Le Corps aux os à jamais intacts - France Catholique
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Le Corps aux os à jamais intacts

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Quand notre Sauveur expira, les soldats rompirent les os des deux larrons pour hâter leur mort. La Loi exigeait que le corps d’un condamné crucifié, et donc maudit par Dieu, ne restât pas sur la croix pendant la nuit. En outre, le sabbat de la semaine pascale approchant, il était urgent pour ceux qui respectaient la Loi que les condamnés fussent exécutés et tous les crucifiés enterrés. Mais il fallait encore qu’une prophétie concernant le Messie s’accomplît. Ce qui arriva quand : « L’un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau ». (Jean, 19, 31)

Le divin Avare avait mis en réserve quelques précieuses gouttes de Son Sang pour les répandre après avoir rendu l’esprit afin de montrer que Son amour était plus fort que la mort. « Il sortit du sang et de l’eau » : le Sang, le prix de la Rédemption et le symbole de l’Eucharistie ; l’eau, le symbole de la régénération et du baptême. Saint Jean qui avait assisté à la scène du soldat perçant le Cœur du Christ écrivit par la suite : « C’est lui, Jésus-Christ, qui est venu avec de l’eau et du sang ; non avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang ». (I Jean, 6).

Il y avait là plus qu’un phénomène naturel dans la mesure où Jean lui donne un sens mystérieux et sacramentel. L’eau est présente au début du ministère de Notre Seigneur quand il est baptisé, le Sang est présent à la fin quand le Christ s’offre Lui-même en victime sans tache. Les deux éléments deviennent le support de la foi car, lors du baptême, le Père a déclaré que le Christ était Son Fils, et la Résurrection témoigne à nouveau de Sa Divinité.

Le messager du Père a été transpercé portant le message d’amour écrit sur Son Coeur. Le coup de lance a été la dernière profanation du Bon Berger de Dieu. Bien que Lui ait été épargnée toute brutalité arbitraire, comme la fracture de Ses jambes, un mystérieux dessein divin explique le percement du Sacré Cœur de Jésus. Jean, qui s’appuyait sur Sa poitrine pendant la dernière Cène, a dépeint avec justesse la blessure de ce Cœur.

Lors du déluge, Noé perça sur le côté de l’arche une porte par laquelle entrèrent les animaux pour échapper à cette catastrophe ; avec la crucifixion, c’est une nouvelle porte qui s’ouvre dans le cœur de Jésus pour que les hommes puissent échapper au déluge du péché. Pendant qu’Adam dormait, Eve prit naissance de sa côte et fut appelée la mère de tous les vivants. Sur le Golgotha, tandis que le second Adam inclinait Sa tête et s’endormait sur la Croix, avec le sang et l’eau sort de Son côté Son épouse, l’Eglise. Le cœur transpercé tient ses promesses : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par Moi, il sera sauvé ». (Jean, 10,9).

Saint Augustin et d’autres auteurs chrétiens des premiers siècles ont écrit que Longin, le soldat qui révéla les trésors du Cœur sacré de Jésus, fut guéri de sa cécité ; plus tard, Longin devint évêque et un martyr de l’Eglise dont la fête est célébrée le 15 mars. Quand Jean vit la scène, son esprit revint sur la prophétie de Zacharie émise six siècles auparavant : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ». (Jean, 19, 37).

La douleur ne précède pas la contemplation de la Croix ; c’est plutôt la douleur associée à nos péchés qui découle de la contemplation de la Croix. Toutes les excuses sont rejetées quand la vilenie du péché est révélée de façon poignante. Mais de la flèche du péché qui blesse et crucifie sort le baume du pardon qui guérit. Pierre vit le Maître, puis sortit et pleura amèrement. Comme ceux qui regardaient le serpent d’airain étaient guéris de la morsure des serpents brûlants ; dans la Passion, la préfiguration devient réalité et ceux qui regardaient Celui qui avait l’apparence d’un pécheur, mais ne l’était pas, étaient guéris du péché.

Tous doivent élever les yeux qu’ils le veulent ou non. Le Christ transpercé se dresse comme une figure emblématique aux carrefours du monde. Certains le regardent et se tournent vers la pénitence ; d’autres regardent et repartent avec regret mais sans tristesse, comme les spectateurs sur le Calvaire «qui rentrèrent chez eux en se frappant la poitrine ». Ce geste était un signe d’impénitence ; c’était le refus des présents de regarder Celui qu’ils avaient transpercé. Le mea culpa c’est le geste de battre sa coulpe qui sauve.
Si les bourreaux Lui transpercèrent le côté, ils ne brisèrent pas un seul os de Son Corps comme l’indiquait aussi la prophétie. Dans l’Exode il est dit qu’aucun os de l’agneau pascal ne doit être brisé. Cet agneau n’était qu’une métaphore du véritable Agneau de Dieu : « Cela aussi est arrivé pour que s’accomplît l’Ecriture : On ne lui brisera pas un os ». (Jean 19, 36). Cette prophétie a été accomplie malgré Ses ennemis qui avaient réclamé le contraire. Si le Corps physique du Christ présentait des blessures, contusions et cicatrices alors que l’ossature était restée intacte, cette réalité semblait annoncer que, même si le Corps mystique du Christ, son Eglise, aurait son lot de blessures morales et serait déchirée par les scandales et les trahisons, néanmoins pas un seul de ses os ne serait brisé.

Le 3 avril 2015

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/04/03/the-body-forever-unbroken/

Tableau : Crucifixion de Bronzino (Agnolo di Cosimo), 1545 [Musée des Beaux-Arts, Nice]

Fulton J. Sheen est né à El Paso (Illinois) le 8 mai 1895. Au terme de ses études au séminaire de Saint Paul au Minnesota, il a été ordonné en 1919. Après avoir complété sa formation à l’Université catholique de Louvain (Belgique) il a obtenu un doctorat en philosophie. En1930 il crée une émission radiophonique du dimanche soir « The Catholic Hour », et en 1951, devenu évêque, il lance « Life is worth Living » [La vie vaut la peine d’être vécue] qui devient l’un des programmes de la télévision américaine les plus populaires et lui vaut un prix (Emmy Award) en 1952. Il est nommé archevêque par le pape Paul VI en 1969. Il meurt le 9 décembre 1979 et est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Patrick. Il a été proclamé vénérable serviteur de Dieu par Benoît XVI le 28 juillet 2012.