La crise financière a maintenant un visage, le visage affable de Bernard L. Madoff, ancien président du Nasdaq, le deuxième marché boursier des USA. 50 milliards de dollars ont été engloutis par ce personnage à la réputation au-dessus de tout soupçon.
La technique était simple. Profitant de ses nombreuses relations, Bernard Madoff proposait des placements à des taux d’intérêt extraordinaires, puis faisait appel à de nouveaux investisseurs dont l’argent servait à payer les intérêts des premiers investisseurs. C’est le principe de la cavalerie appliqué à la haute finance. De grosses fortunes sont aujourd’hui touchées, et pas seulement aux USA. Certains chiffres donnent le vertige. En France, la richissime Liliane Bettencourt, l’une des plus grosses fortunes de la planète, aurait ainsi perdu 500 millions d’euros envolés dans la nature. Et l’on ne parle pas de banques comme Natexis ou BNP-Paribas (laquelle n’a perdu « que » 350 millions). Pour la banque suisse UCB, la perte pourrait atteindre 850 millions de dollars.
En ce qui concerne les petits et moyens épargnants, le péril semble moindre et l’Autorité des marchés financiers (AMF) évoque un risque limité à 8% des investissements, essentiellement dans les SICAV et les fonds communs de placement. On veut le croire, mais on peut légitimement redouter un impact fortement négatif sur l’épargne des ménages.
Le scandale Madoff ne se limite pas au seul aspect financier. C’est aujourd’hui la confiance qui est atteinte. Cette gigantesque escroquerie n’aurait pas été possible sans complicités, au moins passives, ni, surtout, sans l’aveuglement de ceux qui ont en charge la surveillance et l’analyse des marchés financiers. Il n’est pas normal que des sociétés d’audit et de conseil à la renommée internationale n’aient rien vu venir. Il est encore moins normal que la presse financière n’ait rien vu venir. La confiance, indispensable à toute économie saine est aujourd’hui gravement atteinte.
Bien sûr, l’économie s’en remettra. Elle s’est toujours remise des crises qui jalonnent notre histoire. Mais les effets du scandale Madoff peuvent être dévastateurs. Ce scandale de l’aveuglement et de l’impéritie ouvre la voie à toutes les peurs et à tous les dangers. Souvenons nous : en 1882, le krach de l’Union générale avait réveillé l’antisémitisme.
Quelles menaces nous réserve l’affaire Madoff ?