Parmi les communautés nouvelles qui sont apparues à la suite de Vatican II, une mention particulière s’impose en ce qui concerne le Chemin néocatéchuménal. Ce mouvement, créé à Madrid en 1964 par deux laïcs espagnols, Kiko Argüello et Carmen Hernandez, est aujourd’hui implanté dans le monde entier. Il est sans doute moins connu en France, mais son importance dans le développement actuel du catholicisme (il s’occupe notamment de 80 séminaires) lui donne une situation singulière dans la dynamique de la nouvelle évangélisation. La rencontre qui vient d’avoir lieu à Rome, et où le Pape a dit sa confiance à l’égard du Chemin, doit être retenue comme essentielle, à la suite des polémiques qui s’étaient envenimées ces dernières années.
C’est vrai qu’il y a un charisme propre à cette communauté qui se reconnaît d’abord dans le rite baptismal et met ainsi l’accent sur les rites d’entrée dans l’Église et l’initiation nécessaire à l’adhésion de la foi. De là un certain nombre de caractéristiques liturgiques et de pratiques catéchétiques qui ont pu surprendre autant certains fidèles que certains évêques. Des mises au point ont eu lieu, notamment à la suite d’une lettre du cardinal Arinze, qui était, en 2005, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Les autorités compétentes ont donc agi pour parer aux éventuels malentendus et répondre aux interrogations de certains épiscopats, tel celui du Japon.
En un demi-siècle, on est en mesure de juger des fruits spirituels et pastoraux d’une œuvre comme celle-là. Notre ami Luc Baresta nous en a souvent informés dans ce journal. Les crises même sont nécessaires pour purifier les intentions et confirmer les intuitions. L’essentiel n’est-il pas que l’Évangile soit annoncé à ceux qui le méconnaissent ou l’ont oublié ? Nous avons recueilli, à ce propos, un témoignage significatif de Thierry Bizot, réalisateur de télévision qui a publié un livre (Catholique anonyme, Seuil) que son épouse, Anne Giafferi, a porté à l’écran (Qui a envie d’être aimé ?). C’est à la suite de sa participation à un parcours du Chemin, qu’il a découvert progressivement l’appel de Dieu en lui. Rien d’ailleurs de spectaculaire dans cette démarche qui lui a fait prendre conscience de cette nécessité d’être aimé. Ce simple exemple montre combien s’avèrent décisifs une rencontre avec des chrétiens ainsi qu’un enseignement qui vient changer une vie. Le Chemin néocatéchuménal peut être le lieu de ces grâces de la Providence.
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ROME, dimanche 22 janvier 2012 (ZENIT.org)
http://www.zenit.org/article-29955?l=french
ROME, vendredi 20 janvier 2012 (ZENIT.org) –
http://www.zenit.org/article-29951?l=french
ROME, vendredi 20 janvier 2012 (ZENIT.org) – Au cours d’une audience rassemblant 7000 participants, Benoît XVI a envoyé ce vendredi matin, 20 janvier, 18 « missio ad gentes » en Europe, en Afrique et en Amérique. Le Saint-Siège a également annoncé l’approbation des célébrations liturgiques qui marquent l’itinéraire d’initiation chrétienne du Chemin néocatéchuménal.
ZENIT a rencontré Kiko Argüello, initiateur, avec Carmen Hernández, du Chemin néocatéchuménal, et lui demandé de commenter l’événement.
Zenit- Quelles sont vos premières réactions après la reconnaissance de votre chemin d’initiation ?
Kiko Argüello – Une des preuves de la validité de cet itinéraire pour former des chrétiens adultes, ce sont les familles en mission. Actuellement, il y a presque quatre mille familles du Chemin néocatéchuménal en mission dans les diverses parties du monde. Aujourd’hui, le Saint-Père enverra 18 nouvelles missio ad gentes chez les aborigènes en Australie, en Papouasie et en Nouvelle Guinée, et dans les zones plus sécularisées d’Europe.
Ces missio ad gentes signifient une nouvelle présence d’Eglise.
Il y a beaucoup de gens, aujourd’hui, qui sont complètement sécularisés et qui ne vont pas à l’église, les églises ne les intéressent pas, mais lorsqu’ils voient un groupe de chrétiens qui s’aiment, qui se veulent du bien, cela les intéresse, ils sont impressionnés par leur mode de relation.
Nous avons beaucoup d’expériences de personnes qui ont demandé le baptême lorsqu’elles ont vu les relations que nous avions entre nous et la manière dont nous nous aimions.
Je dois dire qu’en Europe, il y a beaucoup de monde qui souffre de solitude. C’est une réalité terrible, typique des villes modernes : le nombre de personnes qui vivent seules, la quantité de personnes alcooliques, le chiffre énorme des suicides, des divorces, des avortements… Il est évident qu’il y a besoin d’une nouvelle présence d’Eglise.
Nous avons répondu à l’appel de Jean-Paul II qui, lors du symposium des évêques européens en 1985, a dit aux évêques européens que la situation en Europe était très difficile, que l’Europe allait à l’apostasie, que les familles étaient en train de se détruire.
Il ne faut pas avoir peur – a dit le Pape – au contraire, il faut alimenter l’espérance parce que l’Esprit-Saint est déjà en train de répondre : il faut revenir au Cénacle, au tout premier modèle apostolique, lorsque l’Eglise habitait dans les maisons et que les gens qui entraient en contact avec ces communautés étaient stupéfaits et voulaient se faire chrétiens.
C’est ce que fait le Chemin néocatéchuménal. Sur les indications de Jean-Paul II, nous formons des communautés chrétiennes, même dans les contextes les plus païens comme à Chemnitz, qui a été la ville modèle de l’Allemagne communiste et où 98 pour cent des gens ne sont pas baptisés. L’évêque de Chemnitz a demandé deux missio ad gentes qui ont déjà donné naissance à deux communautés avec des personnes qui n’avaient pas été baptisées. Ces personnes ont été surprises de voir comment vivait une communauté chrétienne.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une « missio ad gentes » ?
La missio ad gentes est une nouvelle présence d’Eglise, c’est la réponse pour la nouvelle évangélisation, c’est la nouvelle évangélisation en acte.
Le Pape est très content d’envoyer 18 nouvelles missio ad gentes en Europe, dans le sud de la France, à Toulon, Albi, Montpellier, Bayonne.
Que pensez-vous de l’approbation des célébrations qui scandent et marquent les étapes de l’initiation chrétienne proposée par le Chemin néocatéchuménal ?
La reconnaissance de la validité de cette initiation chrétienne est pour nous un moment historique, c’est celui que nous attendions. Après des années d’étude et d’analyse par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, elle est enfin approuvée.
A travers cette reconnaissance de la validité, on dit que les célébrations qui marquent les étapes de croissance de cet itinéraire de maturation de l’homme nouveau sont magnifiques et vraiment inspirées, aident l’homme à se convertir et à devenir chrétien, l’aident à grandir dans la foi et à s’unir à Jésus-Christ.
Nous sommes contents et pleins de gratitude envers Dieu pour cette reconnaissance.
Après beaucoup de souffrance et de travail, nous sommes aussi pleins de gratitude envers l’Eglise, qui reconnaît officiellement la validité de cette initiation chrétienne pour la construction d’un homme nouveau.
Nous insérons cet homme nouveau dans une communauté chrétienne. C’est notre devoir de faire voir ce que les païens voyaient dans l’antiquité, lorsqu’ils s’écriaient : « Voyez comme s’aiment les chrétiens ».
L’antiquité connaissait les mêmes problèmes qu’aujourd’hui : les gens étaient seuls et souffraient de solitude et de désespoir.
Lorsque l’homme tombe, victime du démon, il ne sait plus aimer et il est désemparé.
Saint Paul a écrit que le Christ est mort pour que l’homme ne vive plus pour lui-même. C’est ainsi qu’il explique que l’homme séparé de Dieu est condamné à souffrir de son propre égoïsme.
Nous sommes très reconnaissants envers Benoît XVI et envers l’Eglise pour cet acte dans lequel nous voyons et nous confirmons que l’Eglise est notre mère et maîtresse ».
L’approbation, qui arrive au bout de quinze années d’étude par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrement, conclut le processus en vue de l’approbation du Chemin néocatéchuménal : le Saint-Siège a approuvé, en 2008, la version finale des statuts et, en 2011, la doctrine contenue dans les treize volumes du Directoire catéchétique du Chemin néocatéchuménal.
En date d’aujourd’hui, Benoît XVI a envoyé 17 missio ad gentes : 12 en Europe (Albi, Nice, Bayonne, Toulon, Strasbourg, Lyon, Anvers, Ljubljana, Sarajevo, Tallin, Vienne, Manchester), 4 en Amérique (trois à Boston et une au Vénézuela), et une en Afrique à Libreville (Gabon). Par ailleurs, d’autres familles ont été envoyées rejoindre des missio ad gentes déjà formées en Ukraine et parmi les aborigènes australiens, en Papouasie Nouvelle-Guinée.
Chaque « missio ad gentes » est formée de trois ou quatre familles nombreuses qui partent avec un prêtre vivre dans une zone déchristianisée ou dans une région où l’évangile n’a jamais été annoncé.
Ces missio ad gentes s’ajoutent aux 40 autres, déjà envoyées dans le monde entier par Benoît XVI ces dernières années.
Propos recueillis par Salvatore Cernuzio
Traduction de l’italien par Hélène Ginabat
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ