La crise du Covid, que nous connaissons depuis un an, met en évidence une volonté politique de préserver la vie. De la préserver à tout prix. De tout faire pour éviter les contaminations, quitte à arrêter l’économie, à confiner tout le monde pendant de longs mois, à suspendre les libertés publiques.
Cette situation est inédite. Inédite depuis le début de l’humanité. Avant, il fallait faire avec, continuer à vivre et contenir l’épidémie comme on pouvait, tout en essayant de poursuivre les échanges. Avant, le confinement, quand il existait, était réservé aux riches – comme dans le Décaméron de Boccace. Avant, les épidémies tuaient, d’une manière jugée mystérieuse, des populations entières – comme un tiers de l’Europe pour la peste noire au XIVe siècle ou 50 millions de morts pour la grippe dite espagnole à partir de 1917. Avant, seul Dieu était en mesure de les arrêter, Lui qui, pour beaucoup, exerçait là son Jugement pour des fautes commises ou des désordres constatés.
Rien n’est plus sacré que la vie
Le Covid est donc la première épidémie d’une nouvelle ère. Celle où la vie préservée devient la valeur suprême, où tout doit pouvoir être sacrifié pour éviter ses effets. L’argent coule à flots. Les milliards sont injectés en masse pour tenir à bout de bras les travailleurs désœuvrés, les entreprises en arrêt, l’économie à relancer.
L’avantage de cette prise de conscience est une sorte de resacralisation mondiale de la vie. Rien n’est plus sacré que la vie. Les religions passent au second plan, ainsi que l’économie, les échanges, le commerce, le travail même. Ce nouvel impératif prend à contre-pied, peut-on penser, du moins dans un premier temps, tous les processus actuels de contrôle de la vie : le contrôle des naissances, le contrôle de la procréation, le contrôle de la mort même, sans parler du bricolage des parentalités. Le virus est hors de contrôle, et révèle que la croyance actuelle dans la maîtrise de tout est illusoire. La vie est fragile. Les corps sont exposés à des risques viraux. La mort est encore là – même si le fantasme de la « mort de la mort » travaille nos imaginaires.
Mourir seul
Alors, on aurait pu croire que cette poussée de sacralisation allait inclure, aussi, tout ce qui permet de rendre la vie douce et la mort accompagnée. Or, malheureusement, il n’en fut rien. Les personnes âgées en EHPAD furent coupées des liens humains qui les faisaient vivre, en leur donnant des raisons de vivre. Les enterrements furent souvent bâclés. Et dans les hôpitaux, pour des raisons technocratiques plus que médicales, nombreux furent ceux qui eurent à mourir seuls, alors que la famille ne demandait qu’à venir à leur chevet. Nous le voyons, encore aujourd’hui, avec la mort du père de la comédienne Stéphanie Bataille, qui en a appelé au chef de l’État.
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