Le débat politique et la charité - France Catholique
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Le débat politique et la charité

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Le débat politique est particulièrement dur en ce moment. Il ne l’est pas seulement en France, il l’est aussi aux États-Unis où l’affrontement entre les deux candidats dépasse en vivacité, et même en violence, les campagnes présidentielles qui ont précédé. Cela s’explique pour une bonne part, en raison de la tension qui existe en ce moment sur la planète. Il faut la bonne humeur de notre excellent Michel Serres pour apaiser le climat général, lui qui rappelle que notre Europe vit une période de paix qu’elle n’a jamais connue par le passé. On peut lui en donner acte, tout en faisant remarquer que cette Europe ne vit pas isolée dans le monde, et que sa relative quiétude intérieure ne l’empêche pas d’être confrontée à des défis extérieurs redoutables. On pense bien sûr aux conséquences directes de la déstabilisation du Proche-Orient, mais aussi aux défis que pose l’avenir d’une Afrique en plein essor démographique et au destin problématique.

L’âpreté du débat s’explique donc parfaitement. Comment peut être alors reçue la voix singulière de notre pape François, qui nous prie d’envisager les choses dans un esprit de miséricorde et de compassion ? Il y a une tentation forte de lui répliquer : « Nous t’entendrons là-dessus, une autre fois. » Mais cette parole du Pasteur ne résonne pas dans un empyrée hors-sol. Elle nous désigne ces familles qui dorment dans la rue près de chez nous, avec des petits enfants, parfois des bébés. Il y avait sur ce sujet, hier, dans le Journal du dimanche, un excellent article intitulé : « Naufragés du monde échoués en plein Paris ». Mais c’est comme si on ne les voyait pas ! Parfois, pourtant, surgit un cri : « Devant nous, des centaines de personnes dorment dans la rue, crèvent de faim, n’ont même pas d’eau potable… Et nous sommes à deux pas de Paris plage et de ses brumisateurs. C’est terrifiant… »

La charité, nous a rappelé la sainte Mère Teresa, c’est voir ce qu’on refuse de voir, les personnes abandonnées sur le trottoir. La parole du pape François intervient directement sur ce terrain-là, celui de la proximité immédiate, où l’on ne raisonne pas en termes de géopolitique, mais en termes de face-à-face, de visage à visage. Non, à cet appel-là, il nous est impossible de nous dérober.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 septembre 2016.