À la veille de Noël, je m’étais concentré sur la crèche, en tant que premier lieu d’évangélisation. Peut-être avais-je ainsi fourni un bon motif à ceux qui militent ardemment contre la présence de la scène évangélique dans les lieux publics, au nom des principes de la stricte laïcité ? Il est vrai que sur le sujet, le Conseil d’État, me semble-t-il, a tranché en reconnaissant à la crèche un statut culturel, distinct de son statut cultuel. La distinction est intéressante, non sans laisser place à une interrogation. Car la culture, si elle peut être distinguée du domaine proprement religieux, ne saurait vraiment s’en séparer. Comme objet de culture la crèche renvoie nécessairement à l’événement fondateur qu’elle représente et elle oblige à réfléchir aux données essentielles du christianisme.
Donner à réfléchir ce n’est d’évidence pas imposer la foi, mais c’est créer une ouverture à la pensée. Qu’est-ce que cette religion qui se fonde sur l’incarnation du Fils de Dieu en ce monde ? Est-il possible que le Verbe se soit fait chair et qu’il ait habité parmi nous ? De la représentation naïve, on est forcément renvoyé aux textes des Évangiles, les Évangiles de l’enfance, saint Matthieu et saint Luc, mais aussi au fameux prologue de l’Évangile de saint Jean : « La grâce et la vérité nous sont venues par Jésus Christ. Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître. »
Tout est dit et tout commence. Il est vrai que nous ne pouvons comprendre notre civilisation sans la mémoire chrétienne. Mais cette mémoire, avec la crèche, est une invitation à poser toutes les grandes questions à la lumière de cet enfant qui est la vraie lumière venue en ce monde.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 décembre 2020.
Pour aller plus loin :
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