Nous sommes donc à la veille du Conclave d’où sortira le successeur de Benoît XVI. Les choses ont été vite, si l’on songe qu’il y a un mois seulement, le Saint-Père annonçait son renoncement à sa charge. Cette concentration temporelle montre à quel point le processus électif de l’Église catholique diffère des mœurs politiques. Une élection présidentielle se prépare très longtemps à l’avance. Les candidats ont besoin de mobiliser leurs forces. Même s’il arrive que les choses se précipitent à la suite d’un décès comme ce fut le cas avec le président Pompidou chez nous en 1974, les candidats disposent déjà d’appareils structurés pour mener leur campagne. Il n’en va pas de même pour l’Église, où il n’y pas de candidatures, et pas d’appareils analogues aux partis. Et puis, surtout, l’élection vise au consensus, au rassemblement unanime d’un corps cardinalice qui cherche à s’accorder pour mieux assurer l’unité de l’Église.
Il en va de même d’ailleurs dans un Concile œcuménique ou dans un Synode. S’il s’y révèle des différences et même des oppositions, celles-ci sont confrontées de telle façon qu’elles soient finalement surmontées. On a même pu parler à ce propos d’une institution dont la seule finalité est de fabriquer du consensus, celui qui consonne avec l’unique foi partagée et la seule finalité de l’Église qui consiste à rassembler.
Par ailleurs, il est assez singulier de faire appel à des catégories qui ont pu refléter une certaine réalité dans le passé, mais qui, aujourd’hui, ne correspondent plus à grand chose. Ainsi la division entre conservateurs et progressistes est très connotée « années d’après-guerre ». En France, le phénomène progressiste s’est évanoui à peu près au cours de la décennie soixante-dix du vingtième siècle. Et ce n’est sûrement pas des clivages de nature politique ou idéologique qui séparent les cardinaux. On a beaucoup mis en valeur la question de la réforme de la Curie, mais si importante soit-elle, elle ne suffit pas, loin de là, à définir les missions du futur pape. De ce point de vue, les témoignages des uns et des autres, à quelque continent qu’ils appartiennent, reflètent un souci commun. Le problème n’est pas que le successeur de Pierre soit issu de tel pays, qu’il vienne d’Europe ou d’Asie. C’est qu’il puisse être le bon pasteur d’une Église rassemblée, purifiée, pour annoncer l’Évangile aux hommes et aux femmes de bonne volonté.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 11 mars 2013.
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