Qui se souvient encore du Crapouillot, cette publication originale, vraiment indépendante, dirigée par Jean Galtier-Boissière (1891-1966) ? J’en avais quelques vagues souvenirs plutôt positifs, sans plus. En consultant la biographie de Galtier-Boissière sur Wikipedia, je constate toutefois une fâcheuse déviation finale pour des écrits révisionnistes… Pourtant, son attitude pendant la Deuxième Guerre mondiale n’avait pas été du tout collaborationniste. Il avait même fustigé le parcours « des antiracistes devenus hitlériens ». Simon Epstein a signalé comment il avait été à même d’apprécier le phénomène. Ancien rédacteur du Canard enchaîné, Galtier avait pu observer comment certains de ses confrères étaient passés sans état d’âme à la presse collabo.
Par curiosité, j’ai lu un volume de son journal écrit dans les années après la Libération. Son indépendance de jugement est alors évidente, avec un anticommunisme sans complexe. Ce n’était pas forcément dans l’esprit du temps. Il faut se souvenir de l’énorme emprise du Parti à l’époque. Un parti qui joue double jeu, Maurice Thorez étant vice-président du Conseil et l’appareil entretenant une agitation dans tout le pays. Ce mot agitation est d’ailleurs trop faible pour définir le climat de violence entretenu à travers des grèves et de véritables coups de force. Ce qu’il reste du Parti aujourd’hui est très loin de ce qu’il était sous Thorez et Duclos. Les diatribes de ce dernier à l’Assemblée nationale étaient au diapason d’une opinion surchauffée. Il faudra longtemps pour que le PCF procède à sa propre déstalinisation
(http://www.editionslibretto.fr/mon-journal-dans-la-grande-pagaie-jean-galtier-boissiere-9782369144052