Le célibat - France Catholique
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La Tunique de la Passion
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Le célibat

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Une critique habituelle des enseignements de l’Eglise catholique sur la morale sexuelle vient du fait que c’est un clergé majoritairement non marié qui est chargé de prêcher le message. La sagesse généralement acceptée est que ce n’est pas les affaires de mâles célibataires de dire aux couples mariés comment ils doivent vivre leurs vies. « Qu’est-ce qu’ils savent sur la question ? »

Je me souviens d’un exemple particulièrement flagrant. En 1974, Earl Butz qui était alors au secrétariat à l’agriculture pour les Etats Unis, a ridiculisé le pape Paul VI pour son opposition à la contraception, « Celui qui ne joue pas le jeu, il n’a pas à faire la loi. » Plus tard, il a fait des excuses, mais en réalité, il ne faisait que dire publiquement ce que beaucoup, même de nombreux catholiques, pensaient en privé.

Je n’ai jamais compris cela. Jésus, Dieu fait homme, était un mâle célibataire. Pourquoi un chrétien présumerait-il qu’un homme qui s’efforce d’imiter le Christ dans sa chair n’aurait rien à offrir sur la nature de l’amour ?

Les chrétiens sont d’accord pour penser que Dieu est Amour. Ce pour quoi ils ne le sont pas est : qu’est-ce qu’on peut en déduire ?

J’ai enseigné les méthodes naturelles de planification des naissances pendant près de vingt ans, et je considère qu’un des éléments les plus importants de cet enseignement est ce qui est transmis par la nature de l’amour. J’hésite toujours à employer l’adjectif « vrai » pour déterminer un nom tel que « amour ». Cela risque de donner un statut à un mensonge qui voudrait se faire passer pour la vérité.

L’Amour est ce qu’il est. Tout le reste est de la prétention et devrait être décrit avec son propre nom. L’Amour n’est pas le désir, l’amour n’est pas l’utilisation, l’amour n’est pas commodité. L’amour est divin, avec tout ce que cela implique.
Le pontificat de saint Jean Paul II a mis l’accent sur l’enseignement de l’Eglise à propos de l’amour et de ses aspects incarnés. De 1981 à 1984, il a consacré toute une série d’audiences à ce sujet, qu’il a surnommées « La théologie du corps ». Ces causeries ont ensuite été rassemblées en un livre, et sont devenues la base de sérieuses réflexions théologiques.

Bien que la continence en vue du Royaume ait été un aspect important de cet enseignement, la théologie sur le mariage semble avoir reçu le plus d’attention quand elle a été répandue et discutée. Pour commencer, le sujet du célibat a été expédié sans ménagement, ce qui est dommage car si on ne comprend ni n’apprécie la continence en vue du Royaume, on ne pourra pas apprécier ni comprendre la nature du sacrement de mariage.

Une clé de l’enseignement de St Jean Paul II sur la question se trouve dans Gaudium et spes.

En effet, le Seigneur Jésus, quand il priait le Père, « pour que tous soient un…..comme nous sommes un » (Jean XVII 21 – 22) il ouvre des perspectives inaccessibles à la raison humaine, et il nous suggère qu’il y a une certaine ressemblance entre l’union des Personnes divines, et celle des fils de Dieu dans la vérité et l’amour. Cette ressemblance montre bien que l’homme, seule créature sur terre que Dieu ait voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par un don désintéressé de lui-même. (24)

Ce passage (dans une note en bas de page) conduit le lecteur à Luc XVII 33 « Quiconque cherche à gagner sa vie la perdra, mais quiconque perd sa vie la sauvera ».

L’essence de l’amour est la volonté de se donner soi-même avec sincérité. Nous n’aimons que quand nous agissons comme Dieu. Dieu le Fils nous a montré ce que cela veut dire en donnant un tel don de Soi qu’Il s’est vidé de Lui-même, comme le dit Saint Paul, en allant jusqu’à la Croix.

Notre vie d’amour est un mouvement continu qui commence ici sur terre et atteint son accomplissement au ciel. La Crucifixion a été complétée par la Résurrection, où l’amour a conquis même la mort. Le célibat pour le Royaume est le symbole eschatologique de l’amour et il a beaucoup à nous apprendre à nous qui sommes mariés.

Lors d’une audience de 1981, réfléchissant sur les paroles du Christ à propos de la résurrection des corps dans Saint Matthieu XXII 30, St Jean Paul II écrit :
Le don réciproque de soi à Dieu –« don par lequel un homme concentrera et exprimera toutes les énergies de sa subjectivité personnelle et psychosomatique – sera la réponse de l’homme au don que Dieu fait de Lui-même. Ce  don deviendra complètement et définitivement sanctifiant comme une réponse digne de la personne au don que Dieu fait de Lui-même. «La virginité », ou plutôt l’état virginal du corps, se manifestera totalement comme l’accomplissement eschatologique du sens « nuptial » du corps, comme le signe spécifique et l’expression authentique de toute subjectivité personnelle. C’est pourquoi, de cette manière, cette situation eschatologique dans laquelle « ils ne se marient pas et ne sont pas donnés en mariage », a ses solides fondements dans le futur état de la personne, quand, du fait de la vision de Dieu « face à face », naîtra en elle un amour d’une telle profondeur et d’une telle puissance de concentration sur Dieu Lui-même, qu’il absorbera toute sa subjectivité psychosomatique.

C’est le don mutuel de soi que reflète l’amour conjugal. Loin de vouloir dénigrer la noble vocation du mariage, on peut dire avec raison que le couple qui s’engage dans le mariage ne peut pas trouver de meilleur guide pour l’aider à comprendre la nature essentielle du don de soi, que le prêtre célibataire qui s’est donné entièrement en imitation du Christ.

Remercions nos prêtres qui nous montrent un exemple de don de soi aussi radical.

Traduction de « Celibacy »

Photo : Le Pape Paul VI et le cardinal Wojtyla, c.1967