Le culte civique. L'homme devant la mort - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Le culte civique.
L’homme devant la mort

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Le Panthéon et Saint-Étienne-du-Mont, montagne Sainte-Genviève, Paris.

Le Panthéon et Saint-Étienne-du-Mont, montagne Sainte-Genviève, Paris.

© Grégoire Coustenoble

Hier, 11 novembre, le pays a vécu dans le souvenir des morts de la Première Guerre mondiale, avec une attention particulière pour la cérémonie de l’Arc de Triomphe, en présence du chef de l’État. Mais cette année, une autre cérémonie a suivi, dans l’après-midi, avec l’inauguration d’un monument aux morts pour la France en opérations extérieures. Ainsi s’ajoute, au long de la Seine, ici dans le parc André-Citroën, un nouveau mémorial où le pays se reconnaît dans le sacrifice des siens. Comment s’en étonner ? C’est l’humanité entière qui est fondée sur la mémoire et la reconnaissance envers les générations qui l’ont précédée et auxquelles nous devons tout. On dit que François Mitterrand avait une particulière dilection pour les nécropoles et qu’il gardait en tête l’emplacement des tombes de ses écrivains les plus chers. Peut-être devait-il cette sensibilité à un certain héritage dix-neuvièmiste, celui que Philippe Muray avait analysé soigneusement, parce qu’il y voyait une donnée essentielle de la civilisation contemporaine.

Ce rapport à la mort donne lieu à une véritable liturgie républicaine, avec le recours aux uniformes militaires qui lui confèrent son décorum et contribuent à une certaine sacralité. Ce n’est pas seulement vrai pour la France. Philippe Ariès, qui demeure un de nos grands historiens sur le sujet, m’expliquait qu’il avait écrit sa somme majeure, L’homme devant la mort, grâce à l’accueil d’une fondation américaine, à Washington, capitale fédérale. Washington précisément, qui avait été organisée comme une nécropole pour entretenir la flamme nationale des États-Unis.

C’est qu’il n’y a pas de cité ici-bas sans relation avec une sorte de transcendance qui est un certain rapport au temps. Mais cette transcendance a une saveur plus positiviste que chrétienne. Pour le comprendre, il suffit de visiter le Panthéon, ancienne église sainte Geneviève transformée en nécropole républicaine. Il y manque la dimension de la Résurrection que le visiteur fera bien d’aller goûter juste à côté, dans la merveilleuse lumière de Saint-Étienne-du-Mont, avec le visage de sainte Geneviève et les tombes de Pascal et de Racine, ces chrétiens qui savaient où réside leur espérance.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 novembre 2019.