ces armes est recensée dans le monde. Plus des trois quarts de ces victimes sont des civils et un tiers d’entre elles sont des enfants. Même si nous observons des progrès indéniables dans la lutte contre les mines, notre combat n’est pas terminé. Nous devons rester vigilants contre cette arme et continuer à mobiliser les États pour débarrasser la planète de ce fléau et apporter une assistance aux victimes sur le long terme. »

(8) Voir Vincent Jauvert : « Les Intouchables d’Etat » (Robert Laffont , janvier 2018), le livre choc sur la vie de rêve des élites de l’Etat.

En 2015, 150 cadres du ministère de l’Economie et des Finances gagnaient plus que le chef de l’Etat, selon une note que révèle Vincent Jauvert dans son livre « les Intouchables d’Etat »

«Ils sont hauts fonctionnaires, cultivent l’entre-soi et multiplient les allers-retours entre politique, administration et secteur privé. Constat dans un livre choc, ce jeudi, en librairie. »

Encore un livre qui « dézingue » les hauts fonctionnaires, l’ENA, les grands corps, etc., diront certains. De fait, l’enquête du journaliste de l’Obs, Vincent Jauvert, sur « les Intouchables d’Etat » a beau sidérer par ses révélations — les salaires mirobolants des cadres de Bercy, les petits services entre amis au sein de cette élite administrative, les conflits d’intérêt multiples et croissants entre public et privé… —, elle n’est pas la première à lever le voile sur des pratiques choquantes, voire scandaleuses. Mais voilà, à l’heure où l’on annonce un Nouveau Monde qui a déjà emporté la vieille politique, on aurait pu attendre que cela change.

Dans son livre-programme « Révolution », le candidat Emmanuel Macron fustigeait « les hauts fonctionnaires qui se sont constitués en caste ». Il promettait même d’en finir avec leurs « protections hors du temps ». Or rien de tel ne s’est passé, pour l’heure, sous sa présidence. Et pour cause, lui-même et son Premier ministre sont issus de ce moule (ENA, inspection des finances pour le premier, Conseil d’Etat pour le second) et promeuvent une certaine technocratie. Le livre de Jauvert est d’ailleurs sous-titré « Bienvenue en Macronie ». (Présentation FNAC)

(9) La DUDH reconnaît que tout individu a droit à la vie.(Art 3). Et dans sa première version plus complète, la Déclaration ajoutait : « l’enfant a droit à une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance. » Reprenant partiellement cet énoncé, la Convention des droits de l’Enfant reconnaît solennellement que « tout enfant a un droit inhérent à la vie » (Art 6), mais omet le complément sur son droit à une protection juridique appropriée avant la naissance…. Si bien que cette seconde clause ne figure plus dans aucun de ces deux textes : elle a été supprimée pour la raison que l’avortement est reconnu et légalement pratiqué dans la plupart des Etats du monde. La permanence de cette clause contredisait formellement et
frontalement la législation de ces Eats-membres.… Ce qui faisait désordre. La vérité est que cette suppression, cette amputation et ce recul fragilisent tout ce bel édifice de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Si l’on ne parvient pas à reconnaître la valeur absolue de la vie humaine et son inviolabilité depuis son commencement dans le sein maternel, pourquoi le ferait-on ensuite lorsque d’autres difficultés se présentent, incitant à profiter de sa faiblesse ? L’être humain est toujours un être en devenir et en relation à d’autres ; on pourra justifier sa maltraitance pour de multiples raisons.

(10) La chancelière allemande, Angela Merkel, a dit récemment que seuls des immigrés professionnellement qualifiés pourraient désormais résider en Allemagne. Oskar Lafontaine, ex-président du SPD et cofondateur du mouvement Aufstehen (debout) s’était déjà opposé à cette conception. Il approuve sans restriction l’accueil chez lui de ceux qui fuient la guerre et les bombes, mais il veut avant tout qu’on aide l’immense majorité des réfugiés qui se trouvent dans les camps. Et il déclare : 

« Chez nous aussi, nous devons respecter le principe de la justice sociale. Et précisément dans le cas de migrations économiques, dont les pays industrialisés abusent largement. Nous recrutons des spécialistes de haut niveau dans les pays pauvres. Nous recrutons également de la main-d’oeuvre bon marché dans les mêmes. Cela a deux conséquences : empêcher le développement des pays pauvres et chez nous, faire baisser les salaires. » (interview dans Marianne 14-20 septembre 2018)

L’incidence de la misère et de la prospérité sur les flux migratoires en provenance de l’Afrique subsaharienne est décrite en ces termes par Stephen Smith, expert en cette question : « l’amélioration du niveau de vie au Sud du Sahara occasionne à court et moyen terme davantage de départs d’Afrique. En revanche, à long terme, une vraie prospérité retiendra les Africains chez eux. » (Stephen Smith : « La ruée vers l’Europe… » Grasset 2018, interview dans Marianne – du 1er au 7 février 2019). C’est bien cette position que nous défendons dans ce travail.

(11) la Cimade est une association loi de 1901 de solidarité active et de soutien politique aux migrants : réfugiés, déplacés, demandeurs d’asile et étrangers en situation irrégulière.