Le débat sur les retraites - France Catholique
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Le débat sur les retraites

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Dans votre numéro 3125 du 27 juin 2008, figurait dans la rubrique « Débats » un article intitulé « les retraites du futur » de Jacques Garello. Cet article me pose plusieurs problèmes.

Le premier : Que fait-il dans France Catholique ? De même d’ailleurs ceux qui étaient dans le numéro précédent : « Réforme des retraites : qui va payer ? » et « Le libéralisme, horizon indépassable de la modernité ». De quel libéralisme s’agit-il ? Pensez-vous que le libéralisme qui se développe actuellement dans le monde soit conforme à la doctrine sociale de l’Église ? Pourquoi confondre modernité et futur ?

Le deuxième, c’est celui concernant le problème des retraites : Monsieur Jacques Garello, président de l’Aleps (Association pour la liberté économique et le progrès social) presse tous les gens sensés d’abandonner les systèmes sociaux basés sur un principe de répartition, en particulier celui de la retraite.

Soucieux d’apporter la lumière, la sienne, aux tenants de l’obscurantisme que sont le gouvernement, le patronat et les syndicats, il annonce la faillite inéluctable de la répartition et prône son abandon comme, affirme-t-il, de nombreux pays l’ont déjà fait.

Prudemment, il ne cite pas ici d’exemple et s’abstient de proposer son propre modèle. En particulier, il fait l’impasse sur le fait qu’un passage éventuel à la capitalisation, qui semble avoir ses faveurs, obligerait plusieurs générations à payer deux fois, une fois pour les pensions des retraités et une fois pour constituer le capital destiné à sa propre retraite. A moins bien sûr qu’il n’envisage de supprimer les pensions des retraités actuels.

De tels propos extrémistes doivent être dénoncés. Chacun sait que la capitalisation et les fonds de pension qui en sont l’instrument ne sont pas protégés contre les aléas de la bourse. Il est également aisé de comprendre que la capitalisation ne supprime pas les conséquences de l’augmentation de la longévité : pour une même rente à servir, le capital doit être plus important et donc les cotisations.

Dans un rapport de septembre 2006, Monsieur Philippe Marini, rapporteur général de la commission des Finances du Sénat estimait que les régimes obligatoires de retraite (régme de base et régimes complémentaires) représentaient 97% d’un total de prestations de 171 milliards et les régimes supplémentaires 3%. Venant d’une personne qui n’est pas connue comme un chantre de la répartition, ces quelques chiffres devraient faire réfléchir, d’autant que M. Marini se contentait d’espérer un triplement de la part des régimes supplémentaires en 2050.

Défendre la répartition n’est pas une position idéologique. Elle est et restera le socle de la protection sociale. Ceci ne fait pas obstacle à ce que des compléments puissent intervenir à l’initiative de ceux qui le veulent et le peuvent.

Si, dans un grimoire secret, M. Garello a découvert la genèse de la pierre philosophale, qu’il en fasse bénéficier l’humanité.

La troisième : c’est qu’une rubrique « Débats » devrait représenter différents points de vue, sans prétendre ni à la vérité que, hélas, personne ne connaît en la matière, ni à l’exhaustivité.

Jean Bourée,
ancien président de
l’Union Française des Retraité
83/87 av. d’Italie 75013 Paris