Récemment interrogée par un site Internet d’information, Christine Boutin a déclaré que, si la manifestation sur les Champs-Élysées était interdite, évidemment, elle n’irait pas, car il lui semblait primordial de garder au combat contre la loi Taubira le caractère bon enfant qui l’a caractérisé depuis le début et notamment lors de la grande manifestation du 13 janvier. C’est ainsi qu’on a appris que certains envisageaient donc qu’une manifestation, pour laquelle on attend au moins 300 000 personnes (chiffres de la police) ou de 700 000 à un million (chiffres des organisateurs), puisse être interdite !
Les historiens rappellent que les Champs-Élysées sont un lieu de manifestation traditionnel pour la droite au même titre que l’axe République-Bastille l’est pour la gauche. On se souvient de la grande manifestation qui mit un terme aux événements de Mai 68. Ils présentent l’avantage de ne pas avoir de pelouses à écraser comme au Champs-de-Mars — dont on sait que la mairie de Paris prétend se faire rembourser les travaux de réfection après la manifestation du 13 janvier — et par leur largeur et leur aspect rectiligne, de faciliter le décompte des manifestants. Ceux-ci ont fait la preuve de leur belle discipline et de leur absence d’agressivité. Alors quelle raison la Préfecture pourrait-elle bien invoquer pour une éventuelle interdiction ? On s’interroge. On n’y croit pas.
Cependant un fâcheux précédent a pu inquiéter. Il s’agit d’une minuscule manifestation que le comité de La Manif pour Tous avait convoquée le 12 février sur une place proche de l’Assemblée nationale. La Préfecture n’avait pas pris pour prétexte qu’il ne fallait pas déranger les députés votant alors sur ce projet de loi, mais avait excipé d’une demande de manifestation concurrente déposée par une organisation LGBT au doux nom de « Gouines comme des camions », qui ne regroupe que quelques dizaines de personnes. La demande de cette organisation fantomatique n’était d’ailleurs ni à la même heure ni exactement au même endroit. Pourtant le préfet de Paris avait voulu y voir un risque de trouble à l’ordre public et la justice lui avait donné raison. On peut dire que le motif d’interdiction était largement « bidon » et que les autorités montraient ainsi qu’elles ne pensaient pas avoir à se justifier d’une mesure qui avait pour seul objectif de montrer leur agacement devant l’activisme de Frigide Barjot et de ses amis.
Le défi des Champs-Élysées a bien d’autres aspects sur lesquels nous devrons sans doute revenir d’ici au 24 mars, mais celui-ci — inattendu — devait être évoqué car, s’il devait se vérifier que la question se pose, la tension du mépris créée par l’affaire du rejet de la pétition citoyenne par le CESE ne ferait qu’augmenter.
F.A.
Dernière minute : un communiqué rassurant du Comité indique que les manifestants seront appelés à rejoindre la place de l’Étoile par trois itinéraires partant respectivement de la place Vauban, de la place de l’Opéra et de la place Dauphine… « Vous atteindrez ensuite l’Étoile, et la manifestation s’ébranlera sur les Champs-Élysées dès 14h. Les 3 axes resteront ouverts tant que la manifestation ne sera pas terminée, il vous sera donc possible de converger vers l’Étoile dès 13h, mais aussi de n’arriver que plus tard dans l’après-midi. »
http://www.lamanifpourtous.fr/les-prochains-meetings-en-region
http://www.lamanifpourtous.fr/tous-aux-champs-elysees-le-24-mars-228