Chant du cygne ou promesse de l’aube ? D’un côté, les catholiques semblent désorientés par l’accélération de la sécularisation, dont témoignent la chute des vocations, la baisse de la pratique et la perte de leur influence publique et culturelle, sans compter les divisions internes… Au point que des sociologues s’interrogent sur la « crise terminale » du christianisme en France.
De l’autre, une succession récente d’actes antichrétiens, preuve que, pour ses ennemis, le christianisme demeure en réalité un danger bien vivant… Que ce soit la mairie écologiste de Strasbourg, qui envisage de rendre facultatifs les crucifix de son marché de Noël, ou la Libre Pensée qui veut la suppression d’une statue de saint Michel aux Sables-d’Olonnes. Ou encore la polémique menée par des sénateurs communistes contre le classement du Sacré-Cœur de Montmartre au titre des monuments historiques de France.
Tournant civilisationnel et relèvement spirituel
Paradoxalement, tout se passe comme si nous étions « gouvernés par ce que nous fuyons », comme l’écrit le philosophe catholique Pierre Manent dans son dernier livre1. C’est-à-dire que le christianisme, bien que repoussé à la périphérie de la vie européenne, en reste, en réalité, le centre agissant. À son corps défendant pourrait-on dire, devenant même pour certains un objet de « répulsion ». Mais une civilisation peut-elle tenir longtemps en reniant ce qui constitue son identité ?
Ce tournant civilisationnel s’accompagne aussi hélas ! poursuit Manent, d’une institution religieuse devenue « incapable » d’expliquer ce qu’elle est et « d’en obtenir le respect ».
Là réside sans aucun doute la première pierre du relèvement, qui sera d’abord spirituel, c’est-à-dire en s’appuyant non sur nos maigres forces, dont la situation actuelle montre bien la fragilité, mais sur la force de Dieu. Ce qui implique d’employer des moyens spirituels qui, historiquement, ont toujours été les leviers de la réforme de l’Église. Et pas une douteuse réforme de la doctrine…
La Vierge Marie, Mère toujours attentive à ses enfants, en a d’ailleurs indiqué les ressorts lors de l’incendie de sa cathédrale à Paris, par tout ce qui en a réchappé : l’eucharistie et le sacrifice de la Croix – les Saintes Espèces et la couronne d’épines –, la piété mariale – la statue de Claudel –, et les reliques des saints.
Il n’y a donc pas lieu de désespérer et de se laisser aller au découragement. C’est encore à Notre-Dame de Paris que le cardinal Pacelli, futur Pie XII, invoquant le secours de la Reine de la paix, prononça le 13 juillet 1937 un discours mémorable où il faisait résonner l’âme de la France : elle « sonne aux heures critiques, affirmait-il, comme un chant de noble fierté et d’imperturbable espérance », malgré les divisions et les dissensions dans un monde chancelant – déjà…
Et il ajoutait : « C’est aux heures de crise que l’on peut juger le cœur et le caractère des vaillants et des pusillanimes. (…) les vaillants, eux, saluent dans la lutte l’aurore de la victoire ; ils savent très bien leur faiblesse, mais ils savent aussi que Dieu est fort et puissant. »